Voici plus d'un mois que je ne suis pas revenu ici.
Pourtant lorsque j'ai recommencé à écrire ici, à la faveur d'une tentative de racomodage de mon coeur en miettes, je m'etais promis de revenir si ce n'est souvent, au moins réguliérement.
Certainement pas de la même façon qu'autrefois, du temps de la petite célébrité blogospherique dont j'ai pu bénéficer, de façon moins hystérique, moins omnubilée de reconnaissance, mais au moins de temps en temps pour déposer ici mes états d'âme, pour partager mes ressentis, mon émotion, ma vie ...
Et pourtant rien depuis un mois et demi. Pas le temps, pas la motivation, pas grand chose à dire ...
Et ce soir, en sortant du métro me ramenant chez moi, j'ai ressenti à nouveau le besoin d'écrire, ce petit picottement au bougt des doigts, ce petit frémissement de coeur, ce besoin, cette envie.
A la faveur peut être de cette lumière mordorée de fin de journée d'automne, à celle encore de la mélancolie subtile et élégante qui s'en dégageait, ou peut être à celle de France Gall dont j'avais écouté tout l'après midi et en boucle, le sublime "Viens je t'emméne" ....
Je ne sais pas vraiment pourquoi, et peu importe au fond, mais toujours est il que je me retrouve les doigts scotchés au clavier de mon ordinateur. Pour revenir sur celles et ceux qui comme tout un chacun peuplent mon pathéon affectif. De celles et ceux que j'ai aimés qui m'ont aimés sans doute aussi et qui ont disparu de la surface de mon existence, pour de bonnes ou de mauvauises raisons, avec lesquels je me suis disputé, qui m'ont quitté, que j'ai quitté, ou qui tout simplement comme ces magnifiques fleurs d'été ont fânés une fois l'hiver venu....
Amis, amants, amoureux, professeurs, garçons ou filles ils ont marqué ma vie.
Et je les porte en moi comme de fines péllicules d'âme entourant mon coeur, comme des fragments de vie éparses composant une mosaique.
Je ne suis pas un homme d'oubli. Je suis un homme de souvenirs. Je ne suis même que souvenirs, comme un mille feuille de souvenir, liés entre eux par la créme épaisse et grumeleuse qu'est la vie.
Je ne sais pas faire autrement, c'est ainsi, comme Perrec, je me souviens... encore et toujours, de tous et de tout ... c'est plus fort que moi.
Je les ai tous aimé, et il est probablement certain, que je les aime encore....
C. la jolie blonde à la chevelure bouclée et au sourire ravageur dont j'étais convaincu que nous étions liés à vie par une amitié délicate que je prenais, douce naiveté d'adolescence, pour de l'amour...
S. que j'ai tant aimé et qui m'a tant humilié, tant blessé, et pour qui j'ai accepté l'inacceptable....
Mme D. ma vieille professeur de français, aux doigts déformés par l'arthrite, à la sévérité si drastique et à l'exigeance intellectuelle si élévée et dont les grands yeux noirs brillaient tantôt de colére, tantôt d'amour...
C. et sa personnalité hors norme tellement pétrie de fragilité, qui du jour où elle m'avait ouvert les portes de son coeur m'a rejeté d'un bloc...
E. qui a changé ma vie pour toujours par son amour inconditionel qui était si beau et si doux mais dont la l'intensité de l'amour me faisait parfois peur ...
Tous, ils sont ma mosaique de vie, ma chair, mon sang, mon âme.
Et îl n'est pas rare que bien des années aprés, j'ai le sentiment de les croiser, de les voir, dans la rue, au restaurant, en club ....
Et précisément parceque je sais que beraucoup d'entre nous, et moi le premier, souffrent d'amour, j'ai voulu aujourd'hui rendre hommage à tous ceux que j'ai aimé avant ...
Ils ne le sauront jamais, mais moi je le sais. Et vous aussi maintenant.