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Coût/avantage de la BITD française

Publié le 13 octobre 2011 par Egea

A l'heure où se discute la loi de finance et donc le budget d'équipement de défense, il paraît nécessaire de réfléchir au rôle de l’industrie de défense, notamment dans sa dimension exportatrice. Les quelques éléments qui suivent ne sont là que pour ouvrir le débat.

Coût/avantage de la BITD française
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Autrefois (années 1960), on avait constitué une industrie de défense pour garantir l’indépendance, et répondre au besoin de défense (intérieur) et permettre l’action internationale (extérieur). Les exports apportaient un effet taille favorable à la BITD.

Aujourd’hui, il y a une sorte d’inversion de la chaîne : le budget de défense contribue à des besoins intérieurs (besoin de défense, certes, mais aussi politique industrielle) et extérieurs (balance commerciale et influence) mais avec des risques : la civilation de la BTID (elle n’est plus que très partiellement « de défense »), la pratique des offsets qui donne les germes de futures concurrences, la surqualification des matériels au motif d’une haute technologie qui serait notre avantage comparatif résiduel, autant d’évolutions qui pervertissent le processus.

Dès lors, il faut s’interroger sur cette pratique :

  • quel besoin d’équipement de défense (plus qu’une course aux armements, on est dans une course à la technologie, exemple de la DAMB) ?
  • quel besoin d’export, si l’export rapporte moins et dissémine de la concurrence future ?

Mais il est vrai que l’export possède des utilités opérationnelles et d’influence :

  • au plan stratégique : comme on sait ce qu'on a mis comme technologie, on est capable de contre-mesures adaptées. Toutefois, cela signifierait qu'on pourrait affronter des armes mises en œuvre par des pays devenus amis (en effet le contrôle des armements interdit toute exportation vers un ennemi potentiel). A noter que cette réflexion est probablement à la base de la constitution d'un système national : il s'agit en effet de mettre en œuvre une indépendance vis-à-vis de matériels qui nous seraient vendus. Regardez le nombre de remarques faites sur la maîtrise par les Américains du GPS ou du système Windows.....
  • au plan militaire : les armements vendus à l'extérieur donneraient le bénéfice de capacités interopérables voire identiques sur des théâtres de déploiement potentiels (qu'on pense à certains pays de la péninsule arabe, voire du sous continent indien).
  • au plan politique : la cession d'un matériel soutient un soft power et une acculturation non seulement technique, mais d'influence (francophilie), qui constituent autant de relais à la politique internationale de la France

Ainsi, les bénéfices de l’export sont indirects, mais les coûts de l’export sont eux aussi indirects. La balance stratégique est donc difficile à établir.

O. Kempf


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