Depuis la campagne menée par Arnaud Montebourg durant les primaires socialistes, le protectionnisme s’est installé dans la campagne présidentielle.
Par Alain Madelin
En deux mots, pour Henri Guaino, Montebourg fait une analyse lucide de la mondialisation et pose les bonnes questions sur la démondialisation (« il pose les problèmes que tout le monde se pose ») ; Nicolas Sarkozy apporte les bonnes réponses. Plus encore, comme le note le Figaro du 17 octobre, « Plus généralement, le conseiller estime que les solutions proposées par les candidats à la primaire sont « soit déjà celles que la France défend, que les gaullistes Philippe Séguin, ont toujours défendues », soit masquent « une absence totale de solutions ».
Les dirigeants européens sont-ils hostiles au protectionnisme, qu’importe. Pour Henri Guaino, ce qui compte, c’est être au côté du sentiment populaire.
J’ai déjà souligné (voir La mondialisation, vous dis-je !) que le refus de la mondialisation libérale et la condamnation des excès de la finance internationale sont des discours convenus, à gauche comme à droite. J’ai montré comment la quasi-totalité de votre classe politique s’inscrivait à contre-courant du mouvement profond et fécond : l’échange d’informations, de techniques, de capitaux, de compétences à l’échelle de la planète. Dans sa lettre à Martine Aubry et à François Hollande, Arnaud Montebourg n’hésitait pas à fanfaronner : « sans mon programme, j’en suis convaincu, aucune victoire de la gauche face à Nicolas Sarkozy, au printemps prochain n’est envisageable ». Et à prédire que « Pire, c’est Nicolas Sarkozy, lui-même qui, si nous n’avons pas le courage de l’assumer, le proposerait alors aux français, dans une ultime contorsion politique ».
Le dernier éditorial du Figaro Magazine ne dit-il pas :
Protectionnisme européen, le grand mot est lâché ! Hérésie économique ? Populisme crasse ? Qui a dit : « L’Europe ne doit pas être le cheval de Troie d’une mondialisation réduite à la circulation des capitaux et des marchandises, mais doit au contraire protéger ses peuples dans la mondialisation? » Qui a dit : « Je réhabiliterai la préférence communautaire, c’est-à-dire le droit pour l’Europe, lorsque c’est son intérêt, notamment à l’OMC, de préférer et donc de protéger ses produits et ses marchés ? » Ce n’est pas Arnaud Montebourg. Ni Marine Le Pen. Ni François Bayrou. N’en déplaise aux apôtres intéressés du libre-échangisme pur et parfait, c’est Nicolas Sarkozy. C’était dans le projet présidentiel qui l’a mené à la victoire en 2007. Sur ce point là, il n’a rien perdu – bien au contraire – de son urgente nécessité.
Au-delà des 3M de l’ultra protectionnisme (Mélenchon – Montebourg et Marine Le Pen), le protectionnisme s’installe dans la campagne présidentielle.
En fait, droite et gauche sont piégées. Négliger les peurs qu’exploitent les 3M, c’est leur laisser le terrain libre. Y répondre par des politiques dirigistes, c’est prendre le risque de l’impuissance publique et frayer le chemin de la surenchère.
Puissent les grands candidats à la Présidentielle – Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou – ne pas céder aux sirènes protectionnistes.
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