Delphine Boileau-Terrien
Une fois par mois, Expat Forever vous propose de rencontrer une femme expatriée, un expat entrepreneur ou parfois les deux en même temps afin de mieux comprendre et d’appréhender la vie au quotidien en expatriation. Ce mois-ci, j’ai rencontré Delphine Boileau-Terrien qui vit aux Etats-Unis et qui a créée Femmes de Challenges, un beau nom pour un beau projet !
Expat Forever: D’où êtes-vous originaire ?DBT : De la région parisienne.
EF : Où vivez-vous actuellement et depuis combien de temps ? DBT : Je vis depuis deux ans aux Etats-Unis, dans l’état de New York, à Rochester exactement.
EF : Est-ce votre première expatriation ? DBT : Non, j’en suis à ma troisième !
EF : Pouvez-vous retracer votre parcours d’expatriée et votre ressenti personnel pour chacun des pays ou vous avez vécu jusque là ?DBT : Oulala, il y en aurait des choses à dire ! Alors, ma première expatriation a été en Belgique à Bruxelles. Je travaillais à Paris en tant que responsable des ressources humaines dans une entreprise américaine et j’y ai rejoint mon mari. Je suis arrivée « la bouche en cœur » pensant y travailler facilement. Je suis restée moins d’un an à Bruxelles et je dois avouer que j’ai trouvé cette première expatriation difficile et ce pour plusieurs raisons : 1/ je ne savais pas ce que c’était que de s’expatrier, 2/ je me suis isolée, 3/ le fait de ne pas parler le flamand a été un vrai frein à ma recherche d’emploi et j’ai fini par perdre confiance dans ma capacité à occuper un emploi.Forte de cette expérience, lorsque mon mari m’a parlé de partir à Shanghai, j’ai dit oui très rapidement : je voulais repartir de zéro et avec un autre état d’esprit !Les trois années que nous avons passé à Shanghai ont été très riches aussi bien professionnellement que personnellement. Mon premier objectif était de travailler. J’ai trouvé un travail en deux mois et j’ai intégré un cabinet de chasseurs de tête et de conseil en ressources humaines. J’ai beaucoup aimé Shanghai parce que c’est une ville qui dégage beaucoup d’énergie. Socialement, il y a beaucoup d’expatriés (dont des Français). Nous n’avons pas réussi à vraiment connecté avec les Chinois même si mon mari et moi-même travaillions avec eux tous les jours. La différence culturelle est vraiment importante. Plus globalement et finalement, au bout des trois ans, nous avons tout de même été contents de partir parce que le fait de ne pas pouvoir conduire, la pollution sonore et l’ambiance commençaient à nous peser.Nous sommes depuis deux ans aux Etats-Unis. Le contraste avec Shanghai a été vraiment fort : ici beaucoup d’espaces, de verdure, de tranquillité (parfois trop). C’est vraiment le lieu idéal pour une vie de famille à la campagne.
EF: Quelles difficultés avez-vous rencontré au début de votre installation aux Etats-Unis ?DBT : Le fait que nous ayons été accueillis par un grand froid et beaucoup de neige !!Je dirais que les difficultés ont été liées à la fatigue du changement et le fait d’arriver avec deux bouts de choux, l’un de deux ans et l’autre de 5 mois…
EF : Vous avez créé un projet nomade d’entreprenariat avec votre société Femmes de Challenges. Comment et pourquoi avez-vous été amenée à développer un tel projet ?DBT : C’est à Shanghai que j’ai effectué une transition de carrière. Après une dizaine d’années dans les ressources humaines, le recrutement et le conseil en entreprise, j’ai été coach pour me préparer à retourner sur le marché du travail en Europe. En trois séances, j’ai pris conscience que le métier qui me trottait dans la tête depuis des années était vraiment fait pour moi ! Je me suis donc formée au coaching puis nous avons eu la chance d’avoir une année de plus d’expatriation et j’ai donc démarré en tant que coach il y a quatre ans à Shanghai.Lorsque nous sommes arrivés aux Etats-Unis, je me suis dit que je ne comptais pas tout redémarrer à zéro professionnellement à chaque nouvelle destination donc, j’ai créé mon entreprise portable. Grâce à mon site et Skype, je suis accessible du monde entier. Je suis vraiment ravie, c’est comme l’aboutissement d’un rêve.
Femmes de Challenges
EF : Quels genres de services proposez-vous et à qui s’adressent-ils ? DBT : J’accompagne les femmes expatriées à trouver un emploi à l’étranger.Mes clientes viennent pour : •faire un bilan de carrière, •élaborer leur projet professionnel, •être guidée dans leur recherche d’emploi à l’étranger•et également pour structurer et vivre de leur activité de freelance.
Ma méthode est d’accompagner mes clientes avec des séances de coaching individuel pour les aider à désamorcer leurs difficultés personnelles. Je les forme également à la technique de recherche d’emploi à l’étranger plus spécifiquement qui, aujourd’hui, va plus loin que de faire son cv et consulter les sites d’offres d’emploi. De cette façon, elles peuvent appliquer les mêmes méthodes lorsqu’elles s’expatrieront dans un autre pays.J’organise également des ateliers en groupe pour apprendre à créer et utiliser son réseau.Mes séances s’effectuent par Skype en individuel et j’utilise un outil de vidéoconférence pour les ateliers de groupe afin que toutes les participantes puissent se voir.
Enfin, j’offre mensuellement une vidéoconférence gratuite sur les meilleurs conseils à utiliser pour trouver un emploi à l’étranger.
EF : Sur le moyen – long terme, comment souhaitez-vous faire évoluer ce projet ?DBT : A moyen terme, je vais proposer une offre de services encore plus complète avec des partenaires tels que Global Cv qui aidera mes clientes à la rédaction des cv parfaitement adaptés aux spécificités culturelles, des vidéoconférences avec des experts de la recherche d’emploi à l’étranger et encore d’autres nouveautés, à suivre donc !…A long terme, je prévois d’élargir mes services aux femmes qui vivent des défis dans l’entreprise (obtenir une promotion, gérer une équipe, l’équilibre vie pro et perso…)
EF : D’un point de vue personnel mais aussi professionnel, quels avantages trouvez-vous dans la réalisation d’un tel projet ?DBT : Du point de vue personnel, c’est un vrai épanouissement, j’y retrouve mes valeurs d’autonomie, de liberté, d’apprentissage, de diversité et d’équilibre de vie. D’un point de vue professionnel, c’est vraiment un aboutissement ! Je vis de ce qui me passionne. Que demander de plus !?
EF : Et si demain, vous deviez repartir et tout recommencer ailleurs. Comment réagiriez-vous ? DBT : Très bien ! C’est l’avantage de l’entreprise portable, je l’emmène avec moi partout. Je n’ai qu’à jongler avec les différents créneaux horaires.
EF: Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans votre vie d’expatriée et pourquoi ?DBT : Etre en expatriation m’a permis d’ouvrir le champs des possible et de sortir encore plus de ma zone de confort. Quelqu’un m’aurait dit, il y a cinq ans, que je créerais mon activité en tant que freelance avec des clientes dans le monde entier, je ne l’aurais jamais cru !L’expatriation accélère et fait vivre les évènements de façon exponentielle. C’est varié et très intense. Ça peut être très déstabilisant mais après coup, c’est tellement riche d’apprentissages !
EF : Qu’est-ce que vous détestez le plus dans ce mode de vie et pourquoi ?DBT : De laisser des amis à chaque destination…
EF : Que conseillerez-vous à d’autres femmes qui s’apprêtent à suivre leur conjoint à l’étranger pour la première fois ?DBT : Je leur conseillerais de bien discuter avec leur conjoint avant de partir pour que chacun trouve son compte dans ce projet d’expatriation. Les femmes doivent avoir les moyens financiers et en temps pour pouvoir s’épanouir en expatriation.Ensuite, elles doivent penser réseaux, c’est fondamental ! Non seulement garder le lien régulier avec leurs amies de France mais aussi, créer leur réseau social et professionnel sur place.
Merci Delphine et longue vie à Femmes de Challenges !
Partageons nos expériences pour mieux vivre notre expatriation.