Le succès de la ville est en grande partie lié à son héritage et à sa richesse architecturale de style colonial. Fondée en 1533 par le conquistador espagnol Pedro de Heredia, Carthagène cache une histoire à la fois passionante et trouble ; elle comprend en effet de biens sombres épisodes. La cité eut plusieurs rôles : elle fut une plaque tournante de l’esclavagisme noir et un centre de transit des richesses issues des pillages aztèque et inca vers le royaume d’Espagne. L’or et les émeraudes passaient par là, ce qui explique les nombreuses attaques de pirates dont la ville fut victime.
La métropole de plus d’un million d’habitants abrite un splendide quartier historique entouré de 12 kilomètres de remparts. Ce joyau culturel, classé au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1984, est un lieu très prisé des touristes. Les colombiens seraient de plus en plus nombreux à s’y intéresser, désireux de mieux connaître leur histoire. Car il faut savoir que Carthagène est le berceau de la Colombie : elle a vu naître les premiers mouvements d’insurrection qui ont mené à l’indépendance du pays vers 1819. On peut dire que la cité rebelle est une ville de paradoxes, puisqu’elle a accueilli l’inquisition espagnole de 1610 à 1821. Il est nécessaire de souligner le rôle des esclaves dans ce qui fait aujourd’hui l’attrait de Carthagène : ces derniers ont servi de main d’œuvre lors de l’édification des remparts et lors de la construction des belles demeures coloniales. La cruauté humaine est hélas à l’origine de la beauté de la ville (il y a encore ici un vrai paradoxe).
La violence des événements passés confère un intérêt important aux sites touristiques. La cathédrale India Catalina (1575-1612) est le témoin de la douloureuse conversion au catholicisme des indigènes et les divers forts (en particulier le Castillo San Felipe de Barajas) rappellent que Carthagène des Indes fut jadis la cité la plus protégée d’Amérique du Sud…
La ville d’histoire devient aujourd’hui ville « tendance » : elle séduit autant qu’elle intrigue. Bien que le charme de base subsiste, les lieux branchés se multiplient ! On peut citer l’exemple de la Casa Pestagua, maison du 17ème siècle restaurée et reconvertie en hôtel, considérée comme la plus belle maison de Carthagène. De même, le Sofitel Santa Clara a la cote : installé dans un ancien couvent du 17ème siècle,il a vu défiler bon nombre de célébrités, de Shakira à Francis Ford Coppola, de Bill Gates à Bill Clinton. La « peoplelisation » de Carthagène contribue à la création de boutiques et restaurants haut de gamme, y compris dans la vieille ville. Cependant, l’authenticité et la chaleur ne disparaissent pas et les bars à salsa sont bondés !
Malgré des incidents sécuritaires en progression, Carthagène reste la ville la plus sûre de Colombie : le quartier balnéaire de Bocagrande enregistre très peu d’agressions, comparé à d’autres sites colombiens.
L’activité touristique de Carthagène est une habile combinaison de traditions et de soirées VIP et pourrait inspirer d’autres villes d’Amérique latine à l’avenir. Ce n’est pas un hasard si les festivals culturels s’y développent et si le Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez a choisi d’y résider. Carthagène des Indes (nommée ainsi afin de ne pas la confondre avec la ville espagnole de Carthagène) a décidement le vent en poupe !