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#2 Quelles perspectives pour l’emploi des jeunes urbanistes dans le privé ?

Publié le 18 octobre 2011 par Heilios

Bureaux d’études, de conseils, cabinets d’archi, entreprises  du CAC 40, aménageurs, constructeurs ou bailleurs,  les structures privées sont nombreuses à faire appel aux services des urbanistes. Selon l’enquête du CNJU réalisée en 2010, la consultance privée, représentait 31% des postes d’emploi occupés par les jeunes urbanistes, loin devant les bailleurs sociaux (publics comme privés) (6%), les entreprises de promotion immobilière (2%) ou certains centres privés  de ressources locaux (2%).  Pour la majorité des urbanistes débutants, « le privé » et le domaine de la consultance sont synonymes de stabilité professionnelle, 68% des premières embauches concernant des CDI. Contrairement aux emplois pourvus dans le public ou le parapublic, les jeunes urbanistes du secteur privé sont en revanche moins souvent portés à des missions ou des statuts professionnels à responsabilités. C’est le cas de 49% d’entre eux en bureau d’étude et de seulement 30% dans les collectivités locales et leurs groupements (et 9% dans le parapublic).

Des premières expériences qui dépendent beaucoup des profils des jeunes urbanistes

Universitaires dans 61% des cas, titulaires d’un BTS ou d’un DUT (8%), architectes, paysagistes (6%) ou issus d’un institut d’études politiques (6%), les profils hétérogènes des jeunes urbanistes demeurent symptomatiques en l’espèce d’un domaine d’exercice professionnel extrêmement large, aux contours jamais clairement définis et aux tentatives  de définitions hasardeuses. Dans le cadre d’un premier emploi au sein d’une structure privée, c’est probablement moins la formation d’urbaniste en elle-même qui pourra peser dans la balance du recruteur que davantage, la préexistence d’un profil particulier, sinon d’une expérience acquise lors d’un stage ou d’un apprentissage. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un coup d’œil aux offres d’emploi publiées par des bureaux d’études, des constructeurs ou des bailleurs privés.

Si la formation de cycle supérieur en urbanisme constitue dans de nombreux cas un invariant, les annonces jouent souvent sur « la double étiquette ». En somme, un urbaniste, trop généraliste, doit parfois pouvoir compter sur l’autre face qui le complète ou le définit en premier lieu. Architecte-urbaniste, ingénieur-urbaniste, géographe, sociologue, économiste, maître d’ouvrage, juriste, démographe-urbaniste,…  La diversité des profils étudiants se retrouve bien souvent en filigrane des offres d’emploi. Un constat qui n’est bien évidemment pas sans brouiller la visibilité  d’une profession sur elle-même.

Stages, apprentissages, années en alternance et premières expériences professionnelles contribuent également et d’une certaine manière à pré-orienter les jeunes urbanistes vers leur futur emploi notamment dans le secteur privé. Rares sont les postes formatés  ou dessinés sur mesure pour les « juniors », qui mobilisent de fait et logiquement les compétences ou les savoirs acquis lors de précédents postes. L’exigence d’une première expérience est souvent mise en avant par les constructeurs, les bailleurs sociaux ou les développeurs fonciers notamment pour ce qui relève du travail spécifique de montage d’opérations et de maîtrise d’ouvrage. Des aspects techniques du métier encore trop souvent éludés ou minorés par les formations d’urbanisme.

Des structures largement tributaires des aléas économiques et des capacités financières de leurs commanditaires.

Sans épiloguer une nouvelle fois sur le contexte économique européen et plus généralement sur l’état des économies occidentales, il ne fait aucun doute que la diminution progressive de la croissance a poussé l’Etat et les collectivités à rationnaliser leurs dépenses et à investir de manière plus méthodique et raisonnée qu’autrefois leur budget consacré au développement. Cette tendance au repli des fonds, dans un cadre professionnel de plus en plus concurrentiel et aux prestations floues a certainement contribué à faire des bureaux d’études et de conseil privés en urbanisme et aménagement, des structures de plus en plus fragiles. Des études urbaines à la complexité croissante, mal rémunérées et qui coutent pour les structures parfois plus qu’elles ne rapportent, des commandes cycliques et incertaines, des prix tirés vers le bas, une mauvaise définition de leur marché et de leurs coûts, etc. Pour les bureaux d’études, petites structures dans la majorité des cas, certains domaines d’intervention apparaissent peu facteurs de développement et d’emplois, comme nous le rappellent les travaux de l’ACAD sur le sujet. Néanmoins, les demandes et la diversification du marché, poussées ces dernières années par la montée en puissance des préoccupations liées à la recherche d’un développement et d’un aménagement durables, devraient mobiliser la création d’un certains nombre d’emplois qu’il reste difficile à quantifier.

Au-delà des structures de conseils et d’études privées, les entreprises, développeurs immobiliers, bailleurs sociaux, constructeurs et grands groupes de distribution qui emploient des urbanistes aux profils spécifiques (ingénieurs, juristes, économistes ou issu d’école de commerce, filières de maîtrise d’ouvrage en urbanisme, etc.), disposent semble-t-il d’assises plus solides dans un avenir pourtant relativement incertain. En effet, si en 2011 le secteur a connu un léger mieux par rapport aux années précédentes avec une croissance de 2,2%, le ralentissement général de l’économie et la constriction des dépenses dans un objectif global de désendettement à la fois de l’Etat et des collectivités devrait restreindre les prévisions de la croissance et de la demande pour les constructions neuves ou certains projets d’aménagement immobilier.

Reste que pour la plupart des jeunes urbanistes embauchés dans ce secteur, les perspectives d’évolution et de rémunération apparaissent bien souvent supérieures aux autres domaines d’exercice de la profession. A titre d’exemple, dans 56% des cas selon l’enquête du CNJU, un premier emploi chez  un bailleur social est rémunéré 1800 euros net au moins, lorsqu’il ne représente pour la même tranche de revenue que 27% des cas en collectivité et 36% dans le domaine de la consultance privée ou les agences de développement et d’urbanisme parapubliques.


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