La pop, en français c’est plus frais.
Comme nos petits camarades français précédemment cités, Patrick Gosselin et Laurence Giroux-Do partagent un goût assumé pour les claviers synthétiques, les basses rondelettes et les chœurs en strates. Frais donc. Moderne, aussi. Osons le dire : contemporain. Sur Une Fille, on sent l’influence des jeunes gens modernes qui arpentaient le pavé parisien sous le soleil noir des eighties. Le plus flagrant dans cette galette ? La musique, spontanée, a su déringardiser une langue de JB Poquelin ô combien malmenée depuis des décennies : Billets Pour Paris chante le groupe à tue-tête comme pour asseoir son audace ! Et planter le décor de ses chansons par la même occasion. Non content d’être bon en langue, Le Couleur embrasse tous les registres, mélancolique sur le superbe Floralies dont les harmonies flirtent avec un esprit très boom adolescente, drolatique sur Télé-jeans/Ciné-Pantalon et leur thématique vestimentaire, dance-floor de fin de soirée sur 2e Avenue, rythmique façon ELO sur le bref Rouge à Lèvres, paradoxalement nerveux sur Tendresse Particulière. Les chansons passées en revue, on se pose un moment, petite mou du menton suivie de quelques plis au front, cette musique pour autant qu’elle séduise par sa tonalité évidente, suscite la plus profonde réflexion. Malgré la parité vocale, la voix blême mais douce de Laurence Giroux-Do fait merveille, nous rappelant à quel point les filles avaient su préempter la pop française des sixties. Avec leur timbre de midinette, les Claudine Longet, François Hardy et autre France Gall s’étaient rapidement imposées dans le paysage musical français. Même fascination pour cette synthpop échappée des 80s dont les meilleurs ambassadeurs furent Depeche Mode, The Cure, Visage et son noir Fade To Grey en Angleterre, Jacno, Taxi Girl en France et dans une moindre mesure Partenaire Particulier (Tiphaine reste le seul hit single à séduire réellement). Pour autant, le groupe évite le piège de la référence appuyée, du revivalisme vampirique et systématique. Il ne regarde pas derrière lui, mais bien devant ; il pense court terme, son horizon c’est l’été tartiné de tubes solaires où les garçons entrent en piste pour plaire aux filles qui dansent. Le Couleur place le Canada sous les sunlights de contrées plus clémentes, planète Miami, étoile Venice Beach. La dolce vita au Canada, quoi. Ici, l’universalisme pop ainsi traité mélange les identités. L’esprit surf souffle sur la Croisette de leur propre imaginaire. Ce côté apatride, loin des grands lacs de leur pays, loin des rock songs en bois et en chemise bucheron, emporte l’adhésion du critique. Mieux encore, à l’écoute d’Origami, on se plie aux injonctions du groupe qui, en matière de pop savante, connaît décidément le couleur.
http://lecouleurmusic.bandcamp.com/album/origami
17-10-2011 | Envoyer | Déposer un commentaire | Lu 1020 fois | Public