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Les mots frappent à la porte des rêves
Ils entrent parfois sans frapper
Poussent la porte en vociférant leurs appels
Te laissent chagrin sur le palier du matin
Mots à lire dans leurs lentes circonvolutions livresques
Mots à dire pour ne rien garder de l’âpre expérience du jour
Mots lancés comme bouteilles dans l’océan des pensées
*
Mon arbre souffre de calvitie précoce
Lance au ciel tendre ses branches presque nues
Dans un grand élan de désir d’automne
Ses bogues vertes ponctuent le roux de sa toison parcimonieuse
Le vent fripon s’est chargé de son effeuillage
Dans un grand frisson de jours hésitants
Entre les portes ouvertes des saisons
*
Plus rien ne me parvient des mauvaises nouvelles du monde
Solitaires et narquois mes yeux parcourent les colonnes
Cherchent à décrypter le non dit de journaux désormais muets
Rien ne filtre de ce qui se trame plus haut
On ferme les écoutilles pour ne rien livrer aux pensées vagabondes
La petite musique du conformisme joue sa partition de silence
J’en connais qui en sont marris
Tant pour eux ne rien voir ou entendre est devenu sport national
.
Mais demain ils auront bulletins à déposer
En l’obscurité des urnes
Seuls dans des isoloirs
Ils voteront selon leurs absences d’idées
Et la liberté devra voler plus haut en se bouchant le nez
*
Rien ne change aux discours
Il suffit d’entendre et renverser les accords susurrés
Changer les dièses officiels
En officieux mais bien réels bémols
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Manosque, 8 septembre 2011
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