Parce que je ne veux rien oublier de ce jour où mon fils est tombé sur la tête alors qu'il était à l'école. C'était la récrée et il jouait au foot avec ses copains. Il a été bousculé puis est tombé en arrière.
Je n'oublierai pas :
-Le directeur me disant qu'ils ont failli avoir un accident dans l'ambulance et que j'ai pensé qu'il blaguait...
-Que quand je suis arrivée à l'hôpital, j'ai traversé un couloir où j'ai vu que les affaires de mon fils étaient étalées en vrac sur des cartons.
-Que J'ai mis longtemps avant de comprendre que nous n'étions pas dans un couloir mais dans un vrai service...
-La gentillesse du directeur qui aidait mon fils et le rassurait ainsi que moi même.
-l'odeur abominable de la pièce où il se trouvait.
-Le lino jaunâsse qui me faisait pensait que c'était de l'urine par terre et après nettoyage j'ai compris que c'était incrusté...
-Quentin qui me disait de ne pas faire de bruit, parce que derrière lui il y avait un homme dans un brancard relié à tout un tas de machines et qui semblait à moitié mort...
-L'espèce de blouse que l'on m'a fait enfilé et qui avait du servir 20 fois ou plus.
-Le désespoir dans la voix de mon fils qui me suppliait de le sortir de là...
-La valse des médecins, des infirmières, des aides soignantes, du personnels de nettoyage.
-Le manque d'intimité, tout le monde rentre, sort, il n'y avait aucune porte.
-Que j'ai signé l'admission et la décharge en même temps, 15 minutes après être arrivée à l'hôpital sans trop me poser de questions...
-Le médecin qui m'a parlé de traumatisme crânien.
-L'autre médecin qui m'a parlé de bradycardie.
-Un autre médecin qui m'a parlé de problème cardiaque...
-De ce médecin qui me demande " ce que j'en pense " ( sic)...
-Que je me suis dit que le prochain médecin qui allait venir allait probablement me dire qu'il avait un cancer.
-Qu'on avait posé un bol de sarrasin et un bol de soupe sur un tabouret, Quentin n'en a pas voulu. Quand il a eu faim on a réclamé un morceau de pain, ils nous ont donné le bol de sarrasin réchauffé au micro-onde.
-Qu'il n'avait pas d'oreillers et qu'on avait roulé en boules des draps à la place.
-Que la couverture ressemblait au plaid que je donne à mes chiens avant que je les lave ( sans les poils ) à l'odeur...
-Que le bâtiment était très vétuste, il y a avait des câbles qui pendouillaient de partout.
-Que j'étais très effrayée et que j'ai pensé que je vivais un mauvais rêve.
-Que j'ai posé la question au directeur ( qui a vécu en Afrique comme moi pendant des années et en brousse aussi) s'il pensait comme moi que c'était vraiment terrible, pour être sur de ne pas être seule à penser ça et que peut être c'est moi qui exagérais... Il m'a dit qu'il pensait aussi qu'il était préférable de ne pas être malade en Russie...vu l'état des hôpitaux. ( Et je pense sincèrement qu'il y a pire que celui où est allé mon fils ).
-Que Quentin me demendait de lui décrire ce que je voyais dehors depuis la fenêtre et que je lui ai dit que je voyais un bout du lac, des arbres, des vieux immeubles gris...
-Que les médecins essayaient de me persuader de le garder à l'hôpital sans arrêt.
-Que Sergueï me demandait de les écouter jusqu'au bout car c'est le protocole...
-Que j'ai dit à Sergueï de nous sortir de là.
-La joie de mon fils quand Sergueï lui a dit qu'il allait avancer le voiture et qu'il allait enfin sortir.
Merci aux professeurs de l'école n°48 d'avoir pris soin de lui après qu'il soit tombé. Merci aux médecins francophone Nadiejda et Sergueï. Merci à Mr Meur, le directeur pour son soutien indéfectible. Merci à toutes mes amies de France et de Russie pour vos messages de soutien.
Je n'oublierai pas.