Martine Aubry contre François Hollande. La finale ne concernera que peu d’électeurs (les sympathisants de gauche qui se déplaceront), mais elle montre en tous cas, à mon sens, deux manières différentes de faire et de concevoir la politique. Le fond est sans doute identique sur bien des points. Pas la forme.
Hier soir, Martine Aubry a lancé une nouvelle salve pleine d’humanisme en direction de son concurrent François Hollande. Ce n’est pas la première depuis le début de la campagne. C’est une manière de faire de la politique : centrer son discours sur l’attaque ou la moquerie de l’autre.
Un ton cassant. Une envie de faire mal. A l’autre, à l’adversaire, au camp d’en face, qu’on accusera de tous les maux.
Sur la forme toujours, cette volonté d’avoir une « gauche dure »… Combattre le mal par le mal. Remplacer la droite dure par la gauche dure ? La belle affaire… Et puis laquelle, de « gauche dure » ? Celle actuellement au pouvoir en Espagne, en Grèce ou au Portugal, qui réduit le salaire des fonctionnaires, augmente considérablement les impôts et la durée de cotisation pour la retraite ?
En face, il y a François Hollande, qui a fait une campagne que j’ai trouvé assez digne. Certains lui reprochent de ne s’être prêté au jeu préféré de Royal et d’Aubry, celui des petites phrases cassantes sur les uns et sur les autres. Certains lui reprochent de « ne pas participer pas à cette escalade. (…) Ne pas participer pas à ces dénigrements, à cette dévaluation. »… Deux conceptions de la politique.
Deux conceptions de la politique toujours sur cette histoire de gauche dure, avec pour moi, avec François Hollande, la meilleure phrase de l’ensemble de ces primaires socialistes : « Je n'ai pas envie d'une gauche dure. On sort de cinq ans d'une présidence brutale. Nous serions, nous, une candidature sectaire? Je ne le veux pas. Je pense que ce pays a besoin d’être apaisé ».
Il a complètement raison. Cette phrase l’a grandit.
Alors sans doute perdra-t-il bien des voix auprès des sectaires tenant de la « vraie gauche », celle qui fera rendre gorge à tous ceux qui ne sont pas de gauche. Les « socials traitres », ou autre conneries de ce genre. Ca sera très bien…
Je suis de ceux qui pensent qu’une élection se gagne en rassemblant au-delà de son camp. Celui qui reste arcquebouté sur son sectarisme et son camp ne dépassera jamais le nombre de voix de ses militants, de ses sympathisants. Pour gagner une élection, c’est insuffisant.
Il va de soit que je ne voterai jamais pour une personne qui me promet « une gauche dure ». Une personne qui cherche le rassemblement m’est déjà plus sympathique. Après, je ne suis pas de gauche, je ne suis pas la cible visé. Mais si, comme le fait Martine Aubry, je me sens au pire insulté, au mieux mis de coté, il va de soit que je voterai contre…
Oh, il se passera du temps avant que je n’ai envie de voter pour Hollande aux présidentielles. Il va de soit que s’il m’annonce vouloir gouverner avec les amis de Mélenchon, ou avec les verts (une interview affligeante ce matin de Cécile Duflot sur Europe 1, avec encore une série de clichés et de mensonges sur le nucléaire notamment…), il n’aura pas ma voix pour lui.
Mais entre lui ou Aubry, il n’y a évidemment pas photo pour moi : deux conceptions de la politique différentes…
Pour autant, François Hollande n’a pas encore gagné dimanche. Uniquement 2,5 millions de votant, il reste encore bien de la réserve comme le rappelle Toréador sur son blog. Et on ne sait pas ce que feront, ou ne feront pas, ces gens là.
Ensuite parce que Martine Aubry a déjà prouvé qu’elle était capable de gagner des élections internes sans forcément faire plus de voix que son adversaire… Et bon, on ne sait jamais…
(notre amie Shaya aura reconnu une photo du Lac d'Annecy, un souvenir de 2009... Pourquoi cette photo sur ce billet ? Pourquoi pas...)