Les scientifiques rappellent que la MA affecte 18 millions de personnes dans le monde mais que les causes de la maladie ne sont pas encore totalement comprises. Il a néanmoins déjà été suggéré que le virus de l'herpès de type 1 (Herpes simplex virus – HSV-1) est un facteur de risque de maladie d'Alzheimer lorsqu'il est présent dans le cerveau des patients à risque génétique spécifique de la maladie.
«Nous avons constaté que l'ADN viral dans les cerveaux atteints par la maladie est très précisément situé dans les plaques amyloïdes », explique le professeur Ruth Itzhaki, qui a dirigé l'équipe de chercheurs. "Cette constatation combinée avec la production d'amyloïdes induite par le virus, suggère que HSV1 est un facteur responsable de développement de la MA ».
Les agents antiviraux actuellement disponibles agissent en ciblant la réplication de l'ADN de HSV1 et si les chercheurs ont émis l'hypothèse qu'ils pourraient être efficaces pour traiter la MA seulement si l'accumulation de β-amyloïde et de Tau-P causée par le virus survient pendant ou après l'étape de réplication de l'ADN viral. Ainsi, si les protéines responsables sont produites indépendamment de la réplication du virus HSV1, les antiviraux pourraient ne pas être efficaces. Les chercheurs ont testé le traitement de cellules infectées par l'acyclovir, l'antiviral le plus couramment utilisé ainsi qu'avec 2 autres antiviraux et montrent que l'utilisation d'antiviraux réduit l'accumulation de β-amyloïde et Tau-P et réduit la réplication HSV1 (comme prévu).
Les résultats suggèrent ainsi que le HSV1, en collaboration avec le facteur génétique de l'hôte, est un risque majeur et que les antiviraux pourraient être utilisés pour ralentir la progression de la maladie.
C'est la première étude à démontrer les effets des antiviraux sur le développement de la maladie d'Alzheimer par réduction des protéines β-amyloïdes et Tau-P. Une option thérapeutique qui présente de grands avantages par rapport aux thérapies actuelles car l'acyclovir ne cible que le virus, et non la cellule hôte ou les cellules saines. De plus, c'est un agent thérapeutique sûr et relativement peu coûteux, précisent les auteurs. Et qui pourrait inhiber d'autres dommages viraux impliqués dans la pathogénie de la maladie.
La prochaine étape de cette recherche devrait se concentrer sur la recherche de l'agent antiviral le plus approprié ou sur la combinaison idéale de deux agents qui opèrent via des mécanismes différents et complémentaires. Les chercheurs prévoient ensuite d'étudier la manière dont le virus et les facteurs de risque génétiques interagissent pour initier la maladie, ce qui pourrait conduire à de nouveaux traitements.
Source: The University of Manchester “ Antiviral drugs may slow Alzheimer's progression” et PLoS ONE doi:10.1371/journal.pone.0025152 Published: October 7, 2011 “Antivirals Reduce the Formation of Key Alzheimer's Disease Molecules in Cell Cultures Acutely Infected with Herpes Simplex Virus Type 1” (Visuel Acyclovir inhibits HSV1 replication)