A l’occasion de son centenaire, les Éditions Gallimard publie un magnifique ouvrage intitulé : Portraits pour un siècle. Ce livre est une galerie des cent plus grands écrivains du siècle écoulé. En regard du portrait photographique en pleine page de chaque auteur, tiré du fonds Roger-Viollet, vous découvrirez son portrait en toutes lettres, réalisé avec des extraits d’œuvres, des pages de correspondance ou de journal, etc.
Parmi les photographes, on citera : Albert Harlingue, Pierre Jahan, Georges Kelaidites, Boris Lipnitzki, Henri Martinie, Bruno de Monès, Jean Mounicq, Jack Nisberg, Jean-Régis Roustan, André Zucca… dont les noms accompagnent l’histoire de la photographie.
Vous vous souvenez sans doute de la vigueur avec laquelle Baudelaire, à l’occasion du Salon de 1859, avait condamné la photographie en tant qu’aboutissement industriel du mauvais goût réaliste de la foule. » Un dieu vengeur a exaucé les vœux de cette multitude. Daguerre fut son Messie « .
Les écrivains n’ont pas manqué de s’intéresser à cet art flatteur mais aussi dangereux et compromettant. On n’en finirait pas d’évoquer les rapports passionnés entre l’écrit et la photographie. Donc, pendant que certains écrivaient les livres ou même les éditaient, d’autres rassemblaient des photos d’écrivains. La rencontre entre une agence photographique et une maison d’édition donne ainsi naissance à une sorte de jeu mathématique.
Cent ans, cent photographies, le choix est arbitraire mais l’échantillon nous permet d’errer à notre guise dans la forêt du Spectacle. Certains sont vivants, d’autres morts. Tous nous parlent. Force est donc de nous intéresser aux détails. Nous les scrutons avec toute l’attention d’un Sherlock Holmes et nous pourrions peut-être en tirer des vies imaginaires : la veste à chevrons de Faulkner, les perles d’Arendt, les cheveux en bandeau de Beauvoir, les guenilles de Céline, le gracieux col blanc de Yourcenar, le regard perçant de Char, la machine à écrire de Duras qui est peut-être aussi celle de Pirandello, le téléphone préhistorique de Paulhan, les mitaines de Tanizaki, les bagues de Joyce, la patte du vieux sphinx Borges posée sur sa canne, Apollinaire, couché bien au chaud, les yeux vagues, livres et papiers à portée de la main. On ne sait s’il va s’endormir ou s’il s’apprête à écrire un poème. Et pourtant, n’est-ce pas l’une des images qui en dit le plus sur l’écriture de l’homme ?
Portraits pour un siècle. Cent écrivains
Par Brigitte Besse
Editions Gallimard
ISBN : 978-2-07-013194-5
EAN : 9782070131945
220 pages
35 euros
Disponible sur Amazon : Portraits pour un siècle. Cent écrivains
Le livre du week-end : Portraits pour un siècle. Cent écrivains est un article de: Photographie - Pixfan.com