Une drôle de gauche française

Publié le 15 octobre 2011 par Jclauded
C’est dimanche le 16 octobre qu’aura lieu le 2ième tour de la primaire socialiste française pour le choix de son candidat présidentiel à l’élection de 2012.
C’est un bon moment pour le parti socialiste. Il a monopolisé tous les médias durant le dernier mois et demi au point que la droite s’énerve et au lieu de reconnaître que le Parti Socialiste (PS) a fait un bon coup, elle se moque, à tort, de la tenue de cette primaire dans laquelle 3 000 000 de français ont voté. C’est un grand succès, une importante innovation pour la France. Ne pas le reconnaître est mesquin.
Le président Nicolas Sarkozy a dit de cette primaire qu’elle ne correspondait pas aux principes de la constitution de la Vième république écrite par Charles DeGaulle. Pour lui, la primaire donne priorité au parti au lieu de la donner aux individus. Je ne vois pas sur quoi Sarkozy se base pour faire une telle analyse. Ce n’est pas le PS qui deviendra président mais une personne qui assumera, seule, les responsabilités de chef d’État français. La différence avec le passé, c’est que le choix a été ouvert à tous les partisans de la gauche française et non limité à une groupe fermé de notables qui supposément auraient une grâce particulière qui leur permet de choisir le meilleur candidat capable de remplir la tâche importante de président de la France. Pourtant Sarkozy avait insisté, en 2007, pour que le choix du candidat UMP se fasse par le parti et non limité à ses quelques bonzes, thèse défendue par Michel Debré qui voulait ainsi, disait-il, respecter le passé. Donc pour Sarkozy, le parti c’est OK, mais les membres « at large » du parti, ce n’est pas OK. Il a manqué une belle occasion de ne pas commenter la primaire socialiste.
Il semble que ce sera François Hollande qui deviendra le candidat présidentiel du PS. Il a reçu l’appui de tous ceux qui ne se sont pas classés pour le 2ième tour. Les deux candidats avec le moins de votes, Valls (5,6%) et Baylet (0,6%), se sont vite ralliés à Hollande. Ces candidats demi-gauche ne pouvaient se rallier à Martine Aubry qui est de la gauche dure.
Ségolène Royal (6,9%), mère des quatre enfants de Hollande, ne pouvait leur faire injure et se rallier à Aubry. Je soutiens encore que c’est Ségolène Royal qui a fait les meilleurs discours de cette primaire, qui s’est attaqué aux vrais problèmes de la France et qui a proposé des solutions réalistes. Les socialistes doivent reconnaître que plusieurs de ses idées sont maintenant acceptées par le gouvernement de Sarkozy et font partie du programme socialiste. Après avoir battu DSK lors du choix du candidat 2007 au détriment de l’ « establishment » socialiste, ces derniers ne l’ont pas appuyée durant cette campagne comme elle aurait dû l’être. Nonobstant ces coups déloyaux, elle a obtenu plus de 18 millions de voix dans sa défaite.
Par après, ils lui ont enlevé la possibilité de devenir la 1ière secrétaire du PS. Plusieurs affirment même que le clan de Martine Aubry, qui a été élue de justesse à cette occasion, a littéralement « volé » cette élection. Depuis, le malheur de Ségolène est qu’elle a été salie incroyablement par son propre parti. Il n’est pas surprenant que les électeurs socialistes aient perdu confiance en elle et ne l’écoutaient plus. Elle prêchait dans le désert ! Avec toute l’expérience qu’elle avait acquise, elle aurait été une très bonne candidate pour 2012. D’ailleurs, ses participations récentes à la télé, le démontrent de plus en plus clairement.
Puis, il y a Arnaud Montebourg, qui a fait très bonne figure avec 17,9% du vote. Un quotidien français affirmait qu’il « avait sorti le PS du formol ». C’est une très juste image. Il a été le promoteur de la création de la primaire socialiste. Il a proposé des solutions politiques intéressantes et même provocantes. Il a déclaré, entre autres, « j’ai cherché à rénover le parti socialiste de l’intérieur… c’est impossible ». Sa troisième place à la ligne d’arrivée démontre qu’il a beaucoup d'appuis et qu’il est vite devenu le personnage important de la finale. Jouissant de cette nouvelle aura, il a annoncé qu’il écrirait aux deux finalistes, une lettre traitant de ses politiques, afin de déterminer, par leur réponse, celui à qui il accordera son appui. La lettre fut écrite, les réponses publiées et Montebourg a décidé d’appuyer Hollande. La raison : « il est celui qui a gagné le plus de votes au premier tour ». Il a même ajouté « si Martine Aubry avait obtenu le plus de votes alors je l’aurais appuyée ». Alors pourquoi la lettre ? Pourquoi ses déclarations aux médias à cet effet ? La courte avance de 8,75% de Hollande sur Aubry justifie ce cinéma ? Voyons donc ! Ce n’est que de la foutaise et de la petite politique. Je crois que Montebourg s’est enfargé les pieds dans les fleurs du tapis alors qu’il avait le vent dans les voiles.
Il est clair que François Hollande, à moins d’une énorme surprise, sera choisi candidat du PS pour confronter Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2012. Cependant, je crains pour le PS que leur candidat ne soit pas de taille. Rien dans son passé ne permet de voir en lui les capacités requises pour une présidence efficace et d’action. Rien dans ses qualités et son expérience ne montre qu’il a la capacité pour guider la France dans la mer houleuse qu’est devenu le monde d’aujourd’hui. Rien dans son passage de onze ans à la tête du parti socialiste prouve qu’il sait bien gouverner : ce fut défaite après défaite. Rien dans ses discours flous et imprécis, lors de la primaire, nous démontre qu’il sait où il s’en va et qu’il est un homme d’envergure internationale.
Il est clair que les leaders du PS jouent sur l’impopularité de Sarkozy et veulent donner l’impression qu’ils se « rassemblent » autour de leur candidat. Les candidats défaits ont justifié ainsi leur appui à Hollande. C’est devenu en une semaine le mot-clé. Hollande est un rassembleur… Les qualités, les idées ou le passé de Martine Aubry ne comptent plus. Le PS doit être rassemblé et il est décidé que Hollande est celui qui incarne le rassemblement.
Ça prend plus que ça pour gagner une élection présidentielle !
Claude Dupras