Film indépendant qui se veut expérimental et totalement irréaliste,
Anti Gas Skin (2010) est enfanté par les frères
Kim (Gok et Sun). Ces deux cinéastes apportent avec leur cinéma du sang neuf mais aussi un regard nouveau sur la cinématographique sud-coréenne. Jetons nous dans l’expérience
Anti Gas Skin.
Un mystérieux tueur en série portant un masque à gaz court toujours. Quatre personnes sont à sa recherche : un politicien candidat aux élections municipales de Séoul, un soldat américain dont la petite amie vient d’être assassinée, un jeune homme qui se prend pour un super-héros et une fille-loup leader d’un culte du suicide. Chacun a des motivations bien particulières pour le retrouver. (résumé FFCF)
Anti Gas Skin est un thriller hors du commun poussant des limites rarement atteintes jusqu’ici. Parsemé de personnages plongés dans des situations plus intrigantes les unes que les autre, les frères Kim dépeignent à travers ces portraits, les dérives de la société sud-coréenne. Le film est bourré d’idées, d’un suspens accru et d’une montée en crescendo d’une tension mais… qui retombe mollement. Ce qu’il y a de malheureux avec
Anti Gas Skin, c’est qu’il avait tout pour lui. Tout pour faire de lui un film à considérer et à prendre au sérieux. Mais les défauts qui le minent le rendent tout simplement minime. Plus on avance dans le film et plus le rythme se perd, tout comme notre intérêt pour les personnages. Il y a un manque de cohérence constant. Sans oublier une fin qui se termine en eau de boudin. On regrette qu’ils n’aient pas affiné leur scénario en évitant dès lors un aspect brouillon due aux multiples intrigues.
Pourtant, pourtant…
Anti Gas Skin fascine. Il a une attraction malsaine. L’image du anti-héro représentée par le tueur en série au masque à gaz démontre combien une société peut être malade, due à cette filiation, fascination et dégoût qu’elle peut lui porter. On passe de peu à côté de la satire sociale mais également de l’étude des mœurs avec un tueur en série comme
spectre. Dommage. Un travail de fond de Gok et Sun Kim aurait pu changer la donne. Une idée me taraude : et si ce tueur en série n’existait pas ? Et s’il était tout simplement une projection des peurs et des craintes de l’ensemble de la population ? Une population dont on perçoit un bref échantillonnage avec les quatre personnages principaux, d’un homme politique à une gamine qui se sent mal dans sa peau ? Je cesse mes divagations. Encore une pour la route : et si tout ça, tout ce que l’on voyait sortait de l’imagination de cette gamine du début et fin de film… ? Pensez-y, si vous veniez à le voir ou l’avez déjà vu. Bref.
Anti Gas Skin montre le potentiel de deux jeunes cinéastes qui ont encore beaucoup à apprendre. Une fois que les frères Kim seront aguerris, et s’ils parviennent à conserver cette liberté artistique, alors nous assisterons certainement à l’avènement d’un grand cinéma. Mais en attendant le chemin est encore long et
Anti Gas Skin est loin de satisfaire amplement la soif de tout amoureux de cinéma.
I.D.