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Le supplétif

Publié le 15 octobre 2011 par Malesherbes

Après le premier tour de la primaire socialiste, la première fois que j’ai relevé dans le discours d’Arnaud Montebourg le mot impétrants, j’ai pensé que c’était pour éviter le terme impropre de candidats. En effet, présentement, Martine Aubry et François Hollande ne sont que candidats à la candidature. Mais lorsqu’il a prononcé ensuite à deux reprises ce même mot, j’ai compris que nous avions affaire à un cuistre.

L’utilisation du terme d’impétrant ne semble pas vraiment justifiée en l’occurrence. Le dictionnaire nous indique en effet qu’impétrer signifie « obtenir quelque chose de l’autorité compétente, à la suite d’une requête. » On ne voit guère ce que ces deux personnes ont obtenu, si ce n’est d’être qualifiées pour le second tour de cette primaire. Et je ne sais si une fraction du corps électoral, qui plus est élargi à certains mineurs et certains étrangers, constitue une autorité compétente. Je pense donc plutôt qu’Arnaud Montebourg a voulu faire étalage de son savoir. Or, à mon sens, un homme politique devrait s‘efforcer d’être compris de  ceux auxquels il s’adresse et donc d’employer un langage à la portée de tous.

L’attitude de Montebourg avant le second tour lui a valu de descendre encore davantage dans mon estime. Il a en effet déclaré laisser libres de leur choix ceux qui avaient voté en sa faveur. J’ai été profondément choqué de ce propos car je n’avais jamais pensé qu’un électeur eût besoin de sa permission pour se sentir libre de décider tout seul sur qui il porterait sa voix.

Il a fait encore pis en ajoutant que, à titre personnel, il voterait pour François Hollande. Ce prestigieux avocat ignore dans doute qu’en France, le vote est secret. L’article 62 du Code électoral le garantit ainsi : « Sans quitter la salle du scrutin, [l’électeur] doit se rendre isolément dans la partie de la salle aménagée pour le soustraire aux regards pendant qu'il met son bulletin dans l'enveloppe; il fait ensuite constater au président qu'il n'est porteur que d'une seule enveloppe; le président le constate sans toucher l'enveloppe, que l'électeur introduit lui-même dans l'urne. »

Puisque Montebourg ne voulait pas engager les votants, il disposait pour cela d’un moyen fort simple : préserver à son vote son caractère secret. Tout en prétendant respecter la liberté des électeurs, il a néanmoins tenté de les influencer et de plus, le vote étant secret, il conserve la possibilité d’aller encore plus loin dans le mensonge en plaçant dans son enveloppe un autre bulletin que celui annoncé.

Le sommet de l’hypocrisie est atteint lorsqu’il affirme s’être décidé pour François Hollande parce que celui-ci était arrivé en tête. Dans ces conditions, pourquoi donc avoir soumis aux deux candidats du second tour un questionnaire et leur avoir demandé une réponse, alors qu’ils avaient l’un et l’autre sans doute mieux à faire que de disserter sur sa prose. Dès dimanche soir, on connaissait le nom du candidat arrivé en tête. Alors, pourquoi se livrer à un tel cinéma ?

Peut-être pour faire un peu plus briller la sagacité et l’esprit pénétrant du génial Montebourg, si preste, en grand politique, à apporter, gratis ?, son soutien au possible gagnant !


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