La France avec ses récentes mesures et sa réforme du médicament contribue à rendre encore plus noires les perspectives de l'industrie pharmaceutique en Europe, du moins pour 2012, explique cet article lu dans Scrip, un média britannique spécialisé dans l'univers pharmaceutique. En quelque sorte, la réforme française en cours serait le coup de grâce. Car si tous les gouvernements européens, sous le poids de leurs déficits intensifient leurs efforts pour réduire les dépenses de santé, la réforme en cours en France, tardive en comparaison des autres états européens, est un dernier tour de vis sérieux porté à l'Industrie, au niveau européen. Selon l'auteur, un tournant qui va contraindre les laboratoires à revoir en profondeur leurs stratégies.
-L'Allemagne après avoir gelé les prix des médicaments l'année dernière, aurait abandonné son système de libre-concurrence et libre-tarification (le principe étant le remboursement sur la base du service médical rendu, quel que soit le prix du médicament) et voté une nouvelle loi impose un prix au nouveaux médicaments sur la base du rapport coût-efficacité donc du SM rendu. Seuls les médicaments ayant des bénéfices supplémentaires pourront accéder à des négociations de prix, le prix des autres médicaments sera plafonné. Une mesure, qui, en Allemagne devrait permettre 2 milliards d' eurocette année.
-L'Espagne voit ses dépenses de santé et ses ventes de médicaments diminuer et, selon l'article de Scrip, c'est la baisse des prix pharmaceutiques qui viendrait, là encore, "étrangler" les entreprises, dans l'attente de nouvelles mesures pour stimuler l'utilisation des génériques.
-Le Portugal ressent lui-aussi les effets des multiples réductions de prix de l'année dernière, tout comme la Grèce, l'Espagne et la France. La Grèce aurait diminué ses ventes de médicaments de centaines de millions d'euros en raison de la dette et de la contraction du marché pharmaceutique. Le laboratoire Roche aurait déjà quitté ce marché.
La France serait parmi les derniers en Europe à prendre ces mesures drastiques sur le prix des médicaments et les dépenses de santé. Outre-Manche, le projet de Loi de Finance de la Sécurité sociale (PLFSS 2012) arrive avec ses 620 millions d'eurode déremboursements, ses 40 millions d'eurode suppression de remboursement et ses 150 millions d'eurode nouvelles taxes, à un moment particulièrement mauvais pour l'industrie en France, qui fait déjà face à un ralentissement de la croissance des ventes. Ici, l'auteur rapporte la position des Entreprises du Médicament (Leem) qui voient immanquablement dans ces mesures, une sanction indirecte liée aux « affaires ».
Si la France vote la réforme dans sa forme actuelle, c'est une nouvelle pression exercée en Europe sur les prix et le remboursement des médicaments, et donc la croissance des ventes. Car tous les Etats membres de l'UE s'observent et prennent exemple les uns sur les autres. A ce compte de nombreux laboratoires pourraient devoir revoir leur stratégie et rechercher de meilleurs rendements financiers. Pour certains, écrit l'auteur, la réponse pourrait se trouver dans de nouveaux produits innovants qui répondent au critère de valeur ajoutée ou dans les génériques, en profitant des efforts des gouvernements pour stimuler la prescription de médicaments moins chers hors brevet. D‘autres enfin, regarderont vers les économies émergentes comme la Chine, l'Inde, la Russie et le Brésil. Des pays qui, selon l'auteur toujours, ont aussi une réglementation des prix rigoureuse et une politique de maîtrise des dépenses de santé.
Source: SCRIP (Ian Schofield) «French cuts add to European meltdown » (Visuels Gemme)
Lire aussi : MEDIATOR et réforme du médicament: SO FRENCH ! disent les Anglosaxons –
PLFSS 2012 : Haro sur le Médicament -