Où vivez-vous ? Ce critère pourrait jouer un rôle bien plus important non seulement dans votre accès à la santé mais aussi dans votre état de santé, selon cette étude menée par des chercheurs de la Johns Hopkins Bloomberg. Des résultats publiés dans l'édition d'octobre de la revue Health Affairs qui expliquent, qu'à conditions socio-économiques, sociales et environnementales égales, il n'y a pas de disparités raciales en matière de santé. Résoudre les problèmes d'accès à la santé dans une optique prioritairement « territoriale » et environnementale serait, selon les auteurs, bien plus efficace qu'en adoptant, ce qui généralement le cas, une optique communautaire.
Ces scientifiques ont passé à la loupe un quartier racialement intégré, à faible revenu, de Baltimore (Maryland, USA) et constatent après ajustement des facteurs tabagisme, hypertension, diabète, obésité, que l'accès aux services de santé a diminué…mais pour tous les résidents du quartier de manière similaire.
«La plupart de la littérature scientifique actuelle tient compte des disparités en matière de santé pour les différents groupes raciaux et communautés mais ne tient pas compte du lieu et de l'environnement de vie», expliquent le Pr. Thomas LaVeist, auteur de l'étude, directeur du Centre Johns Hopkins et les Prs C. William et Nancy F. Richardson professeurs en gestion de la santé. «En comparant des Américains noirs et blancs exposés à un même ensemble de conditions socio-économiques, sociales et environnementales nous pouvons mieux cerner l'impact de la race (ou l'absence d'impact) sur les aspects de santé et nous concluons que les disparités raciales ont en fait un impact minime à facteurs sociaux équivalents. "
L'équipe a identifié des communautés aux Etats-Unis comportant au moins 35% d'Afro-américains et 35% de Blancs, et où les Afro-Américains et les Blancs ont des revenus et des niveaux d'éducation comparables. Deux communautés de Baltimore ont ainsi été choisies comme sites d'étude et les chercheurs ont mené des entretiens face-face avec les résidents. Les chercheurs ont également utilisé les données de la National Health Interview Survey afin de pouvoir comparer les données nationales et locales sur l'obésité, le tabagisme et le diabète.
«Des Blancs exposés aux risques sanitaires d'un environnement urbain ont un état de santé similaire à celui des Noirs, qui le plus souvent vivent dans ce type de communautés» résume l'un des auteurs. « Les politiques ayant pour seul objectif de modifier les comportements de santé, les différences biologiques ou de mode de vie entre les groupes raciaux ont une capacité limitée à réduire les disparités raciales en matière de santé. L'approche la plus efficace serait de traiter les problèmes de ressources en soins de santé, spécifiques à chaque quartier et d'améliorer ainsi les conditions sous-jacentes d'accès à la santé pour tous les résidents du quartier. "
C'est donc bien une question de « place », pas de race, concluent les auteurs.
Source: Health Affairs October 2011 vol. 30 no. 10 1880-1887 doi: 10.1377/hlthaff.2011.0640 « Place, Not Race”
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