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L’Irlande sort de la crise

Publié le 18 octobre 2011 par Copeau @Contrepoints

L’Irlande sort de la criseL’économie irlandaise a traversé une crise grave en 2008, après une décennie de forte croissance qui a permis au pays de se hisser au quatrième rang des pays de l’OCDE pour ce qui est du niveau du PIB par habitant. Initialement, l’expansion était solidement assise sur des gains réels de productivité. Mais, au cours d’une période marquée par des coûts de financement peu élevés sur les marchés internationaux et une faible aversion au risque au niveau mondial, elle est devenue de plus en plus tributaire de la bulle immobilière spéculative – favorisée par les critères de prêt laxistes appliqués par les banques et une progression excessive du crédit – qui a éclaté au milieu de la crise économique et financière mondiale. Durant la dernière partie de la période de forte croissance, l’accélération des salaires a nui à la compétitivité internationale des coûts et le système bancaire a pris trop de risques. Les injections de capitaux réalisées pour contribuer à résoudre la crise ont entraîné une forte augmentation de la dette publique. Dans la foulée, les ménages ont été confrontés à des réductions de salaires, à des pertes d’emploi, à des hausses d’impôt et à la diminution des prix de l’immobilier, même si les niveaux de vie et le sentiment de bien-être restent élevés par rapport aux autres pays.

Depuis 2008, les autorités mènent un effort considérable d’assainissement budgétaire. Cet effort se poursuit. Le programme d’ajustement triennal, bénéficiant du soutien financier du FMI et de l’Union Européenne, est en bonne voie et a commencé de remédier aux causes fondamentales des déséquilibres. Suite à des tests de résistance complets, le système bancaire a été recapitalisé, mais les banques irlandaises doivent encore faire appel à des liquidités de l’eurosystème. Des progrès satisfaisants sont réalisés dans la réduction du déficit public, mais il faut faire beaucoup plus. Dans un environnement international difficile, caractérisé par un risque de contagion et l’incertitude entourant la politique des gouvernements des pays de la zone euro en matière de dette souveraine, l’appréciation par les marchés des capitaux de la situation de l’Irlande s’est considérablement dégradée avant de s’améliorer légèrement durant l’été. La crise a entraîné une forte hausse du nombre de sans-emploi et beaucoup d’hommes jeunes moins qualifiés sont toujours au chômage. Le risque est que le chômage devienne persistant, ce qui pourrait nuire au consensus social sur lequel est fondé l’ajustement économique et budgétaire. Une légère reprise se dessine, grâce à des gains de compétitivité et à une augmentation des exportations, mais elle s’accompagne de risques importants à la baisse associés aux craintes des marchés concernant la stabilité financière dans la zone euro.

L’Irlande sort de la crise

Si l’endettement public brut en pourcentage du PIB a atteint l’un des niveaux les plus élevés de la zone de l’OCDE, un retour ordonné vers une position financière plus équilibrée est possible, à condition que les politiques budgétaires restrictives et l’encadrement des salaires restent en place suffisamment longtemps. Pour accroître les chances de succès, les autorités doivent mettre en œuvre de façon continue et vigoureuse les mesures requises pour résorber totalement les déséquilibres, faire en sorte que la charge soit équitablement partagée et tirer parti des atouts structurels de l’économie irlandaise. Parmi ces atouts figurent un environnement favorable aux entreprises, la flexibilité du marché du travail et une main-d’œuvre qualifiée.

D’après l’Étude Économique de l’Irlande 2011 de l’OCDE, les autorités irlandaises devraient :

Persévérer sur la voie de l’assainissement budgétaire :

- continuer de respecter pleinement les conditions et les objectifs du programme UE-FMI ;
- ramener le déficit budgétaire au-dessous de 3% du PIB d’ici à 2015 ;
- réduire le déficit budgétaire plus rapidement que ne le requiert le programme afin de retrouver de la crédibilité sur les marchés des capitaux, pour autant que la croissance économique le permette ;
- faire en sorte que la réduction des dépenses soit obtenue avant tout par l’amélioration de l’efficacité du secteur public, la réforme de la protection sociale et la réduction des projets d’infrastructure ;
- élargir la base d’imposition en réduisant les dépenses fiscales et en allant de l’avant dans l’application des impôts sur le patrimoine prévus ;
- renforcer le cadre budgétaire en accordant la priorité au rapport dette/PIB à atteindre d’ici une date donnée, en adoptant des plans budgétaires pluriannuels et en plafonnant les dépenses en termes nominaux.

Sortir de la crise bancaire et rétablir la santé du système :

- à mesure que la confiance revient sur les marchés des capitaux, envisager de limiter la couverture du système de garantie des engagements bancaires à un éventail plus étroit d’engagements, avec des primes proportionnelles au risque ;
- pour contribuer à empêcher les crises futures, axer la surveillance sur une série d’indicateurs, notamment un ratio de levier simple, une quotité de prêt, un ratio prêt/revenu et des règles de fonds propres liées à la taille de la banque. Établir également un fichier du crédit pour empêcher le surendettement ;
- pour éviter que ne se reproduisent les problèmes liés à la tolérance réglementaire, adopter un processus par lequel la violation des seuils identifiés, comme une croissance excessive du montant total des crédits, accélèrerait une évaluation formelle des mesures correctrices à prendre, le cas échéant.

Empêcher que le niveau élevé du chômage ne devienne structurel :

- faire en sorte que les services d’emploi soient plus actifs auprès des demandeurs d’emploi et exiger en retour la participation de ces derniers à une formation pertinente et à la recherche d’emploi ;
- encourager le retour au travail, en liant l’indemnisation du chômage à sa durée ;
- examiner les effets d’incitation au travail des autres prestations de protection sociale, en particulier les allocations logement ;
- mieux adapter les programmes de formation aux besoins du marché du travail ; élargir en particulier la série des métiers couverts par l’apprentissage et fermer temporairement l’admission à l’apprentissage dans les métiers de la construction ;
- prolonger la durée de la réduction actuelle des cotisations patronales à la sécurité sociale.

Améliorer encore la compétitivité pour soutenir une croissance tirée par les exportations :

- assurer une diminution plus marquée des coûts unitaires de main-d’œuvre, indispensable pour favoriser les exportations ;
- améliorer la concurrence dans le secteur de l’électricité en séparant clairement la production, le transport, la distribution et l’offre ;
- axer le soutien aux tarifs de rachat de l’électricité sur les sources renouvelables les plus efficaces par rapport aux coûts ;
- introduire des amendes civiles dans le droit de la concurrence, de façon à réduire les incitations à un comportement anticoncurrentiel ;
- améliorer la qualité de l’éducation, évaluer systématiquement la performance des enseignants et des établissements scolaires.

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