Les ministres des finances du G20 doivent se retrouver ce vendredi et ce samedi à Paris, avec l’objectif de construire un « cadre pour une croissance forte, durable et équilibrée » (dixit le dernier G20 finances de Washington). Mais ce G20 finances s’annonce comme une coquille vide, tout comme le G20 de Cannes, les 3 et 4 novembre prochains.
Le G20 est paralysé par les tensions entre les États-Unis et l’Europe sur la gestion de la crise de l’euro. Une gestion jugée calamiteuse par les autres grandes puissances du G20. Dès lors, comment prendre au sérieux les propositions de N. Sarkozy au G20, quand lui-même et ses partenaires européens sont incapables de se mettre d’accord sur une quelconque politique économique et monétaire commune, à même de remettre la finance à sa place et de relancer l’économie pour satisfaire de vrais besoins ? Le G20 est également paralysé par les tensions entre les États-Unis et la Chine sur les questions monétaires. Aucune des deux options avancées (proposition américaine de plafonner les déséquilibres commerciaux, proposition chinoise de développer une monnaie internationale face au dollar), pourtant légitimes, ne semble pouvoir être adoptée.
La taxe sur les transactions financières est-elle aujourd’hui revendiquée par quelques gouvernements européens parce qu’ils savent que beaucoup d’autres s’y opposeront ? Et d’autres sujets ont tout simplement disparu, comme les paradis fiscaux et judiciaires, « blanchis » par les derniers G20 à peu de frais. Pour sauver la face, le G20 se présente maintenant comme un cadre de coordination (en réalité, au mieux, d’information) sur les politiques des différents États.
Le G20 porte donc une responsabilité majeure dans la non-résolution de la crise financière et sa transformation en crise sociale. Désigné dès 2008 comme l’instance internationale pour résoudre la crise, il a laissé croire à une reprise en main de la finance tout en la laissant libre de toute nouvelle contrainte, il a impulsé le sauvetage massif de la finance sans contrepartie et il a relancé le FMI, artisan des plans d’austérité. Le G20 finances à Paris et le G20 à Cannes s’apprêtent d’ailleurs à renforcer à nouveau les capacités financières du FMI.
Ce 15 octobre, quand les financiers des vingt pays les plus riches du monde se réuniront dans le dos des peuples, les mouvements sociaux se mobiliseront dans plus de soixante-dix pays à travers le monde à l’appel des Indignés. Faire entendre d’autres voix, pour désarmer la finance, partager les richesses, préserver la planète et réinventer la démocratie : ce sera aussi l’objectif du « Forum des peuples » face au G20, du 1er au 4 novembre à Nice.
Attac France,
Paris, le 14 octobre 2011