A priori, je ne suis pas anti. Je préfère mettre mon énergie au service des belles choses plutôt que de l'épuiser à lutter contre ce que je n'aime pas.
Pour le nucléaire, c'était un peu pareil. Je préferais mettre mon énergie pour les énergies renouvelables. Et puis je ne me sentais pas vraiment qualifié pour me permettre d'être contre le nucléaire. Je crois d'ailleurs que je réagissais parfaitement à la stratégie des pro nucléaires : Me faire croire que je ne suis pas assez intelligent pour me permettre d'être contre le nucléaire.
Et puis il y a eu Fukushima. Ou plutôt l'après Fukushima....
Bien sûr le désastre est désolant, la terre japonaise ne s'en remettra pas de si tôt et ses habitants encore moins. Mais, finalement, j'arrivais presque à l'admettre comme une fatalité. Un peu comme après le passage d'un Tsunami, d'une tornade ou je ne sais quoi. Puis il y a eu la réaction des politiques français, avec notamment deux thèmes phares
- Cela n'arrivera pas en France, nous ne sommes pas exposés au risque sismique
- Cela n'arrivera pas en France, nos centrales sont bien mieux que celles des japonais.
C'est à ce moment là que j'ai compris que le nucléaire français était en roue libre. Sans aucune forme de controle ou de vision humanitaire de la question. Je passe sur l'argument qui prétend que nos centrales sont mieux conçues que celles des japonais, hallucinant et donc inutile de le commenter. Celle de l'exposition au risque est fantastique.... Comme c'est un séisme + un tsunami qui a provoqué cela, et qu'il faut l'avouer, à ce jour, on n'en n'a pas vu beaucoup par ici, alors on se dit qu'on est tranquille. Avoir cette réaction occulte totalement la possibilité qu'autre chose d'imprévu mais plus probable ne se réalise. Par exemple le débordement de la gironde, une sécheresse pendant 1 an etc… ça me rappelle d'ailleurs Xynthia: quelques semaines après on nous disait déjà "mais c'est un phénomène unique, cela ne se reproduira plus". Avoir cette réaction occulte totalement la notion même du risque. Si je ne m'abuse, pour couvrir un risque les assureurs calcul le cout d'un désastre et le multiplie par la probabilité qu'il arrive. Comme le cout d'un désastre nucléaire n'est pas mesurable, alors on se rassure en réduisant la probabilité que celui-ci n'arrive. SAUF !
Sauf que personnellement, je ne suis pas prêt à prendre le moindre risque qu'un désastre nucléaire n'arrive.
Pourquoi je prendrais ce risque ?
Quel est le seul argument qui me convaincrait que prendre ce risque est nécessaire ?
On n'a pas le choix ? La compétitivité économique justifie ce risque ? La fausse indépendance énergétique justifie ce risque ? La laideur des éoliennes justifie ce risque ?
Lorsque je laisserai mon enfant de 8 ans aller seul à vélo à l'école, je prendrais le risque qu'il se fasse renverser, je prendrais même le risque qu'il se fasse enlever. Mais ce risque je le prendrai car si je ne le prend pas, mon enfant ne grandira pas. Si je veux que mon fils soit heureux, qu'il se construise, je dois lui donner confiance en lui, lui donner sa propre liberté. Si je ne prend pas le risque infime qu'il lui arrive quelque chose de grave, alors il ne pourra pas vivre. Lui laisser cette liberté est une étape indispensable à sa construction.
Avec le nucléaire, je n'ai toujours pas trouvé cette nécessité ultime. Après la réaction des politiques, il y a eu la prise de poste d'Henri Proglio chez Areva. Et là, j'ai compris que l'objectif d'Areva était d'être le leader mondial du nucléaire. Je le savais me direz vous, mais à ce moment précis, j'ai vraiment vu le danger. L'objectif d'Areva, n'est pas de produire de l'énergie pas cher pour les français. ` L'objectif d'Areva n'est pas d'assurer la sécurité énergétique de la France. Non, l'objectif d'Areva est d'être leader mondial du nucléaire… L'objectif de cette entreprise d'état, est d'être un leader économique mondial. Prenez des politiques qui sont contents que quelqu'un d'autres s'occupe du sujet épineux de l'énergie pour eux, tant que c'est "pas cher" pour leurs électeurs. Prenez un business man, et confiez lui ce sujet épineux… Voilà ou nous en sommes. Je pourrais vous parlez des déchets, du faux bas cout de l'énergie nucléaire, des exactions au niger, du réchauffement climatique et compagnie… Mais ce serait se voiler la face et ne pas admettre que nous sommes tous des mini Areva. Car finalement, même dans ma toute petite entreprise de 7 personnes, avec tous les rêves sociaux et écologiques que je porte, je suis loin de mon idéal au quotidien. Cela se voit moins, alors j'ai pas ma trombine dans Le Monde tous les quatre matins. Mais si il existait un quotidien ultra local qui couvrait l'actu du salon à la chambre à coucher en passant par mon bureau, nul doute que la une pourrait chaque jour être consacrée à mes actes d'incivisme de la veille.
Ce qui m'a convaincu, d'être anti nucléaire, c'est de constater à quel point, le nucléaire est en roue libre. Ce qui m'a convaincu d'être anti nucléaire, c'est de constater que tout ce qu'il y a de mauvais dans cette énergie, n'avait aucune raison de s'améliorer à court, comme à long terme. Comment agir contre le nucléaire ?
Soutenir les associations Le seul contre pouvoir sur le nucléaire en france, ce sont les associations. Sans elles, nous n'aurions jamais entendu parler des incident de Tricastin et compagnie. Il est donc indispensable de les soutenir, y compris si leur vision vous parait un peu trop radicale. Si nous ne les soutenons pas, nous n'avons aucune chance d'obtenir un jour une quelconque transparence du secteur. Voici celles que j'ai choisi :
- Greenpeace
- Sortir du nucléaire
- La Criirad
C'est dur, vraiment, car cela touche à notre confort de vie. Mais il faut qu'on arrête de nous dire que le nucléaire est indispensable au vue de nos dépenses énergétiques.