Les manifestants se trompent de cible : les gens qu’ils doivent blâmer ne sont pas les financiers, mais les politiciens.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume-Uni
Non, camarade, ils sont neutres moralement. Contrairement aux politiciens grâce auxquels vous les subventionnez.
Très bien, à tous les manifestants, nous avons compris à quoi vous vous opposez : le capitalisme, les banques, les riches, le libre-échange, la création de richesse et les droits de propriété. Mais vous êtes pour quoi exactement ?
La chose la plus proche d’une réponse est venue de Peter Tatchell qui a déclaré aux manifestants de Londres que la solution à nos problèmes économiques était des impôts punitifs pour les dix pour-cent les plus riches.
« Les gens riches qui ne sont pas prêts à payer leur part sont des traîtres à ce pays », a-t-il déclaré. « Ils mettent leur propre égoïsme avant l’intérêt du public. »
Et quelles proportions de nos impôts pensez-vous que ces traîtres dans le décile supérieur paient, Peter ? Allez, devinez. Cinq pour-cent ? Dix ? Quinze ? Voici la réponse, selon le fisc britannique :
Eh oui : les dix pour-cent les plus riches payent 53,3 pour-cent de l’ensemble des impôts sur le revenu. Maintenant, les gens raisonnables peuvent être en désaccord sur ce qui constitue une part équitable, mais il est difficile d’éviter au moins une conclusion ferme : si vous appauvrissez, exilez, ou découragez les gens qui paient plus de la moitié de nos impôts, notre économie s’effondrera.
Ne vous méprenez pas. Je comprends pourquoi les gens sont en colère contre le renflouement des banques. À travers mes billets, j’ai été l’un des rares chroniqueurs à les critiquer à l’époque plutôt que rétrospectivement. Les manifestants d’extrême-gauche qui ont défilé dans les villes à travers le monde aujourd’hui ont tort sur beaucoup de choses, mais ils ont absolument raison sur un point : renflouer nos principales banques, et ensuite des pays entiers, est une forme de guerre de classe envers les travailleurs.
Le souci est que les manifestants se trompent de cible. Les gens qu’ils doivent blâmer ne sont pas les financiers, mais les politiciens qui ont obséquieusement accepté de les sauver des conséquences de leurs mal-investissements.
S’il-vous-plaît, comprenez, mes amis gauchistes, que ce qui a eu lieu depuis 2008 est tout sauf le capitalisme. Dans un système capitaliste, les banques incompétentes auraient été autorisées à échouer, leurs opérations rentables vendues à leurs concurrents. Les actionnaires, les détenteurs d’obligations et certains déposants auraient perdu de l’argent, mais les contribuables n’auraient pas dépensé un sou.
Ne blâmez pas les « riches » : blâmez ceux qui, à la Banque d’Angleterre et au Trésor, malgré l’échec patent de leurs politiques « renflouer-et-emprunter » (bailout-and-borrow), sont déterminés à poursuivre dans la même voie.
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Sur le web.
Traduction : Éclipse pour Contrepoints.