- Bon sang, j'ai une telle charge de travail, tant de sollicitations, de projets en retard, que je cours au four et au moulin, je gère l'urgence, au lieu de :
a) concevoir de nouveaux projets
b) réfléchir à mon avenir
c) acquérir de nouvelles compétences
d) prendre temps de manager les membres de mon équipe
e) lire, écrire, etc.
(Cochez la case correspondant à votre cas, ou terminez la phrase avec ce qui vous passe par la tête.)
Comment faire si l'on est confronté au sentiment que l'on manque de temps ?
- D'abord, vérifier que l'on ne tire pas, au fond, des bénéfices secondaires de cette situation. Ces bénéfices-là peuvent être très indirects. Par exemple : pouvoir se plaindre du stress auprès de quelqu'un qui aime bien vous entendre sur ce registre, paraître important aux yeux des autres, s'étourdir de travail pour ne pas regarder une certaine situation en face, en faire porter la responsabilité à son chef ou à l'entreprise, éviter d'être sollicité pour d'autres projets, etc.
Le train du "problème de gestion du temps" en cache souvent un autre…
- Les gens qui disent manquer de temps sont parfois des personnes qui ne savent pas "ne rien faire". Or il s'agit d'une faculté indispensable. Savoir ne rien faire est au travail ce que l'oubli est à la mémoire : un mécanisme de survie et d'entretien naturel.
Ne rien faire n'est qu'une façon de parler. Quand, dans l'incapacité de prendre une décision difficile, vous décidez de "passer la nuit dessus", c'est une façon de ne rien faire. En réalité, vous passez le relais à votre inconscient pour qu'il vous apporte la solution le lendemain matin, avec les idées claires.
- Si le problème relève véritablement d'une question d'organisation, on peut sans doute se tourner vers des conseils d'expert. De nombreux manuels d'organisation personnelle pourront alors vous ouvrir des pistes. Ces livres (comme les formations ad hoc) valent pour ce qu'ils sont : des outils. Ils invitent toujours à structurer votre journée en portions de temps dédiés à une seule activité, plutôt que de se laisser distraire et de se disperser. La difficulté est de parvenir à installer ces bonnes pratiques. Il faut une discipline personnelle pour ritualiser ces comportements et les inscrire dans le quotidien.
Si vous êtes mûr(e) pour changer vos façons de faire, une méthode pourra se révéler d'une grande utilité. Faute de quoi, ce sera un emplâtre sur une jambe de bois.
- Autre origine fréquente du prétendu manque de temps : une insuffisance d'affirmation de soi et de ses besoins. Par goût d'obtenir l'approbation, on se charge d'une multitude de tâches. Par crainte du conflit, on n'ose pas refuser, admettre son incompétence ou le besoin d'obtenir une aide.
- Lorsqu'il s'agit de trouver un meilleur équilibre dans le travail, je propose toujours de revenir aux "fondamentaux". Quel sens donnez-vous à votre travail, au-delà de sa fonction de gagne-pain ? Quels plaisirs en tirez-vous ? Que faites-vous aisément ? Qu'est-ce qui vous coûte ? Quel est votre projet personnel, et comment vos valeurs trouvent-elles à s'inscrire dans le contexte de votre travail et de ses objectifs ? Ce qui compte le plus pour vous, est-ce transmettre, inventer, diriger, chercher, animer, contrôler ? Etc.
- C'est ainsi que l'on dessine, peu à peu, des priorités, et une utilisation plus satisfaisante du temps passé au travail. Que l'on reconnaît, aussi, les différents aspects de notre activité. Le temps incompressible de l'exécution, temps rassurant, sans enjeu particulier. Le temps de l''imagination, pour inventer des façons de faire inédites, des solutions nouvelles. Ce sont les faces d'une même médaille. Le temps de conception est excitant, mais aussi angoissant, puisqu'il confronte à l'inconnu. La répétition de certaines taches, d'une manière quasi automatique, permet à l'esprit de s'évader, de décanter, d'assimiler des informations glanées auparavant. Avez-vous remarqué comment les idées importantes surgissent parfois quand on est plongé dans de telles occupations répétitives ?
L'essentiel, au fond, est de remettre du sens et du plaisir dans le temps consacré au travail. Pour redevenir acteur de votre agenda, maître de vos choix, commencez par sanctuariser des rendez-vous avec vous-même, rendez-vous ouverts, sans agenda ni ordre du jour, pour avancer sur le fond, avec un interlocuteur bienveillant et stimulant. Déblayer l'ordinaire des journées de travail et s'autoriser à penser au large.