Ludovic Maillet a un gros faible pour les abeilles, au point d'être président de l'association "Bee Happy" (plutôt bien trouvé comme dénomination ! voir le site web là). Mais voilà, il habite Grenoble. Et ses voisin l'auraient sans doute mauvaise de le voir élever ce genre de bêbêtes sur son balcon. Il profite donc des jardins des communes environnantes pour mettre ses abeilles "au vert". Dédé accueille ainsi 7 des ruches de Ludovic. Bruno, lui, en a deux en dépôt depuis juillet (voir ici leur installation sur son terrain).
Et voilà-t-y pas que Bruno, piqué (c'est le cas de le dire, ha ha ha !) au jeu après quelques réticences au début, a rapidement eu des envies de production de miel perso. Il s'est souvenu de ma curiosité sur le sujet, et m'a invitée à assister à la division d'une ruche. Le but ultime de la manip' étant d'obtenir 2 ruches à partir d'une seule (magique !) : une qui reste chez Dédé, et une toute neuve chez lui.
... Nous voilà donc, Ludovic le pro, Bruno le novice et SoSo la testeuse, dans le jardin de Dédé...
La tenue
Soleil au beau fixe avec chaleur du mois d'août, mais passage obligé avant d'approcher les abeilles : se déguiser en cosmonaute ! Je troque les tongs contre chaussettes et chaussures fermées, et j'enfile la tenue de Denise (qui mesure au moins 20cm de plus que moi !), l'épouse de Bruno : une combinaison, un casque et des gants.
Bon à savoir avec le recul, se faire un chignon quand on a les cheveux longs ce n'est pas du luxe. Parce que les emberlificoter dans les zips ou les avoir qui tombent dans les yeux une fois que tout est blindé, ce n'est pas le top ! Pensez aussi au petit pipi avant. Se soulager ensuite est aussi pratique que lorsqu'on porte une combin' de ski, mais en "plus pire" avec le masque fixé au reste !
On respecte la consigne !
Avant d'approcher de la zone, petit débriefing sur les mesures de sécurité à prendre. A notre niveau il n'y en a qu'une : éviter de se tenir devant l'ouverture latérale des ruches. Les abeilles sortent quasi en ligne droite sur plusieurs mètres. Et comme elles ne voient pas grand-chose, elles risquent d'être surprises et de prendre peur, de s'énerver, et de nous piquer. Il faut donc se tenir derrière.
Bref... ne pas faire ce que je fais sur la photo ci-dessus, oups !
Une bonne petite fumette
Avant de pouvoir travailler au niveau des ruches, l'apiculteur prépare son enfumoir.
Dans le récipient, il se fait un petit bbq avec des brindilles et copeaux qui trainent autour de lui, puis y place un combustible à combustion lente et douce à base de lavandin. Il doit être trèèèès chaud. En appuyant sur le soufflet, des giclées de fumée blanche s'échappent. Quelques pschitt pschitt devant la sortie de la ruche environ 1 minute avant l'ouverture du couvercle du dessus, puis encore d'autres sur le dessus découvert ensuite.
La fumée blanche désoriente les abeilles, elles ne sentent plus les phéromones de la reine. Du coup, elles sont moins agressives.
Y aurait-il une légère pointe d'angoisse chez Bruno ?... :
Apiculture - ouverture d'une ruche : enfumage... par sophiedelamarsa
Achtung ! Il ne faut jamais intervenir sur une ruche sans enfumoir. Les abeilles sont très organisées et si on les énerve elles vont aller piquer. Nous, mais aussi un peu plus loin le voisinage qui bronze pépère sur sa terrasse ou barbotte dans sa piscine !
L'ouverture de la ruche
Outil indispensable pour soulever le couvercle, l'espèce de petite raclette. Car il est plus ou moins collé par la propolis (= un mélange de sécrétion salivaire et de substances végétales).
Juste dessous, une grille permet de récupérer cette propolis à laquelle on prête plein de propriétés extra pour la santé depuis des lustres.
Euuuh.. Elles sont toutes proches là les bestioles... :
Apiculture - ouverture d'une ruche par sophiedelamarsa
Et dans la boite, les cadres qui permettent de récolter le miel sont placés verticalement.
Recherche de la reine puis 1 = 2 !
Une fois que l'on a trouvé une ruche bourrée à bloc, les choses sérieuses commencent... L'idée, c'est de déménager la moitié des abeilles de la ruche dans une ruchette de transition, en prélevant des cadres
Première étape, chercher la reine. Madame est unique dans sa ruche. Si on prélève des cadres au hasard, impossible de savoir si elle est restée dans sa première demeure ou non. Et une ruche sans reine, c'est une ruche qui ne peut plus se reproduire puisque seule la reine pond, et oui. C'est assez long de voir réapparaitre une nouvelle reine de façon naturelle, environ 15 jours. Elle est issue d'une larve lambda, mais exclusivement nourrie avec de la gelée royale, alors y'a du taff ! Ludovic veut bien refiler des abeilles à Bruno, mais pas se faire chourer sa reine tout de même !
Mais pour trouver la reine au milieu de 50 000 abeilles, il faut s'approcher de près... de très près... !
Sacrebleu, j'suis repérée ! :
Apiculture - examen du cadre d'une ruche par sophiedelamarsa
... De plus en plus près... :
Apiculture - examen du cadre d'une ruche par sophiedelamarsa
Pour s'y repérer un peu, il faut savoir qu'au milieu des nombreuses abeilles qui se ressemblent toutes, la reine a environ la taille d'un frelon, avec un grand abdomen, elle est assez fine, élégante. Les mâles, eux, sont de gros patauds, pas très longs. Les couvains, ce sont les alvéoles. Elles servent à l’élevage des larves pour en faire des abeilles. Au centre, du nectar en train de devenir du miel par humidification et salivements des abeilles. Et tout ça pèse lourd !
C'est bon, Ludovic l'a trouvée ! Allez Bruno, caresse-la ! :
Apiculture - examen du cadre d'une ruche = la... par sophiedelamarsa
Maintenant qu'il sait où elle est, Ludovic peut laisser la reine peinarde dans sa ruche, et transférer quelques autres cadres dans la ruchette. Il réduit l'ouverture latérale avec des "portes d'entrée" en fer ou plastique, car la ruchette est "faible" : la manque de ressources à cette époque, ça incite au pillage ! En théorie, les abeilles placées dans la ruchette doivent illico s'occuper de re-fabriquer une reine.
Interlude : retour à la nature
Dans une espèce de soucoupe volante, voici une ruche naturelle (= pas de cadres). C’est juste pour le fun et faire « comme avant ». En fait ça ne sert à pas grand-chose : c’est difficile à exploiter et ça ne produit pas grand-chose. Sur le couvercle, un petit récipient avec de l'eau glucosée pour booster un peu les abeilles.
...et en route pour le "grand voyage" !
Dans les ruches sont placées des petites "pierres". Idem dans la ruchette. Ce sont des lamelles imbibées d'huile essentielle, principalement de thymol. Cela permet de réduire naturellement la population de varroa, une merdouille de tique de l'abeille qui se nourrit de son sang après l'avoir piquée. La pauvre se retrouve avec plein de plaies sur le corps, portes ouvertes aux maladies et devient toute faiblarde.
Nous sommes maintenant chez Bruno. Les cadres restent tout l'hiver dans la ruchette posée à côté des 2 autres ruches déjà en place. Il faut bien que les abeilles s'habituent à leur nouveau jardin.
Comme on est relativement proche de l'hiver, il faut mieux introduire de suite une nouvelle reine dans la "ruche orpheline" sans attendre qu'il s'en forme une naturellement. Comme cela pas de perte de temps, et au boulot fissa la pondeuses et les ouvrières. La nouvelle reine arrive d'Allemagne par colis postal !
Et puis au printemps rebelote pour un transfert : les cadres de la ruchettes seront placés dans une ruche toute neuve, celle perso de Bruno.
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Bonus
... Et une fois que Bruno aura récolté son miel, on s'invitera tous chez lui pour déguster les bonnes choses que Denise préparera avec !
Une petite sélection piochée sur son blog Gourmandenise (c'est ici) :