Comme dans toute la Corne de l’Afrique, l’année a été particulièrement difficile en Ethiopie du fait de la sécheresse qui a fait sentir ses effets depuis le début de l’année. Selon le gouvernement éthiopien, on noterait une hausse de 40% de l’insécurité alimentaire et une augmentation de 50% de la fréquentation des centres nutritionnels par rapport à ce qui était prévu.
Déjà présentes dans les régions sud et est du pays (SNNPR, Oromiya, et Région Somali), ACF a augmenté ses activités notamment en termes nutritionnels et d’accès à l’eau en partenariat avec le Ministère de la Santé éthiopien. Par ailleurs, face à l’afflux de réfugiés somaliens à la frontière éthiopienne dans les 4 camps de Dollo Ado, ACF a également ouvert en urgence des programmes nutritionnels afin de tenter de contenir et de réduire la malnutrition dans les camps.
Dollo Ado : des taux de malnutrition encore largement supérieurs aux seuils d’urgence
Arrivées en juillet à Dollo Ado, à 3km de la frontière somalienne, les équipes d’urgence d’ACF se sont concentrées sur la prise en charge de la malnutrition en accord avec l’Administration éthiopienne chargée des Réfugiés et des Retournés (ARRA). Avec près de 130 000 réfugiés regroupés dans 4 camps, dont près de 90 000 sont arrivés cette année, la situation nutritionnelle dans ces camps est extrêmement grave. Un dépistage de la malnutrition menée par ACF dans le camp d’Hiloweyn – dernier camp créée en août accueillant aujourd’hui environ 25 000 réfugiés – a montré qu’en août plus de 6 enfants sur 10 étaient malnutris aigue (66%). D’habitude concentrée sur les enfants de moins de 5 ans, la malnutrition aigue touche également largement les mineurs dans leur ensemble avec près d’un sur deux qui souffre de malnutrition (45%) et les femmes enceintes ou allaitantes (38% de malnutrition aigue). Ceci sachant que le seuil d’urgence se situe à 15% de malnutrition aigue. Cette malnutrition « adulte », très rare habituellement, est le signe véritable d’une situation de crise.
Face à cela, 2 centres de traitement de la malnutrition aigue ont été construits par ACF dans le camp d’Hiloweyn et 1 autre dans le camp de transit qui accueille les réfugiés avant qu’ils rejoignent leur destination définitive. Depuis le début du mois d’août, 6 180 personnes ont été admises dans ce programme de traitement de la malnutrition. De plus, afin de prévenir au maximum la malnutrition et tenter de renforcer le métabolisme des réfugiés parfois extrêmement affaiblis par leurs conditions de vie en Somalie et leur périple jusqu’en Ethiopie, des distributions de compléments alimentaires ont lieu chaque semaine pour tous les enfants de moins de 12 ans et les femmes enceintes ou allaitantes en plus des distributions alimentaires menées par ARRA . Ainsi, au mois de septembre, plus de 15 000 réfugiés ont reçu 2kg de compléments alimentaires chaque semaine. Dans le même objectif de prévention de la malnutrition, des tentes mères-enfants ont été mises en place afin de promouvoir l’allaitement maternel et améliorer les pratiques de soins entre les mères et leurs enfants.
Les dépistages de la malnutrition menés en continu auprès des nouveaux arrivants, dans les centres nutritionnels et grâce aux équipes de mobilisateurs communautaires qui circulent de tente en tente dans le camp ont montré que les taux de malnutrition commencent à baisser pour atteindre aujourd’hui les 45%. Mais les efforts de tous les acteurs humanitaires doivent continuer et se renforcer face à ces taux encore très largement supérieurs aux seuils d’urgence (15%).
De plus, le rythme d’arrivée de nouveaux réfugiés, après avoir ralenti en septembre, s’accélère à nouveau en octobre : sur les seules journées du 10 et 11 octobre, près de 1 400 réfugiés sont arrivés. La mise en place d’un cinquième camp est donc de plus en plus étudiée par les autorités éthiopiennes et les acteurs humanitaires.
Régions Sud de l’Ethiopie : hausse des activités en eau, en nutrition et en santé animale
Face à la détérioration de la situation dans les régions sud et est de l’Ethiopie, ACF a également accru ses actions dans ces zones, en menant notamment des activités de distributions d’eau potable en région Somali dans la zone Korahe où ACF est la seule organisation humanitaire présente auprès de plus de 50 000 personnes. Les activités nutritionnelles menées dans les centres de santé en partenariat avec le Ministère de la Santé ont également augmenté. En sécurité alimentaire, l’objectif a principalement été de soutenir les éleveurs en vaccinant leurs animaux afin de réduire les maladies qui les touchent davantage du fait de leur affaiblissement généralisé face au manque d’eau et de pâturage. Ainsi, plus de 230 000 animaux ont été traités contre les maladies courantes dans deux zones du pays. Dans ces régions une approche liée à la réduction et à la prévention des risques de catastrophes est également mise en place.
Au total, depuis le début de l’année, près de 200 000 personnes ont ainsi été soutenues grâce au travail des près de 300 employés d’ACF dans le pays.
Comme en Ethiopie, les équipes d’ACF composées de près de 700 personnes à Djibouti, en Somalie et au Kenya travaillent d’arrache pied pour faire face à cette vaste crise alimentaire. Depuis début 2011, plus de 550 000 personnes ont ainsi reçu le soutien d’ACF à travers la Corne de l’Afrique.