Il y a quelques années de cela, étant étudiant et ayant besoin d’argent, je me suis retrouvé comme un grand nombre de jeunes à aller bosser chez Mac Do. Alors là tout de suite, on se dit, bonne ambiance, bouffe gratuite, chouille après le service… La vérité en est loin, du moins dans mon cas. Vous avez très certainement vu récemment toutes ces publicités à la télé concernant le sérieux de l’entreprise ainsi que les conditions d’hygiène très strictes qui y règnent.
La vérité, c’est qu’en réalité, tout dépend des Macdo, mais surtout des équipiers qui y travaillent. Aussi, les conditions de travail sont très loin d’être aussi “idylliques” que la pub aimerait vous le laisser transparaître.
La propreté chez Mac Do, c’est strict.
Certes. Mais malheureusement, comme à l’école, les instructions chez certains rentrent pas une oreille et ressortent par l’autre. Si une fois de temps en temps la responsable qualité vient de pourrir un rush du mercredi midi, ce n’est pas pour t’enseigner des règles de propreté, mais plutôt pour te critiquer de manière totalement antipédagogique. Cette nana qui venait dans mon resto, n’avait ni couvre-chaussures, se passait sans cesse la main dans les cheveux, passait de la caisse aux frites sans se laver les mains (après avoir manipulé la monnaie). Bref à par t’engueuler parce que tu ne mets pas le fromage en étoile dans le royal cheese, le reste, elle s’en balançait bien… Quand j’entends dans la pub que c’est super contrôlé, j’ai simplement envie de rire. À moins que les procédures aient changé depuis, à l’époque, madame qualité ne venait pas plus d’une fois par semaine, elle se partageait avec tous les MacDo du département.
Chez Mac do tu as plusieurs tenues.
Certes. Tu as deux tenues par équipier. Autant dire que sur 5 jours travaillés, avec les rush, les températures au dessus des clams (clamshell: grills sur lesquels on fait cuir les viandes) et de la prod (l’étagère métallique sur lesquelles les sandwiches restent au chaud, en principe pas plus de 10 minutes avant de finir à la poubelle, en réalité bien plus longtemps, mais on y reviendra…), j’aime mieux vous dire que l’état de la chemise en jean du MacDo est plutôt immonde. Il y a de quoi essorer un bon verre de sueur. Le pire c’est sûrement en cuisine, pour les tenues. Tu cours, tu te colles de la bouffe sur le torse, tu sues, tu t’essuies le front sur une épaule, l’une après l’autre le temps que la première sèche, etc… En cuisine, de mon temps (donc en 2006), on ne portait pas de tablier. Et puis de cuisinier, le manager t’appelle pour aller faire un tour de Lobby (la salle de restaurant) pour vider les poubelles, balayer, donner un coup dans les toilettes, ramener les poubelles dans le local exigu où ta chemise effleure tous les bacs… le tout sans changer de chemise, et en retournant en cuisine 10 minutes après pour remettre les mains dans la bouffe. Sympa non?
Chez MacDo, on se lave beaucoup les mains.
Certes. Dans la pub, les équipiers modèles expliquent que la pointeuse sonne toutes les 30 minutes (ou toutes les heures je ne sais plus) pour te rappeler que tu dois aller te laver les mains. Certains le font. Certains ne le font pas. Et c’est malheureusement plus souvent les seconds qui sont en majorité. Ce qu’il faut savoir, c’est que s’il est vrai qu’on porte des gants pour préparer les salades, ou pour tripoter les steaks surgelés pour les mettre sur le grill, la préparation des pains et de la garniture, c’est fait à la main. Sans gant. Sans compter les fois où tu te blesses, et où on t’engueule parce que c’est le rush, et que ça fait 10 minutes que ta main est sous l’eau à cause d’une brûlure.
Chez MacDo, on se blesse, mais on a des doigtiers.
Certes. Quand on se coupe, on a le droit à une capote pour doigt. Un espèce de truc infâme ou se mélangent, transpiration, sang, et parfois nourriture. Mais le pire, ce ne sont pas les coupures. Non. Ce sont les brûlures. Il en existe de toutes sortes chez Mac do. Tout d’abord, il y a la brûlure sèche, celle des toasters dans lesquels on met les pains. Ça fait mal, ça pique même, mais c’est propre. Ensuite tu as la brûlure de cuisson. Elle fait un peu plus mal celle-là parce que d’une ça brûle comme sur un grill, et de deux, il y a le gras de la viande. Les cloques et les suintements ne sont pas loin. Enfin, il y a la brûlure ultime, celle que redoutent tous les équipiers en cuisine: la brûlure à l’huile. Un nugget tombe dans le bac à huile et t’éclabousses la moitié du bras. Tu hurles, cloques, suintes, puis saigne. Tu mets donc ton bras sous l’eau. Mais comme c’est le rush en caisse, on te dit que tu te soigneras plus tard, que les 6 bigmacs et les 6 royals lancés sont plus importants.
Chez MacDo, on respecte presque la propreté en cuisine.
Certes. À vouloir trop nettoyer, on peut devenir vraiment très sale. Explications. Dans le Mac Do où je travaillais, les bols pour préparer les salades étaient sur une sorte de chariot à roulette, sur l’étagère du dessous. Sauf que le soir, quand on nettoie et qu’on racle le sol, avec tous les résidus de gras, de viande, de salade, ne nuggets et tutti quanti, et le mélange eau+ désinfectant pour vider le tout dans les bouches prévues à cet effet, il y a des éclaboussures. J’aime mieux vous dire que les bols pour les salades ont été éclaboussés de toutes les souilleries trouvées sur le sol de la cuisine, et ça plus d’une fois.
Chez Mac Do, on fait la vaisselle.
Certes. On a pas vraiment le choix. Mais plutôt que de respecter le très contraignant protocole de lavage qui veut qu’on remplisse les différents bacs d’eau savonneuse, d’eau claire, etc… on fout tout en vrac, on asperge rapidement avec un pulvérisateur, et on rince le tout. Sans parler du lave plateau qui se retrouve à être un lave tout. Le lave plateau, c’est un lave-vaisselle pour les plateaux des clients. Les bacs à frites, le conteneur à frites surgelées, les bacs à nuggets, les pistolets à sauce, etc. tout y passait. Mais le pire, c’est sans doute quand la machine à laver était en panne, cette machine qui voit passer les chiffons avec lesquels on essuie les ustensiles de cuisine, les comptoirs, les tables, mais aussi les serpillières. Quand cette machine à laver était en panne, c’est le lave-vaisselle qui lavait les serpillières. Classe non?
Chez Mac Do, on nettoie les grills.
Certes. On nettoie les grill avec de grannnnds gants anti brûlure que plus personne ne porte vu l’odeur abominable qu’ils dégagent. Du coup, le midi, les clams sont nettoyés “à l’acide” comme ils disaient. En réalité un produit jaunâtre qui puait une fois mit sur les plaques chaudes. Le soir les clams sont nettoyés à l’eau. Vu que c’est très chaud, et qu’on verse de l’eau dessus, un bon coup de chiffon suffit à enlever les saletés. Certes. Sauf que l’eau que l’on met sur les clams, c’est l’eau qu’on puise dans le seau qu’on vient de remplir. Oui, mais le saut gris en plastique qu’on vient de remplir, il a servi à quoi juste avant? En fait juste avant, ce seau contenait de l’eau avec de l’aseptisant, et les brosses à chiotte des toilettes Dames et Hommes. Autant dire que la bactérie E.coli ne devait pas être loin. Bon appétit…
Chez MacDo, la bouffe est fraîche.
Certes. Elle est fraîche. Enfin surtout si l’équipier qui cuisine n’est pas une baltringue. Pourquoi? Une fois, une équipière avec qui je bossais devait préparer un croque macdo. Elle a pris la garniture qui était sur la table. Cette garniture (deux tranches de fromages, un morceau de jambon) était sur la table à garniture depuis le service du midi. Ce croque macdo a été commandé à 17H. Le fromage avait les bords cornés et secs, limites devenues transparents à cause de la chaleur qu’il l’avait ramolli/asséché, ainsi que son acolyte de jambon qui avait les bords rouges et secs. La nana n’a pas hésité une seconde à préparer le croque du client avec ça. Une fois cuit, on n’y voyait que du feu. Je l’ai mis à la poubelle, et je me suis fait blâmer. Je lui ai donc demandé si elle, elle l’aurait mangé, sachant comment il était: “Bah bien sûr que non!” Donc ça ne dérangeait pas cette connasse de faire manger de la merde aux autres.
Chez MacDo, les sandwiches ont des numéros.
Certes. D’ailleurs c’est un truc qui vous chatouille hein? Comment donc fonctionnent ces putains de numéros? Il y en a des noirs et des rouges, de 1 à 12. Ces numéros correspondent avec un afficheur rouge type LED comme votre réveil préféré. En fait un numéro noir représente 5 minutes d’écoulées, un numéro rouge, les 5 autres minutes (noir ça clignote pas sur l’afficheur, rouge ça clignote). Un numéro représente donc 5 minutes. Un sandwich ne doit pas rester plus de deux numéros sur l’étagère chauffante (la prod). Soit la durée de vie d’un sandwich qui est de 10 minutes (un numéro rouge et un noir). Côté client, regardez le numéro du sandwich que la personne prend, et comparez avec ce qui est affiché sur le réveil. Si le numéro de votre sandwich est en dessous, c’est bon, si c’est au dessus, vous pouvez commencer à vous inquiéter. (noir= afficheur qui ne clignote pas, rouge= afficheur qui clignote, souvenez-vous en). Au-delà les sandwiches sont censés être jetés, et bien souvent ce n’est pas le cas.
Chez MacDo, on change les étiquettes.
Certes. Cela ne devrait pas exister. Pourtant là où j’ai travaillé, les salades préparées le matin avec une étiquette indiquant une consommation limitée au midi étaient gardées, et nous avions pour ordre de “retimer” les salades pour le soir.
Chez MacDo, il y a un protocole de lavage de mains.
Certes. Mais personne ne le respecte. Perdre 30 secondes à se les frotter alors que vous pourriez passer ses 30 secondes à faire la garniture de 8 hamburgers, cuisson comprise, ce n’est pas possible.
Morale de cette histoire:
Dans le Mac Do où j’ai travaillé durant plusieurs mois, énormément de choses n’allaient pas sur le plan de l’hygiène. Le comble, c’est que c’est le restaurant pour lequel je travaillais qui avait à l’époque été récompensé pour sa propreté. J’invite donc Mac Donalds France à faire des contrôles bien plus poussés dans les restaurants de ses franchisés. Je ne sais pas comment cela se passe dans les Mac Do directement gérés par Mac Do, mais pour les franchisés, toujours dans mon cas, il ne fallait rien perdre… Et plutôt qu’un contrôle une fois de temps en temps, créer un poste entièrement dédié à cela, une sorte de superflic de l’hygiène, ça ne serait vraiment pas du luxe.
Attention, tout ce que j’ai dit ici ne concerne certainement pas les Mac Do. Je l’ai dit et le répète, la propreté et l’hygiène chez Mac Do, ça dépend du bon vouloir des équipiers, comme dans tous les restaurants. Ceci dit, quand un manager ne s’entend pas avec un équipier, vous pouvez être certains que le travail de ce dernier ne sera pas fait dans les règles.
Tout cela ne m’a pas arrêté d’aller manger chez Mac Do. Il y a toujours pire ailleurs, ou pas!