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Grande Mosquée d'Alger Cinq ans de polémiques

Publié le 20 octobre 2011 par Amroune Layachi

Grande Mosquée d'Alger Cinq ans de polémiques

C’est donc le groupe public chinois CSCEC qui vient d’être désigné pour réaliser la future Grande Mosquée d’Alger. Une décision qui s’explique notamment par l’offre financière moins disante du chinois par rapport à ses concurrents dont un groupement dans lequel se trouvent deux groupes algériens, Cosider et ETRHB. Ce choix confirme en tout cas que la Grande Mosquée ne sera en rien un projet algérien. Tous les intervenants sélectionnés depuis le début de la procédure sont étrangers, excepté bien sûr le maître d’ouvrage, l'Agence nationale de réalisation et de gestion de Djamaâ El Djazair (Anargema). Que ce soit l’assistant du maître d’ouvrage, le cabinet canadien Dessau Soprin, ou le bureau d’étude Krebs und Kiefer, en passant donc par CSCEC chargé de la construction, aucun n’est associé à un partenaire algérien. Ce parti pris – l’exigence de capacité financière de 80 millions de dollars pour les architectes excluaient d’office tous les candidats potentiels algériens, même regroupés – est depuis le début largement critiqué, notamment pour un projet à la portée aussi symbolique, des spécialistes estimant qu’il aurait fallu favoriser des groupements incluant des sociétés algériennes. Mais ce n’est pas la première polémique qui est apparue depuis le début du projet en 2007. Dès le départ, les observateurs ont été étonnés de la manière dont il a été lancé. Ainsi, le cahier des charges initial préparé pour les architectes candidats tenait sur trois pages seulement. Trois pages qui laissaient beaucoup de zones d’ombre sur les intentions algériennes concernant la future identité de la Grande Mosquée. Un élément qui fait dire au site internet spécialisé archi-mag.com qui suit le projet depuis le départ qu’il apparaît « comme un modeste ouvrage dans lequel l’amateurisme et l’approximation font loi ». D’ailleurs, seulement dix?sept offres sont venues des cabinets d’architectes du monde entier. Une misère comparée à ce qui se passe habituellement pour ce type de projet, où les candidats se comptent par centaines. Pour les deux architectes de renom Larbi Merhoum et Mohamed Abdelhalim, très critiques à l’égard du projet, « la consultation n’est ni un concours d’idées ni une consultation restreinte. Elle ne correspond à aucun texte de loi et le cahier des charges tient en quelques pages hors formulaires et contrats?types ». Selon eux par exemple, le jury de 45 personnalités qui a été désigné pour évaluer les candidatures a laissé une place minime aux professionnels techniques. Les maîtres d’œuvre sont très peu nombreux et même le cabinet Dessau Soprin, pourtant assistant à la maîtrise d’ouvrage, ne figure pas dans ce jury, malgré ses compétences techniques, affirment ces architectes. Ensuite il y a la polémique sur le coût du projet. Un milliard de dollars, affirmait fin 2010 le ministre des Affaires religieuses et des wakfs, « à 15 % près ». Les experts tablent plutôt sur 3 milliards de dollars,un montant colossal même en considérant l’ampleur du chantier. Finalement, ce sera 1 milliard d’euros, soit près de 1,4 milliard de dollars,sans les surcoûts probables. Tous les grands projets lancés en Algérie ces dernières années ont en effet connu d’importants surcoûts, particulièrement ceux confiés au Chinois. L’autoroute Est?Ouest en est une édifiante illustration. Enfin, il y a la question de l’insertion de la future Grande Mosquée dans son environnement immédiat. Construite à Mohammadia, dans la banlieue d’Alger, elle va cohabiter avec une zone densément peuplée mais surtout qui se situe sur un des principaux axes routiers vers la capitale. Alors que les automobilistes et les riverains subissent déjà aujourd’hui des problèmes de circulation pour rejoindre ou quitter Alger, la situation risque d’être encore plus pénible une fois la mosquée construite. L’édifice, qui se veut le troisième plus imposant du monde, est en effet susceptible d’accueillir 120 000 personnes, venues parfois d’autres wilayas du pays. Jusqu’à présent, on ne sait rien des plans possibles de circulation et sécurisation prévus par l’Anargema pour faire face à l’engorgement inévitable.


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