Des chaussures italiennes ? Chouette, j’adore les chaussures ! Pourtant, celles-ci n’ont pas vraiment été à ma pointure puisque je n’ai pas réussi à me passionner pour ce roman, malgré tous les éloges lus ici ou là sur la blogosphère (et il y en avait beaucoup !).
L’écriture est belle, pourtant, et superbes les descriptions des paysages de cette île de la Baltique, perdue entre ciel et eau, avec les arbres en contrepoint (paysage qui m’a un peu fait penser à Sukkwan Island, sauf que l’atmosphère ici, bien que pas très gaie, est tout de même moins pesante et glauque).
C’est sur une petite île que vit, seul avec un chat et un chien, Frédric Welin. Il a soixante six ans, a arrêté de pratiquer son métier de chirurgien à la suite d’un problème grave et s’est littéralement retiré de la société, loin du monde du travail, des médias et surtout des hommes. Il a par contre toujours du mal à se faire à ce repli volontaire sur lui-même, comme s’il s’auto-punissait, ou bien comme s’il fuyait la vie, les responsabilités, le fait de devoir rendre compte de ses mots et de ses actes aux autres. Enterré vivant. Et il se plonge donc chaque matin dans l’océan glacé (en ayant creusé un trou dans la glace) comme s’il voulait se prouver à lui-même qu’il est encore vivant, que le froid qui lui mord les chairs atteste que son esprit et son âme sont encore là, dans le monde.
Un jour, croyant voir un mirage, il découvre sur la glace une femme qui, descendue de l’avion qui fait escale chez lui pour le courrier, marche à petits pas avec un déambulateur. Il reconnait tant bien que mal Harriet, la femme qu’il a aimée et abandonnée il y a quarante ans.
L’arrivée de la vieille femme le dérange, le tourmente même d’autant plus qu’avec elle le passé afflue, lui remonte à la figure dans tous ses détails, alors qu’il avait tout fait ces dernières années pour l’occulter. Harriet, au seuil de la mort, lui demande de respecter une promesse faite il y a des années, qu’elle n’a jamais oubliée.
Cette arrivée inopinée va transformer sa vie à un point qu’il n’aurait pu imaginer. Harriet, son ancienne amante, va bousculer toutes les certitudes, et tous les rituels échafaudés pour échapper au passé, et surtout au remord. Elle va le faire sortir de son île, d’abord physiquement puis moralement, puisqu’il va devoir enfin faire un pas vers le monde, se resociabiliser, parler, laisser les autres aller vers lui, au lieu de fuir comme il en a l’habitude. La vie qui quitte celle qu’il a aimée des années plus tôt l’assaille bientôt de toutes part, et l’énergie de ces femmes autour de lui va se propager jusqu’à lui insuffler bientôt une envie de regarder à nouveau l’avenir en face, la vie tout simplement.
On parle donc dans ce roman d’amour, mais aussi de repli sur soi, d’incompréhension, de rupture avec la vie sociale, de solitude extrême, et puis de mort. On y parle de souffrance aussi : celle de la maladie et celle du cœur, celle de l’absence et celle du mensonge… Des thèmes forts, qui sont d’ailleurs très bien traités, par petites touches discrètes, mais qui donnent à réfléchir au lecteur. Dommage, et c’est là que le bât pour moi a blessé, que cet homme soit si peu aimable. Je n’ai pas un instant été touchée par son aventure, par sa situation et l’ai juste jugé égoïste, mesquin, lâche et pour tout dire pas très intéressant. Par contre, les personnages de femmes décrits dans le roman, Harriet tout d’abord et puis ensuite les autres femmes rencontrées en chemin, sur le chemin de la promesse faite et que Frédric se sent tenu d’honorer malgré sa répugnance à quitter son cocon, sont absolument magnifiques, poignants dans leur détresse, leur souffrance et leur détermination.
Lecture en demi-teinte pour moi, qui ait adoré le style de l’auteur, ses magnifiques descriptions aussi bien des paysages que des caractères, mais pas du tout sympathisé avec cet homme qui ne m’a pas touchée du tout…
Un grand merci malgré tout à mon amie Isabelle pour m’avoir offert ce roman !