Arrivés tôt dans la place, Mme Nickx et moi nous retrouvons absolument seuls dans un Poste à Galène solennel, qui se remplira progressivement pour finir bondé. Dans une ambiance bon enfant, ponctuée d'un soundcheck bizarre (Mashed Potatoes, tubes disco et doo-wop revisités), le groupe arrive sur une scène déjà jonchée d'instruments, et clin d'oeil amusant, recouverte de tapis en forme de ballon de rugby et de fanions dédiés aux All Black !
L'on s'aperçoit assez vite que le show tourne autour de Connan Hosford alias Mockasin, de sa blondeur qui le fait ressembler à un Kevin Ayers contemporain (mais à la voix haut perchée) ; d'ailleurs, avant dernier à rentrer sur scène, le percussionniste, flanqué d'une guitare est aussi grimé d'une perruque blonde, qui l'espace d'un instant le fait passer pour son leader.
Du reste, tout le monde porte des perruques de fille dans la bande, et il me faudra tout le concert pour déterminer que le batteur aux faux airs de Dave Grohl, n'est pas victime de sudation naturelle, mais que celle-ci provient bien de la prothèse dégueulasse qu'il porte.
Foin de considérations capillaires, le show démarre sur de bons auspices en épousant le track-listing de l'album : c'est d'abord "Megumi the milky way above", bien envoyé par un groupe soudé et composé outre du percu discret susmentionné, d'un second guitariste également clavier en robe de chambre rose à fleur - on n'est pas au showcase de la Fnac de Lille, mais l'esprit geisha est là! Il y a aussi une très efficace section rythmique.
Connan, qui porte effectivement des mocassins rapiécés est très en verve, souhaitant un bon anniversaire à ses proches (son bassiste, l'une des tourneuses), ce qui donne un un avant goût réjouissant des festivités de la soirée. Suit l'incontournable "It's choade my dear", baignée de chorus comme du reste tous les morceaux du répertoire, qui de temps à autre sont aussi filtrés à des pédales d'effets plus tourbillonnants. Connan demande à la régie de monter le son sur sa voix, effectivement en retrait, et qui refuse les aigus sur certaines phrases de "It's choade...". Sans en faire des tonnes, l'on s'aperçoit que Connan est un guitariste inspiré dont le toucher (essentiellement balayage du pouce et picking) n'est pas sans rappeler un illustre devancier, John Mc Geosh, feu bretteur de Magazine et des meilleures oeuvres de Siouxsie and The Banshees : mêmes accords diminués, et puis ce son new-wave propre au chorus, toujours...
Alors que l'on croit Connan et ses gobelets de Coca sobre - il finit quand même par réclamer une bière - notre homme laisse lourdement tomber sa Fender au corps de Vox sur ladite bouteille. Par la suite, "Unicorn in uniform" déçoit un peu, car exempte de ce son de synthé onirique qui lui est propre, mais "Faking jazz together" envoie la sauce !
Arrivé au mitan du concert, et avant une longue jam de rigueur sur "Forever dolphin love", bien plus digeste que sur disque, Connan, pas barbare, nous prévient que pour fêter la dernière date de sa tournée française en compagnie de son formidable groupe, il y a une after prévue après le set, qu'on est bienvenus si on souhaite jerker avec la bande de kiwis....
Après le rappel, ambiance totalement débridée : pour fêter l'ambiance "lézard" décrétée par Connan, place à un sauter dans la fosse, quoi dans le public, montage à califourchon sur le dos d'un grand gaillard, grand délire de traversage du public du peignoir rose, pour le morceau du même nom "Lizard", nouveau titre dansant et très emballant, appelé à figurer dans le prochain disque. Tout comme ce "I wanna roll with you" sur lequel notre blondinet invite le public à répéter ad libitum deux phrases, le titre puis "You're such an easy thing", et pour lequel votre serviteur sera convoqué pour vocaliser au micro.
Finale avec un "Please turn me into the snat" de haute volée, avant que de guincher en compagnie d'une poignée de survivants désireux eux aussi d'en découdre sur des vieux hits de Blondie, pendant que madame Nickx se fait prendre en photo aux côtés de Connan buvant une coupe de champagne. Excellente soirée, et nous continuerons bien sûr à suivre le périple discographique de ces oiseaux avec grand intérêt.
"Egon Hosford"