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La France est en finale de la coupe du monde de rugby, et pourtant, on a du mal à se réjouir.

Publié le 15 octobre 2011 par Leunamme

Levons d'abord toute ambiguïté : si dimanche prochain la France remporte la coupe, il n'y aura pas de lézard, la joie sera totale, la bière fraîche et la fête gargantuesque. Pourtant, il n'empêche, le XV de France est en finale, a une vraie chance de gagner cette coupe qui le fuit depuis si longtemps, et il y a comme un malaise.

Peut-être vient-il du fait qu'à l'évidence, l'équipe nationale ne joue pas bien, ne fait pas plaisir à voir sur un terrain, bref ne mérite pas complètement sa place. Après un premier tour plus que poussif, où elle aurait dû être sortie par les canadiens si un calendrier scandaleux n'avait pas obligé ces derniers à jouer deux fois dans la semaine, les Français ont réussi "l'exploit" de sortir des Anglais qui ne sont que l'ombre de ce qu'ils étaient en 2003 ou 2007. Et en demie, ils s'en sortent miraculeusement, en jouant mal, sans rien proposer face à des Gallois valeureux, au jeu flamboyant mais poursuivis par la malchance.

Comparé aux 6 coupes précédentes, le XV gaulois est peut-être le plus faible que nous n'ayons jamais eu. Pourtant, en finale, il pourrait sortir un de ces matchs incroyables qui sont la spécialité locale. Et gagner. Qu'à cela ne tienne, si tel était le cas, pour la première fois depuis la création de cette épreuve, le sentiment que la meilleure n'a pas gagné serait dominant.

La faute n'en incombe pas aux joueurs, ni à personne précisément. Mais peut-être convient-il de se souvenir de ce qu'était le rugby il y a une trentaine d'années à peine. Un sport d'engagement total, sans calculs, sans fioritures, où le vainqueur à la fin du match, dans 99 cas sur 100, était forcément le meilleur. Peu à peu, avec l'arrivée du professionnalisme, les choses ont changé. Aux enjeux sportifs sont venus s'ajouter des enjeux économiques. Du coup, la nature même du jeu s'en trouve modifiée, à l'instar de ce qui se passe dans le football. Désormais, c'est le résultat qui compte, peu importe la manière.

Alors, c'est d'accord, on est heureux que la France soit en finale, on le sera encore plus si elle la gagne, mais la joie ne pourra pas être totale, parce que l'on aura l'impression que le rugby a changé d'âme, qu'il n'est plus ce sport d'hommes de caractère, qu'il a été un peu perverti par des valeurs qui jusque là lui étaient étrangère. C'est peut-être l'époque qui veut ça, l'évolution normale des choses. On peut quand même le regretter. De même que l'on peut regretter que la meilleure équipe de France de tous les temps, celle de 1987, n'ait jamais gagné la coupe du monde. Mais c'était à une époque où un exploit ne suffisait pas à battre les blacks. Il fallait être meilleur qu'eux.

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