Je n’y pouvais rien

Septembre 2004

Je l’aime. Vraiment, j’en suis sur. Je l’attends depuis ce matin sur MSN. Qu’est-ce qu’elle peut bien attendre pour se connecter. A-t-elle vraiment quelque chose de mieux à faire que de me parler? Travailler? Ouin peut-être.

Hier soir, au bar – je dis « au bar » car ce n’est pas comme s’il y en avait 25 dans mon coin – on s’est embrassé. Sur une toune de je-ne-sais-plus-qui. Je n’écoutais pas en fait. Ça aurait pu être du Korn et je ne m’en serais jamais aperçu. Ça fait environ trois ou quatre semaines que je n’attends que ça. L’entrainer sur la piste de danse pour un slow. Elle commence à me couter cher en shooters! Et puis là, cette semaine, elle veut. Elle a ses mains autour de mon cou. Toute le kit. C’est sur qu’elle ne se force pas, ça ne ment pas.

Hier soir, j’ai dansé avec elle en me demandant à quel couplet j’allais l’embrasser. C’était peut-être mieux le refrain. T’sais, LE refrain. Le dernier où le chanteur chante a cappella. Mon ami lui, danse avec son amie à elle. Beaucoup plus avenant, il la frenche déjà. Mais moi, je l’aime. Vraiment. Je l’ai dis au premier paragraphe. Suivez! Bref, je ne veux pas rater mon moment.

Et puis, vient l’instant où on cesse de regarder par dessus l’épaule de l’autre. Que nos joues se rapprochent naturellement sachant que la chanson s’achève et que si on veut s’embrasser, c’est là ou la semaine suivante. L’instant juste avant que l’on allume les lumières et que le doorman nous invite impoliment à sortir. On approche donc nos lèvres à grand coups de millimètres et ses paupières commencent à se fermer. C’est le moment de fermer les miennes aussi.

Ce jour-là, elle ne s’est jamais connectée sur MSN. On s’est tout de même embrassé quelques fois par la suite. Toujours sur la même piste de danse. Jamais ailleurs malgré mes tentatives de faire développer la « relation ». Comme si le petit carré délimité en bois franc devant la console du DJ permettait plus de folies. Ce petit jeu a duré quelques mois. Ses présences se sont espacées avec le temps pour ne plus jamais la revoir.

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Avril 2011

- Ah ouin, tu viens de d’là?, me demande la serveuse avec qui l’ont vient tout juste de se faire amis.
- Ben oui, pourquoi tu connais du monde de là?
- Tu dois connaître Marie-Pier Chose (nom fictif)
- Ben mets-en, c’était mon kick il y a une coupe d’années! Le monde est petit.
- En effet! Je lui ai volé son ex, Sophie (nom tout aussi fictif). Elle ne m’aime pas vraiment.
- Attends, elle est lesbienne, comme toi?
- Ben oui, depuis un bout!
- Ben non! Elle m’avait embrassé avec tant de passion dans le temps!

Déception. Tant de gaspillage. Et en même temps, soulagement. Je n’y pouvais rien.

D.