Le nombre de Cubains qui fuient leur pays par voie maritime a fortement augmenté en 2011. C’est le signe que les prétendues « réformes » de Cuba ne fonctionnent pas.
Par Juan Carlos Hidalgo (*), depuis les États-Unis
Article publié en collaboration avec le Cato Institute
Immigration cubaine clandestine aux États-Unis (image d'archive)
Le nombre de Cubains interceptés en mer en essayant d’atteindre la côte de la Floride a plus que doublé au cours de la dernière année, selon les chiffres publiés par le Department of Homeland Security [1]. En 2010, 422 Cubains avaient été interceptés en mer par les Gardes côtes, tandis que durant l’année 2011, 1000 Cubains ont été capturés. Par ailleurs, le nombre de Cubains qui ont effectivement atteint le rivage américain a augmenté de 70%, passant de 409 pour l’année 2010 à 696 en 2011. Il s’agit de la première augmentation de l’immigration cubaine clandestine par voie maritime en 3 ans selon les autorités.
Il s’agit d’un nouveau signe que les « réformes » économiques annoncées et tant vantées par la Havane ne fonctionnent pas. Les licenciements massifs entrepris par le gouvernement de Raúl Castro de centaines de milliers de salariés du secteur public devaient être absorbés par le développement du secteur privé quasi inexistant à Cuba. Le régime communiste a tenté de soulager la pression en permettant l’emploi privé dans 178 activités économiques, telles que masseurs, clowns, cordonniers, serruriers ou jardiniers. Cependant, comme on pouvait le prévoir il y a un an, il a plafonné le nombre de permis pour ces activités privées à 250.000, tout en pénalisant les nouveaux entrepreneurs avec des taux d’imposition élevés. Il n’était pas nécessaire d’avoir un prix Nobel d’Économie pour comprendre que le secteur privé naissant de Cuba ne serait pas en mesure de faire une place pour tous les nouveaux chômeurs. Que reste-t-il donc pour ces personnes?
Plus tôt dans l’année, j’avais rencontré un responsable de la Section des intérêts américains à La Havane qui m’avait dit que nous ne devrions pas être surpris par une augmentation régulière de Cubains essayant de s’échapper de l’île en direction des États-Unis. Selon lui, confronté à une économie délabrée, à des centaines de milliers de chômeurs, et à l’agitation sociale croissante, le régime de Castro n’hésiterait pas à laisser davantage de Cubains utiliser la « soupape » de l’émigration. Il semble que nous en voyons aujourd’hui les premiers signes.
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Note :
[1] Les chiffres du Department of Homeland Security sont comptabilisés par année fiscale (de 1er octobre au 30 septembre).
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Sur le web.
Traduction : Raphaël Marfaux pour Contrepoints.
(*) Juan Carlos Hidalgo est coordinateur de projet pour l’Amérique latine au Center for Global Liberty and Prosperity. Auparavant, il était directeur pour l’Amérique latine de l’International Policy Network. Régulièrement, il publie des articles ou fait de interventions télévisées dans les médias latino-américains ou états-uniens.