Une équipe de chercheurs du Canada, des États-Unis, de Suède et d’Allemagne, a mis au point un plan pour doubler la production mondiale de nourriture tout en réduisant les impacts environnementaux de l’agriculture.
Par Antony Watts (*), depuis les États-Unis
L’université de McGill propose un plan pour améliorer les rendements des cultures, au lieu de mettre fin à la société industrielle comme certains écoterroristes en puissance le suggère. Norman Borlaug a fait énormément progresser l’agriculture. C’était un agronome américain, humanitaire, et lauréat du prix Nobel de la paix, aussi surnommé « père de la Révolution verte ». Borlaug était l’une des six seules personnes a avoir remporté le prix Nobel de la Paix, la Médaille présidentielle de la Liberté et la Médaille d’or du Congrès. Il a aussi été le récipiendaire de la Padma Vibhushan, la deuxième plus haute distinction civile de l’Inde. Si ce plan peut faire quelque chose d’assez proche de ce que Borlaug a été capable d’accomplir, je suis tout pour. Pour votre information, selon Wikipedia, la « Révolution verte » fait référence à un ensemble de recherches, de développements et d’initiatives de transferts de technologies ayant eu lieu entre 1940 et la fin des années 1970. Celles-ci ont permis une augmentation de la production agricole à travers le monde, commençant nettement à la fin des années 1960. À ne pas confondre avec la contreproductive « résistance vert foncé » (Deep Green Resistance).
Nourrir le monde en protégeant la planète
Une équipe internationale de chercheurs conçoit un plan global pour une agriculture durable
Le problème est sévère : actuellement un milliard de personnes sur terre ne disposent pas d’assez de nourriture. On estime que d’ici 2050, il y aura plus de neuf milliards d’êtres humain vivant sur la planète.
Pendant ce temps, les pratiques agricoles actuelles sont parmi les plus grandes menaces à l’environnement mondial. Cela signifie que si nous ne développons pas des méthodes plus durables, la planète va être encore moins en mesure de nourrir sa population croissante qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Mais une équipe de chercheurs du Canada, des États-Unis, de Suède et d’Allemagne, a maintenant mis au point un plan pour doubler la production mondiale de nourriture tout en réduisant les impacts environnementaux de l’agriculture. Leurs conclusions ont été récemment publiées dans la revue Nature.
En combinant les informations recueillies à partir des données sur les récoltes et des images satellites du monde entier, ils ont été capables de créer de nouveaux modèles de systèmes agricoles et leurs impacts environnementaux avec une vraie portée mondiale.
Le Professeur de géographie à l’Université McGill, Navin Ramanjutty, l’un des responsables de l’équipe de l’étude, attribue à la collaboration entre les chercheurs l’obtention de résultats si importants.
De nombreux autres savants et penseurs ont proposé des solutions aux problèmes alimentaires et environnementaux globaux. Mais ils étaient souvent parcellaires, ne s’intéressant seulement qu’à un aspect du problème à la fois. Et ils manquaient souvent de détails et de chiffres pour les soutenir. C’est la première fois qu’un tel éventail de données a été rassemblé sous un cadre commun, et cela nous a permis d’y voir certaines tendances claires. Et de faciliter le développement de solutions concrètes pour les problèmes auxquels nous faisons face.
Un plan en cinq mesures pour nourrir le monde tout en protégeant la planète
Les chercheurs recommandent :
– L’arrêt de l’expansion des terres agricoles et du défrichement à des fins agricoles, particulièrement dans la forêt tropicale. Ceci peut être réalisé en utilisant des incitations telles que le paiement pour des services envers l’écosystème, pour des certifications et pour l’écotourisme. Ce changement amènera d’énormes avantages environnementaux sans réduire énormément la production agricole ou le bien-être économique.
– L’amélioration des rendements agricoles. De nombreuses régions agricoles d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Europe de l’Est ne sont pas à la hauteur de leur potentiel de production — un phénomène connu sous le nom d’« écarts de rendement ». L’amélioration de l’utilisation des variétés de cultures existantes, une meilleure gestion et des améliorations génétiques pourraient accroître la production alimentaire actuelle de près de 60 pour-cent.
– L’utilisation d’engrais de manière plus stratégique. L’utilisation actuelle de l’eau, des nutriments et des produits chimiques agricoles souffre de ce que l’équipe de recherche appelle « le problème de Boucles d’or » : trop dans certains endroits, trop peu dans d’autres, rarement juste. La ré-allocation stratégique pourrait considérablement accroître les bénéfices que nous recevons de ces précieux apports.
– Un transfert de régime. La culture d’aliments pour animaux ou pour les biocarburants sur des terres cultivables de premier ordre, peu importe avec quelle efficacité, est une perte pour l’approvisionnement alimentaire humain. Consacrer des terres arables à la production alimentaire humaine pourrait stimuler les calories produites par personne de près de 50 pour-cent. Le transfert des usages non-alimentaires comme l’alimentation animale et les biocarburants hors des terres cultivables de premier choix pourrait faire une grande différence.
– La réduction des déchets. Un tiers de la nourriture produite par les fermes finit jetées, abîmées ou mangées par des nuisibles. L’élimination des déchets dans le chemin que prend la nourriture des fermes jusqu’à nos bouches pourrait améliorer la quantité de nourriture disponible à la consommation d’un autre 50 pour-cent.
L’étude présente aussi des approches à ce problème qui aideraient les décideurs à prendre des décisions informées sur les choix agricoles auxquels ils sont confrontés. « Pour la première fois, nous avons montré qu’il était possible d’à la fois nourrir un monde affamé et de protéger une planète menacée », a déclaré l’un des auteurs principaux, Jonathan Foley, responsable de l’Institut pour l’Environnement de l’Université du Minnesota. « Il faudra un travail sérieux. Mais nous pouvons le faire. »
La recherche a été financée par le C.R.S.N.G. (Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada), la N.A.S.A. (National Aeronautics and Space Administration) et le N.S.F. (National Science Foundation).
L’étude « Solutions pour un planète cultivée » a été publiée dans la revue Nature. Pour en lire le résumé : http://www.nature.com/nature/ (en)
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Sur le web
Traduction : Éclipse pour Contrepoints.
(*) Antony Watts est un météorologiste américain. Il anime le blog scientifique très populaire What’s Up With That?