"Mon assiette bio, ma pelle" est un concept élaboré par Vivrao, agence conseil, afin de promouvoir et organiser l'introduction de produits bio locaux en restauration collective.
www.monassiettebiomapelle.org
Consultante en communication indépendante, Marie-Dominique Tatard-Suffern s'engage auprès d'acteurs choisis pour leurs valeurs dans le monde bio ou plus généralement dans le développement durable. Elle milite pour la transparence et contre le marketing vert.
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Coup de gueule. Marie-Dominique Tatard-Suffern, consultante pour le projet "Mon assiette bio, ma pelle", prend la parole à l'occasion de la semaine du goût. Elle se pose la question suivante : "Les grands groupes agro-industriels sont-ils les plus aptes à faire découvrir le goût à mes enfants ?" Une chronique exclusive pour bioaddict.fr.
Avec le mois d'octobre, se profile la désormais fameuse semaine du goût. Les enfants auront droit à des ateliers intéressants pour éveiller leurs papilles, les parents seront sollicités pour redécouvrir le goût des bonnes choses.
Je m'en réjouissais d'avance lorsque, par curiosité, je suis allée faire un tour sur le site. Et, là, quelle ne fut pas ma déception en découvrant les multiples partenaires de l'événement (http://www.legout.com/partenaires). Ce n'est sans doute pas la première année mais pour moi, c'est une découverte. L'opération affiche entre autres partenaires : le sucre (Interprofession du sucre), l'ANIA (Association Nationale des Industries Agro-alimentaires), et bon nombre de grandes marques de produits alimentaires issus de l'agro-industrie.
A la lecture de la liste, une question me vient soudainement: les grands groupes agro-industriels sont-ils les plus aptes à faire découvrir le goût à mes enfants ? L'ANIA et le syndicat du sucre ont-ils toute leur place dans des écoles primaires ? Ont-ils besoin qu'on leur donne une semaine entière pour faire découvrir à mes deux petits monstres le bon goût du sucre, de l'huile de palme et des frites congelées ?
Une énième campagne de communication me direz-vous ! Oui, sauf qu'elle se déroule sous le bienveillant haut patronage des Ministères, non seulement de l'Agriculture mais aussi et surtout de l'Education Nationale, d'où des opérations de sensibilisation dans les écoles primaires.
J'entends déjà ceux qui m'opposeront que, certes, ce sont des agro-industriels mais qu'on ne peut que saluer leurs gestes de bonne volonté lorsqu'il s'agit de pousser les enfants à " bouger ", à " manger plus sainement " à redécouvrir le goût "... Pourquoi critiquer cette démarche responsable ? Parce que la vraie démarche responsable consisterait à ne pas envahir les écrans télé de nos chers têtes brunes et blondes aux heures où ils sont devant leurs écrans, à ne pas truffer les chaines pour enfants de programmes courts bien intentionnés qui les dédouanent du matraquage publicitaire et marketing constant. Parce qu'un agro-industriel responsable devrait commencer par limiter drastiquement sucres, additifs, exhausteurs de goût, sel...
Pour mes enfants, je veux la" semaine du Vrai Goût ", celui authentique des produits sains, sans exhausteurs de goût chimiques, sans sucres de synthèse.
Oui à une semaine du goût qui expliquerait aux enfants pourquoi les produits bio ont un goût si différent de celui auquel leurs malheureux palais sont habitués. Non à l'entrée de l'agro-industrie dans les écoles sous couvert d'éducation au goût !
Une chronique de Marie-Dominique Tatard-Suffern