Très belle affiche pour cette ouverture de la Fiesta Des Suds qui fête cette année sa dèjà 20ème édition.
Beaucoup de monde comme toujours mais la soirée n’affichait pas complet et il était assez facile de se déplacer quelque soit le concert.
Les premiers à entrer en piste, c’est le fameux couple aveugle du Mali, Amadou Et Mariam, qui peuvent se vanter d’être le seul groupe au monde à avoir inspiré Manu Chao, Damon Albarn, Vitalic et Omar & Fred.
Jamais vraiment écouté leurs albums en entier mais je me souviens avoir beaucoup aimé en rentrant de soirée agitée un live diffusé à la tv un samedi à des heures indues.
Dès le premier « Es-ce que ça va » balancé avec un grand sourire, on sait que l’on va passer un moment bon enfant et musicalement très agréable.
Le groupe qui les accompagne est au taquet, en particulier le percussioniste aux dreadlocks au jeu ultra syncopé.
Les deux choristes y mettent du leur pour assurer l’ambiance avec des danses débridées qui enflamment sans peine la gent masculine.
J’ai trouvé le début sympathique mais un peu mou, si ce n’est l’occasion d’apprécier le jeu de guitare virtuose d’Amadou et le chant complice de sa douce.
Mais à partir de « Masiteladi » c’était bien dansant et l’alchimie avec les autres musiciens totale.
L’accueil timoré des morceaux inédits qui seront sur le prochain album fait vite place à des échanges chaleureux sur les tubes les plus connus du grand public.
A commencer par « La Réalité », encore plus disco funk que sur disque et assez irrésistible.
Les premiers rangs lui préféreront le fameux « Dimanche à Bamako » dans une version elle aussi très enlevée.
Au rappel, après une interminable liste de remerciements du regisseur au tour manageur, ptet même qu’elle incluait le chauffeur de bus, c’est le toujours émouvant « Je pense à toi » qui se charge de clore ce concert d’ouverture.
Quelques jeunes fans réclament « Sabali » en vain, mais on a quand même envie de leur faire un gros bisou.
S’il y a bien un groupe adoré que je pensais ne jamais voir un jour, c’est bien Kid Creole & The Coconuts.
Trop jeune pour les avoir connu à leur periode dorée, je leur voue un culte depuis une bonne dizaine d’années, ainsi qu’aux autres groupes du fantasque August Darnell (Coati Mundi, Dr Buzzard…).
Divine surprise cet été, non seulement sa venue à la fiesta est annoncée mais aussi un nouvel album enregistré avec un de ses plus dignes disciples, Andy Butler d’Hercules & Love Affair.
De l’honorable et groovy « I wake up screaming » sorti ces jours-ci, on n’en entendra pas une note ce soir mais durant plus d’une heure et demi, un généreux best of des tubes de ce grand monsieur.
« Ca fait longtemps que je n’étais pas venu à Marseille, certains d’entre vous n’étaient même pas nés, les autres, vous êtes devenus vieux » assène t’il goguenard.
Lui aussi mais après ce concert très physique, difficile d’admettre qu’il a 61 ans et toutes ses dents.
Du groupe originel, il est le seul avec l’incroyable ‘Bongo’ Eddie Folk aux percussions et ses hilares « Bonsouarrr ».
Les autres musiciens, cuivres, guitares, claviers, sont pour la plupart Anglais, plus une choriste typée latino qui chantera pendant une interlude « You never can tell » de Chuck Berry.
Et les fameuses Coconuts ? Sublimes, forcément sublimes.
Trois blondes du genre Californiennes au chant mutin et aux danses ultra sensuelles, dans des tenues plus affriolantes à chaque changement.
Et qui d’autre que Kid Creole peut se permettre d’improbables costards roses ou jaunes avec une classe déconcertante, faisant passer Jim Carrey dans « The Mask » pour un modèle de sobriété.
Coté visuel donc, on en prend plein la vue, et musicalement c’est l’essence même du mot fiesta qui est jouée.
Dès « Caroline was a dropout » la machine à danser se met en ordre de marche pour ne jamais vraiment s’arrêter, avec juste une version un peu ska de « No fish today » où l’homme au chapeau présentera sa troupe.
« I’m a wonderful thing baby » suit, puis des « Endicott » et « Don’t take my coconuts » du tonnerre.
Le moment fort de la première partie est quand même un « Annie, I’m not your daddy » qui n’en finit plus, avec une énumération de tous les styles qu’il affectionne : salsa, boogaloo, tango, cha cha cha…
Lorsqu’il nous demande « do you wanna get funky », la temperature monte encore d’un cran avec l’inusable « Stool Pigeon ».
Et à un des deux rappels, c’est à bord du « Lifeboat party » que les plus enthousiastes sont priés de monter.
Si je voulais faire le chafouin je déplorerai l’absence de « My Male Curiosity » ou d’un titre du dernier album, mais inutile de chipoter, le spectacle total proposé a largement depassé mes attentes et ravi vieux fans et jeunes néophytes.
Après avoir dansé tout le long, et malgré une crèpe réparatrice, difficile d’apprécier à sa juste valeur Saul Williams, adoré en 2005 au Moulin puis à Marsatac en 2008.
Son dernier album « Volcanic sunlight » sorti cette année le voit suivre une direction « pop » beaucoup moins à mon goût, mais il reste une bête de scène qui aurait gagnée à être programmée plus tôt ou dans un autre contexte.
Fini le temps où il était juste avec un dj ou guitariste, là c’est avec un groupe complet qu’il évolue et galvanise un public plus conquis que moi.
Eu le temps de voir les déclinaisons live de « Dance » et « Look to the sun » qui m’ont un peu fait penser à du TV on the radio en moins torturé, plus policé.
Rien à redire par contre sur la version accapella et glaçante de « Black Stacy » qui rappelle avec frissons ses précédentes prestations habitées.