Pour moi, il est acquis ou presque que François Hollande sera en finale de la présidentielle. Je ne pense pas que les petits partis de gauche pourront l'inquiéter : le Front National est à près de 20% dans les intentions de vote, d'une part, et, d'autre part, le rejet de Sarkozy est tellement fort que le peuple de gauche ne prendra pas le risque de le voir réélire une seconde fois.
Donc, de ce côté-ci, c'est plié. Éva Joly, qui n'a désespérément rien compris à la France, et même Mélenchon, en dépit de sa spécificité feront des petits scores, voire des tout-petits scores.
Le danger, et le tovaritch CSP l'a bien compris, c'est le FN. Mon chasseur de koulaks favori a à la fois tort et raison. Tort, parce que le FN ne menace pas la gauche directement. Raison, parce qu'en revanche, sa candidate peut accéder au second tour en surclassant Sarkozy. Et ça, c'est un scénario qui me paraît plus qu'envisageable. Marine Le pen part très haut et elle va monter encore plus, j'en suis certain. Elle enregistre de plus en plus de ralliements. Elle menace donc directement Sarkozy, qui n'a d'autre choix pour tenter de regagner le terrain que d'essayer de durcir sa campagne. Sauf que c'est fichu, il a montré son impéritie pendant 5 ans dans les domaines qu'il pourrait partager avec le FN (sécurité, immigration, particulièrement).
Il reste un espace central désormais dégagé. Bayrou est actuellement sur son socle, à 7-8% d'intentions de vote. Il faut espérer qu'il décolle pour rassembler tout l'électorat centriste, que j'évalue à 15% environ. Pas plus, parce que Hollande va fixer tous les sociaux-démocrates et nous ne pouvons donc pas espérer les rallier.
15%, ce serait évidemment très bien. Mais pas suffisant. Il faut réussir à monter à 20 voire 21 pour se qualifier.
La seconde place de finaliste va donc se jouer entre Marine Le pen, Nicolas Sarkozy, et, s'il réussit à émerger, François Bayrou.
C'est loin d'être joué pour nous. Le MoDem n'a toujours pas de programme digne de ce nom (ne me parlez pas du projet humaniste, il me donne des boutons rien que d'en prononcer le nom). Il y a un embryon de programme solide et raisonné avec l'État d'Urgence de Bayrou, et heureusement, toutes ses propositions de 2007 qui demeurent à 90% valides. Il va falloir étoffer tout cela, nous avons un retard conséquent sur les autres grandes forces politiques.
Il y a un gros espace sur notre centre-droit. Le MoDem part de loin, c'est un parti de centre-gauche. Mais Bayrou, lui, est un authentique centriste démocrate-chrétien. En principe, il est légitime sur cet espace, même s'il a brouillé considérablement son image ces dernières années.
Il faut donc occuper l'espace de la droite modérée, avec un avantage : elle commence à ne plus pouvoir voir Sarkozy en peinture. Cela ne se ressent pas encore en termes d'intentions de votes (encore que, il suffit de considérer les scores de Borloo, ou même de Morin) mais dans la classe politique, des parlementaires qui sont excédés par Sarkozy, il y en a, d'autant qu'ils ont compris, désormais, qu'il les mène dans le mur.
C'est un très très gros challenge pour nous autres, centristes, mais qui sait : peut-être pouvons-nous coiffer in extremis la droite sarkozyste et le FN sur le poteau.
En tout cas, stratégiquement, ce devrait être notre but. La droite modérée n'a plus rien à perdre, et elle sait qu'avec Sarkozy elle est foutue : qu'est-ce que vous en pensez, l'Faucon, Rubin, Xerbias, le Chafouin qui a déjà donné un peu son avis, Alexandre, Vlad, Val le nain, Corto, Crapoto, Alain Lambert et, tiens, même Koz qui était prêt à balancer un gros caillasse à Bayrou il y a trois-quatre ans ?
Avec Bayrou, il lui reste une petite chance...