Shakespeare Antibiographie – Bill Bryson

Par Theoma

Saviez-vous qu'il existe des centaines de milliers d'ouvrages sur William Shakespeare ? Biographies, thèses, mémoires, recherches diverses, des millions de pages ont été écrites sur le Barde alors qu'en réalité... on ne sait pratiquement rien de lui !

Bill Bryson a choisi comme postulat de départ l'antibiographie. Une à une, les informations détenues sur l'auteur de génie sont analysées pour mieux être démontées. Au fur et à mesure, le peu que l'on croyait savoir glisse comme du sable entre les doigts.

A quoi ressemblait-il ? Comment s'écrivait son nom (sur les documents retrouvés, le Barde n'a jamais signé son nom avec l'orthographe qu'on lui connait) ? Aucune certitude.

Avec beaucoup d'humour et d'honnêteté, Bill Bryson retrace le parcours d'un mystère. Les pages sont foisonnantes de détails sur le contexte de l'époque comme, par exemple, celui qui entoure la naissance de Shakespeare. Entre guerres et épidémies, on apprend :

« En un sens, la plus grande performance de Shakespeare ne fut pas d'écrire Hamlet ou les Sonnets, mais de passer le cap de la première année. »

On découvre combien on a de la chance de posséder ses écrits aujourd'hui alors que le sort habituellement réservé à une pièce de théâtre était la disparition pure et simple. Bill Bryson n'évite pas la polémique et ne met jamais le Barde sur un piédestal qui le rendrait intouchable.

La remise en cause de la paternité de ses œuvres n'a jamais été appuyée de preuve. Sans compter qu'à l'époque, le plagiait était monnaie courante puisqu' « aux yeux des élisabéthains, intrigues et personnages appartenaient au domaine public ».

Dé-raconter la vie de Shakespeare avec sérieux, drôlerie et sans prise de tête, un défi réussi et passionnant !

Payot, 212 pages, 2010

Extrait

« On dit souvent que ce qui distingue Shakespeare c’est sa capacité à mettre au jour les rouages de l’âme, et Dieu sait qu’il fait cela de manière éblouissante. Mais ce qui caractérise vraiment son œuvre, n’importe quelle partie de son œuvre, les poèmes, les pièces et même les dédicaces, c’est la jubilation évidente, palpable, que lui cause le pouvoir fascinant du langage. »