Après les quelques débats qu'ont provoqués mon récent billet sur la place des opérateurs de télécommunication dans les paiements sur mobile (sans contact), je ne pouvais résister au plaisir de remettre le couvert à la lecture des commentaires d'un représentant de Citibank sur le sujet, lors de la conférence "BAI Retail Delivery".
En effet, Dickson Chu, ancien de PayPal et responsable chez Citi "des réseaux numériques et du mobile", n'y va pas par 4 chemins : l'objectif des opérateurs n'est pas clair, en dehors de leur volonté d'imposer un "péage" sur le paiement par mobile. Ils pourraient faire beaucoup plus mais, en l'état, ils ne font que freiner le développement des technologies sans contact. Pour l'américain, l'initiative ISIS est directement visée mais la critique pourrait aussi facilement être appliquée à Cityzi et autres expérimentation hexagonales...
Si on accorde un peu de crédit à une vision stratégique dans la banque, ce constat a certainement été à l'origine de la participation (non exclusive) de Citi au projet Google Wallet. En extrapolant la déclaration de Chu, le raisonnement adopté pourrait alors se formuler ainsi : si la banque n'est pas en mesure d'avancer seule, mieux vaut une alliance avec un acteur dynamique et innovant qu'avec des opérateurs uniquement focalisés sur leurs revenus.
Le modèle proposé par Google Wallet est évidemment beaucoup plus limpide pour les banques. Dans ses négociations avec elles, le géant de l'internet a écarté toute velléité de s'immiscer dans le secteur des paiements, préférant se concentrer sur ses secteurs de prédilection (publicité, promotions et fidélité...). Concrètement, Google ne réclame aucune part des revenus tirés des échanges d'argent, tout en assurant une distribution gratuite de ses applications mobiles, pour les consommateurs et pour les commerçants. En ajoutant au tableau son approche "ouverte" (sujette à polémiques mais qui n'en reste pas moins réelle du point de vue des parties prenantes), la comparaison avec la proposition de valeur des opérateurs est très largement défavorable à ces derniers.
Alors que la plupart des banques françaises sont engagées dans des expérimentations avec nos "chers" opérateurs, l'une d'elle aura-t-elle la clairvoyance de Citi ? L'initiative de Google en est encore à ses balbutiements et représente un pari sur l'avenir mais, avec d'autres (PayPal, par exemple), elle représente une option à ne pas négliger. A terme, ce sont les consommateurs qui choisiront leur porte-monnaie mobile et il serait dommage pour les institutions financières de passer à côté de leur future préférence en restant fixées sur la seule solution du partenariat avec les opérateurs...