Nicolas Cauwe est un archéologue belge (conservateur de la section Océanie des Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles). Il a dirigé des campagnes de fouilles pendant plus de dix années sur l’île de Pâques. Les résultats des recherches entreprises permettent d’avoir un éclairage nouveau tant sur les fameuses statues qui fleurissent sur l’île que sur l’histoire de ceux qui les ont planté.
Jusqu’à présent plusieurs hypothèses tentaient d’expliquer la disparition de cette curieuse civilisation. On a par exemple souvent évoqué une catastrophe écologique d’origine humaine ou naturelle (El Nino) qui auraient fait disparaître la sylve de l’île et auraient été à l’origine de guerres intestines, elles même cause de la destruction des statues. Il apparaît en fait que l’histoire qui semblerait se dessiner soit tout autre, à la fois beaucoup plus pacifique mais plus complexe. Des évolutions politiques et religieuses auraient transformé la société en quelques générations, mettant ainsi les jeunes en opposition avec leurs ainés. Cette évolution montre comment chaque société se sert de son héritage culturel pour construire son avenir sur de nouvelles bases. Son déclin comme dans bien d’autres endroits serait plus à mettre au crédit du contact avec les civilisations occidentales combiné avec ces évolutions internes qui ont pu fragiliser l’équilibre ancestral qu’à des causes exclusivement belliqueuses.
Les recherches archéologiques nous apprennent comment les statues, toutes issues de la même carrière étaient transportées dans toute l’île. Des hypothèses sont émises quant aux raisons qui ont amené la fermeture de ces carrières et le « démontage » des statues de leurs socles. Ces découverts nous permettent de mieux cerner la vie quotidienne des habitants de Rapa Nui (autre nom de l’île de Pâques). Dans le même temps ces précisions nous renseignent aussi sur leur organisation sociale et leurs croyances.
Nicolas Cauwe nous explique tout cela dans un récit en forme d’enquête scientifique, avec un vocabulaire tout à fait accessible et dans un ouvrage parsemé de photos et croquis utiles et agréables. Des notes, un lexique, un index, une bibliographie et une description précise des principaux sites archéologiques complètent cet ouvrage scientifique tout public. Quelques encadrés jalonnent l’ouvrage et s’attardent sue quelques aspects importants : mythes, géographie, origines, repères chronologiques, évolutions des paysages, cartes…)
Nicolas Cauwe est conscient que son travail de recherche remet en cause certaines conceptions historiques de l’île et des Pascuans. Ces nouvelles hypothèses contredisent parfois la vision que les Pascuans se sont donnés et ont construites à la fin du XIX° siècle lorsqu’ils ont été sollicités pour raconter le passé de leur île.
Pour qui veut se faire une idée exempte de toute forme de mystification de l’Histoire de l’île de Pâques et des Pascuans, cet ouvrage sera parfait.