C’est un fait : personne ne pouvait égaler le The Thing de Carpenter, référence absolue en matière de film d’horreur, beau mix de compréhension du genre, et d’imagerie dérangeante. C’est donc sur ce terrain là que débarque l’hollandais Matthijs van Heijningen Jr., inconnu au bataillon, avec ce The Thing version 2011, à classer davantage du remake non assumé que de celui du prequel annoncé. Mais, passons. Abordé hors contexte, le long-métrage du cinéaste est redoutablement efficace. Voilà bien l’essentiel. Reprenant l’intrigue (un groupe de scientifiques se retrouve traqué par un monstre extraterrestre dégueu en plein Antarctique) et le schéma narratif du film de 1982, Matthijs van Heijningen Jr. ne verse pas dans l’originalité mais s’en sort néanmoins plutôt pas mal côté effets visuels. La bébête est scandaleusement horrible, et, entre jump scare bien sentis et séquences d’anthologies revisitées à la lumière des nouvelles technologies, son film a de l’allure.
Mieux : il regorge de clins d’oeils au genre horrifico-SF. Du vaisseau spatial d’Alien à la scène culte de la cuisine de Jurassic Park, il régurgite de multiples références, animé par une passion évidente pour l’horreur. Jusqu’à ses héros eighties (cette Kate Lloyd qui rappelle la Ripley de Cameron), il revendique un cinéma à l’ancienne (dans le fond), qui aurait digéré 30 ans de ciné horrifique (dans la forme). Au final, c’est une redite oui, mais une bonne redite. Exit l’histoire d’amour à deux balles (le final, même si prévisible, est dans cette optique réjouissant), l’humour au ras des pâquerettes et le sexisme latent que peut bien souvent connaître le genre. Le héros est une femme, et elle en a. D’ailleurs, Mary Elizabeth Winstead, l’actrice principale, nous vient tout droit du Boulevard de la Mort de Tarantino, et du sympathique Scott Pilgrim d’Edgar Wright, deux œuvres, chacune à leur façon, féministes. Point de hasard.