De la candidate par défaut au candidat sans défaut
Bon, je suis heureux. Tout s'est passé comme je l'avais prédit à présent : LA VICTOIRE DE MICKEY MOUSE !
24 Janvier 2010 : J'analyse les futurs candidats du Parti Socialiste dans un billet intitulé "Deux héros, belle au centre", et je termine ainsi : "Reste que la campagne de 2012 se fera probablement autour de ces deux poids lourds que sont Aubry et Hollande. Chacun prend ici sa revanche sur la vie : Hollande veut ré-exister après avoir été bouffé par la popularité de son ex-femme; Aubry veut jouer le match retour avec DSK dix années après les 35 heures et exorcisant les démons du passé."
25 Février 2011 : Dans un billet intutulé "L'impasse Strauss-Kahn", je m'insurge contre la straussmania, et je conclue : "Voilà pourquoi je trouve que l'hypothèse DSK est mauvaise – et je ne commente même pas les pudeurs effarouchées du personnage et le ridicule du cirque médiatique du week-end dernier. Le meilleur candidat P.S, c'est Hollande, c'est le seul en l'état de vaincre la Droite."
27 avril 2011 : Dans un billet intitulé "François et la chocolaterie", je salue le parcours de François Hollande et sa détermination : "Hollande et DSK, c'est la tortue et le lapin. La tortue a perdu 10 kilos, elle est partie de loin, elle ira jusqu'au bout. François Hollande a choisi d'imiter Chirac – la Corrèze et la pomme du terroir – et Mitterrand. Pourquoi croyez-vous qu'il a quitté le poste de Premier secrétaire du PS ? Il ne cèdera pas son ticket dans la chocolaterie pour un strapontin dans un gouvernement. (…) Depuis 1958, celui qui s'impose est celui qui est prêt à tout faire pour aller jusqu'au bout. C'est ainsi que des Chirac, Giscard, Mitterrand, Sarkozy, Royal ou Bayrou ont réussi à se hisser en finale. C'est pour la même raison que les Delors, Balladur, Barre, Fabius, ont été emportés par le vent de l'Histoire. J'en fais le pari – et je me risque à la prédiction météorologique : Hollande ira jusqu'au bout, et comme Martine ne pourra promettre à DSK la couronne, celui-ci, qui tente de faire reculer Hollande, risquera de se dégonfler (Valls nous assure du contraire). surtout si Hollande arrive avant fin Juin à se hisser à 20% d'intentions de vote". Là où je me suis trompé, c'est que je voyais Royal plus forte.
9 octobre 2011 : Dans "Elections, piège à c...", je faiblis. Certes, j'avais prévu que le scrutin serait serré (c'est du moitié moitié, et même si la victoire est franche, elle montre que la Gauche est bipolaire) mais, après les primaires, je voyais plutôt Aubry. Je pensais que Montebourg s'y rallierait (ce qui n'est pas arrivé) et ne sachant pas où Royal irait, je m'interrogeais. Finalement, la coalition de Hollande (qui a permis de reprendre en main la dynamique) a moins obéi à des logiques politiques qu'à des équations personnelles (la détestation de Royal et Montebourg pour Aubry notamment). Et comme je l'avais prévu, les troupes de Montebourg se sont évaporées (moins d'un tiers des 17% se sont reportés sur Hollande, c'est évident dans les Bouches-du-Rhône) et les troupes de Royal ont obéi comme un seul chef.
Mais si mon instinct m'a trahi au dernier moment, mais c'est parce que je pensais que la Gauche voulait gagner. Car, contrairement à mon billet du 25 Février 2011, je ne pense plus qu'Hollande soit le meilleur candidat pour battre la Droite.
Pourquoi Hollande est le moins bon candidat possible ? La gauche perd son AAA
Contrairement à la majorité des commentateurs, je maintiens que ces primaires sont un succès démocratiques, mais pas pour la Gauche. Le 55/45 de ce soir (un chiffre à mon avis un peu bidonné, histoire de mieux marquer franchement la victoire) montre que la Gauche a un champion, mais qu'elle n'a pas eu de coup de coeur, comme en 2007 pour Royal. Ce soir, le PS exulte, mais rappelons nous les réactions, le 16 novembre 2006 (sic), lorsque Royal avait raflé 61% des voix. La France vibrait, vibrait … et Royal a été battue. 10 jours plus tard, je pronostiquais "Je suis convaincu que le programme et les idées de Ségolène sont tellement creuses qu’elle ne peut que s’effondrer à terme".
Avec Hollande, c'est encore plus simple : il n'a aucune idée, à part un slogan – le rêve français. Il n'a aucune expérience gouvernementale alors que le pays traverse une crise majeure. Et il n'a jamais rien décidé. Redescendons sur terre : qui peut sérieusement penser qu'un candidat qui le charisme d'une huitre, le CV d'un stagiaire et pour tout atout d'être "normal" a ses chances, dans un climat de crise internationale aussi dur, d'être élu ?
Oui, Hollande est le moins bon candidat possible parce que, malgré le fait d'être très sympathique et drôle, il a été un roi fénéant du PS. Sous son règne, le P.S a été marqué par les luttes de clans et de courants, et la mise-au-formol de la refonte idéologique du parti. Je vous rappelle ce que j'écrivais alors : 'Oui, voilà dix ans qu’il a repris l’affaire, et dix ans que ses bénéfices (électoraux) dégringolent chaque fois un peu plus aux élections nationales. D’ailleurs, cela ne peut pas être sa faute : il n’a rien fait. Il a juste « synthétisé » un parti centrifuge dans un système politique centripète. Véritable little bouddha, il lévite sous la pression conjuguée de forces égales pointant dans des directions opposées (…) François H. a trouvé la parade : attendre, user, et rester le dernier. Il épie, de derrière sa vitrine, enpassant le plumeau sur les vieilles idéologies. Et puis il cisèle son hachoir et prépare ses crocs de boucher."