Après 12 jours de bons et loyaux services à la fromagerie calabraise, il était temps de mettre les voiles si je voulais encore fait le petit rote-tripes que j'avais prévu dans les Pouilles avant de reprendre mon avion. Non mais franchement, je me demande qui est le terminologue italophobe qui a traduit ce nom de région. Si mélodieux en Italien (Puglia, avec un « l mouillé »), et si... crasseux dans notre pas toujours si belle langue.
Première étape: Bari. Le destin est un cruel petit plaisantin: devinez à quelle heure partait le seul et unique bus de la journée? A 5h25... du matin, comme s'il avait lui aussi du fromage à faire. Le pire, c'est que j'ai failli le rater car il est parti 5mn en avance. Il n'aurait plus manqué que je me sois levée pour rien...
J'ai été récompensée de mon sacrifice par un magnifique lever de soleil sur la mer ionienne.
en direct du bus
quelques minutes plus tard...
Vous n'allez pas me croire, mais c'était mon premier (sur la mer, en tout cas). Les couchers de soleil, j'en avais presque fait une over-dose pendant mon voyage en Asie, mais dans l'autre sens, c'est pas mal non plus... voire encore mieux.
Arrivée à 9h30 à Bari, j'ai eu la journée entière pour découvrir la ville que les Calabrais, mauvaises langues, m'avaient décrite comme absolument indigne d'une visite (en un mot: moche). J'ai bien fait de ne pas les écouter: je suis tombée sous le charme.
J'ai arpenté les ruelles de la vieille ville sous une chaleur de plomb qui m'a à peine dérangée: mes 4 mois d'Asie en saison humide m'ont immunisée. Qu'est-ce qu'une chaleur sèche après ça! A la ferme tout le monde se lamentait « che calore, je meurs! » et moi: « ah bon, il fait chaud? ». Et puis qui dit chaleur dit en général ciel bleu azur: je crois que j'ai vu la ville sous son plus beau jour, j'en ai épuisé la batterie de mon appareil photo, pire qu'une Japonaise devant la Tour Eiffel. Par quoi commencer?
L'arrivée. C'est vrai que la partie nouvelle de la ville n'a rien de spécial, mais c'est la civilisation et après 2 semaines de vie villageoise voire campagnarde, ça fait du bien de la retrouver. Enfin des magasins dignes de ce nom.
arborer un sac à l'effigie de l'un des 7 nains est du dernier chic
Et puis une ville côtière sous le soleil, ça ne peut pas être complètement moche.
Donc, ce centre historique... Inutile de préciser que les Vespa et le linge suspendu y pullulent,
qu'il regorge de charmantes petites cours intérieures,
et qu'on y trouve ces petits magasins dont seule la contemplation de la vitrine vous met l'eau à la bouche.
Mais il y règne une atmosphère de grande ville bien particulière. Difficile à décrire.
Je ne sais pas si les fausses feuilles qui habillent certains balcons
Notez que la plupart des Vespa sont dotées d'une vitre protège-insectes (et vent?)
dégagent des vapeurs hallucinogènes, mais j'ai vu la Vierge, et pas qu'une seule fois. Elle vous attend au fond d'une ruelle,
vous observe du haut d'un mur,
vous guette sous des arcades...
vous surprend quand vous avez l'audace de passer la tête par une porte cochère...
Bref, elle est PARTOUT.
Je me demande si la femme aux orecchiette (littéralement: petites oreilles) ne serait pas elle aussi une de ses incarnations... Sa présence, par contre, est plus localisée, concentrée sur 2 ou 3 rues.
Assise sur une chaise, elle pétrit de la pâte à pâtes (??!) (trouvez-moi une meilleure expression) qu'elle étire en longs et fins boudins.
Elle les tranche ensuite avec son couteau avant de leur donner, en un coup de main, la forme de petites oreilles.
Un petit coup de séchage au soleil,
quelques minutes de cuisson, et hop, elles atterrissent dans mon assiette
Très bon bien sûr mais pas grande différence au goût avec des pâtes normales.
Magique.
Suite au prochain épisode... (avant Noël, c'est promis) (c'est que ça prend du temps de trier les photos) (et surtout que je suis une grosse feignasse, d'accord)