Dans un entretien publié par Le Figaro le 7 octobre, à la veille du premier tour des primaires du Parti Socialiste et des radicaux de gauche, M. Dominique Reynié (1) note, parmi beaucoup d’autres leçons de cette opération que :
« Au cours des trois débats, pas une seule mesure de réduction de la dépense publique n’a été proposée ! Les candidats ne sont pas parvenus à s’émanciper de leur clientèle électorale historique que constituent les membres de la fonction publique. Au contraire, on a entendu des promesses de création de postes et de valorisation des rémunérations. Pourtant, les candidats savent bien que pour gagner en 2012, les socialistes devront montrer qu’ils sont déterminés à rétablir l’équilibre budgétaire, ce qui est impossible sans réduction de la dépense publique. Du coup, on a beaucoup entendu parler d’impôt…«
[L]e 10 octobre, au lendemain même du vote Xavier Bertrand (2 )soulignait quant à lui exactement le contraire, considérant que ce parti serait « très divisé ». En effet il insiste sur la fracture portant à la fois sur des questions de personnes, sur les méthodes plus ou moins propres cristallisées autour de l’affaire Guérini dans la fédération des Bouches-du-Rhône, mais également selon lui les oppositions internes seraient sous-tendue par des visions très différentes de l’avenir de la gauche.
L’un et l’autre de ces deux commentateurs agréés, l’un politologue de qualité, l’autre ministre du Travail dans l’actuel gouvernement, soulignent des aspects différents de la même situation. Ni l’un ni l’autre ne manque de pertinence. Le premier intervenant la veille le second au lendemain de ce premier tour, leurs points de vue respectifs se révèlent en partie différents. De plus le scrutin était ouvert à toutes les gauches. Ceci explique peut-être en partie le surcroît de votants en faveur de Montebourg, mais personne n’ose trop le dire, surtout pas dans les rangs des principaux intéressés
Dominique Reynié, quant à lui, va peut-être un peu loin, quand même, dans la conclusion de son entretien (3) . Car il considère que « les électeurs de gauche vont choisir un candidat qui, s’il est élu, mènera une politique de centre droit. »
Centre droit, dites-vous ? Mais alors les mots perdent singulièrement de leur valeur. Si la politique de « centre droit » s’est incarnée pendant le septennat de Giscard d’Estaing, avec Chirac premier ministre, puis Barre, et autre Fourcade aux Finances, qui sont brillamment parvenus à augmenter de 7 points en 7 années le taux des prélèvements obligatoires, on peut en effet redouter le retour à de tels errements.
Tout se passe comme si la gauche et une partie de la droite s’accordaient sur l’idée que le courage politique consisterait aujourd’hui à augmenter les taux d’imposition. Les uns le disent ouvertement : tel est le sens de la réflexion de M. Reynié « on a beaucoup entendu parler d’impôt… ». Ceci ne plaît à personne, sauf sans doute aux petits coupeurs de tête [virtuels] de l’équipe Piketty. Eux, au moins ont le courage de se proclamer en faveur d’une Révolution fiscale (4) .
Il ne s’agit même pas d’inconscience de leur point de vue, il s’agit de la formulation même du programme fiscaliste que déclinent, avec des nuances à peine sensibles sur ce point, les divers courants du PS, – mais aussi les gens du Front de gauche que l’on imagine très bien avoir renforcé les votants de Montebourg, – mais aussi les sectateurs de Cécile Duflot et Éva Joly.
Simplement le fond du problème français se trouve dans le fait que si la gauche parle de redistribution par l’impôt, si elle théorise l’intervention de l’État, si elle bombe le torse pour se revendiquer [à contre-emploi] d’une économie sans le pouvoir des banques, – ce qui supposerait soit dit entre parenthèses une réhabilitation de l’épargne, de l’autofinancement, de l’investissement de proximité et de la libre entreprise, ce que les gens du PS semblent voués à ignorer – une certaine droite, quant à elle, augmente la fiscalité sans trop le dire, et même en promettant le contraire.
Il convient donc certainement de sortir de ce discours mensonger et illusoire dans lequel se roule la classe politique comme un cochon dans son auge.
Mais il faut également s’employer à montrer qu’une autre voie est possible, et souhaitable pour le pays, celle que nous appelons libération fiscale.
Jean-Gilles Malliarakis - www.insolent.fr
- Professeur des universités à Sciences Po, Dominique Reynié est directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol). On le dit proche de l’UMP.
- Sur RTL à 7 h 50 repris par AFP à 9 h 57 rapidement mis en ligne sur le site du Figaro. »
- publié par Le Figaro du 7 octobre.
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Le titre de ce livre bleu « Pour une libération fiscale » en fera, notamment, une réponse au livre rouge de l’équipe de gauche dirigée par Thomas Piketty « Pour une révolution fiscale ». Il soulignera les voies de réformes possibles de l’archaïque fiscalité française, en fonction des réductions nécessaires de la dépense publique. Ce livre de 190 pages environ paraîtra fin janvier 2012, pour tenir compte de la loi de finances et de la loi de sécurité sociale qui auront été promulguées le 31 décembre 2011. Son prix de vente sera de 20 euros. On peut y souscrire dès maintenant au prix de 15 euros, port compris.
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