Dans les années 20’ à Hollywood, George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet. Mais quand arrive la révolution du cinéma parlant, il refuse cette modernité ce qui brise sa carrière. Le krach de 1929 le ruine définitivement et sa femme le quitte. Il sombre dans la misère et l’alcool, tandis que Peppy Miller (Bérénice Bejo) une jeune figurante qu’il a aidée à entrer dans le métier, devient la vedette de ce nouveau cinéma qui s’impose auprès du public. Le film relate leurs destins croisés.
Toutes les critiques sont excellentes et une fois n’est pas coutume, je hurle avec les loups, oui The Artist est une réussite totale. Tout est parfait dans ce film. Les acteurs sont remarquables, Dujardin a exactement la gueule de l’emploi, l’œil pétillant et la désinvolture souriante quand il est encore une vedette, la mèche grasse et tombante quand il sera au fond du trou, Bérénice Bejo ravissante et mince dans ses robes charleston, illumine l’écran de son sourire touchant. La musique dans l’esprit de l’époque nous ramène aux plus beaux jours du cinéma, piano bastringue ou jazzy pour le swing des scènes enlevées, violons qui pleurent dans les passages mélodramatiques.
Et ces scènes qui sont autant d’hommages et de clins d’yeux aux maîtres disparus aujourd’hui, on retiendra la scène entre Peppy et la veste accrochée au portemanteau, ainsi que celle où George fait coïncider par un reflet dans une vitrine, sa silhouette du pauvre qu’il est devenu avec un smoking exposé, du grand art digne de Charlie Chaplin. De même, quand à la fin les choses s’arrangent, Dujardin/Valentin/Fred Astaire et Bejo/Miller/Ginger Rogers nous régalent d’une magnifique partie de claquettes endiablées.
On sourit souvent, Dujardin est très drôle et son petit terrier au moins autant, on peut aussi avoir une petite larme quand le mélodrame est poussé à son extrémité avec les violons bien pleurnichards, bref du cinéma populaire dans le sens le plus noble du terme.
Je suis sorti de la salle, enthousiasmé par ce film, non seulement parce qu’il est complètement réussi, mais aussi parce qu’on devine qu’il a fallu un sacré courage et culot aux producteurs, acteurs et réalisateur pour se lancer dans un tel projet, un film en Noir&Blanc, muet, à l’époque où l’on ne nous parle plus que de l’arrivée du 3D qui va tout supplanter paraît-il. Une délicieuse mise en abîme avec le scénario, Dujardin refuse la modernité du parlant et sombre dans l’oubli, tandis que Michel Hazanavicius le réalisateur, refuse la modernité du 3D pour cartonner avec un film en Noir&Blanc ! On vit une époque formidable.
N’hésitez pas, courez dans la salle la plus proche de votre domicile, pour une fois les critiques ont raison, c’est un très grand film. Seul le temps qui passe peut distinguer les grands films des chefs d’œuvre, attendons avec confiance.
The Artist film de Michel Hazanavicius – durée 1h40 – Avec : Jean Dujardin – Bérénice Bejo – John Goodman – James Cromwell