Certes je n’avais ni le son ni l’image, mais c’est préférable, parce que,
plus je les vois, moins j’ai envie de les voir. François Hollande avec son air
sinistre de « futur président de la république qui s’entraine à assumer sa
fonction avec le sérieux et la hauteur qui convient » commence à
m’exaspérer sérieusement. Il faudra lui expliquer qu’il devrait attendre un peu
que la chose soit faite pour nous faire subir sa solennelle gravité
présidentielle. C’est d’autant plus dommage que dans la vie, il semble qu’il
soit plutôt marrant.
Quand à Martine Aubry, c’est un autre style, plus agressif, plus
institutrice, mais tout aussi déplaisant. Son caractère fort est marqué sur sa
figure et dans son ton cassant, et il ne laisse pas présager une extraordinaire
ouverture d’esprit.
Si on revient sur le fond, que dire sur ce débat.
Si on excepte les premières questions polémiques des journalistes visant
clairement à, d’entrée, envenimer le débat, ce fut ensuite un échange sérieux.
Contrairement à ce que l’on aurait pu craindre, nous n’avons pas eu sur
beaucoup de sujets, de consensus de façade mais une vraie confrontation
d’idées. Marquer ses désaccords lorsqu’il y en a (pas question évidemment d’en
inventer) est la marque d’un véritable débat.
Les désaccords ont commencé avec la règle d’or, puis ce fut le
désendettement, la croissance, le fameux contrat de génération de Hollande et
même sur la fiscalité, sujet sur lequel il y a pourtant le plus de
convergences.
Tant mieux pour le débat, rien n’aurait été pire qu’une fausse confrontation
destinée à montrer que la famille socialiste parle d’une même voix.
Pour autant, pas de quoi s’emballer et il m'étonnerait qu'il y ait beaucoup
de monde à avoir subi suivi le truc jusqu'au bout !
Tout d’abord, nous n’avons rien appris de vraiment nouveau.
Mais surtout, même si le débat fut sérieux, il ne fut pas pour autant
profond.
Nous avons évidemment eu droit aux traditionnelles socialisteries comme
lorsque sur la question d’une cure de minceur de l’Etat, ils nous répondent
qu’ils vont simplement transvaser des fonctions assumées par l’Etat vers les
collectivité locales, la quasi interdiction des licenciements qualifiés de
boursiers, ou encore les habituelles grosses illusions comme la retraite à 60
ans avec un tas d’exonération pour bénéficier avant l’heure de sa retraite à
taux plein, le tout financé par « …les rentrées fiscales que nous
avons prévues, notamment le fait que les stock-options et les bonus paient les
mêmes cotisations que les salaires » (sic Martine Aubry).
Sur le reste, soit ils sont restés dans les généralités et les grands
principes (exemple : une fiscalité redistributive et qui fait payer les
riches ou le protectionnisme) soit ils se sont avancés dans des propositions un
peu plus précises (exemple : contrat génération) et alors ils se sont fait
aussitôt taclé par leur rival.
A ce propos, je devrais quand même préciser que le tacle allait surtout dans
le sens Martine vers François !....Outre sur le calendrier du retour à
l’équilibre budgétaire, Martine à sévèrement contesté les propos de François
sur le financement du contrat génération par des exonérations de charges, sur
les créations de postes dans l’enseignement ou encore sur la règle d’or et le
cumul des mandats pour lesquels François s’est fait presqu’ouvertement fait
accuser d'être une girouette...molle.
A contrario, on peut mettre un très bel uppercut à l’actif de François
lorsqu’à propos des allégements de charges dont bénéficient les entreprises, il
assène: « Alors ça coûte effectivement 8 milliards d'euros (son
contrat de génération) mais aujourd'hui il y a 25 milliards d'euros sans aucune
contrepartie, d'allègements de charges. C'était lié au passage aux 35
heures et c'était lié au soutien des mesures Juppé Fillon à l'emploi
non qualifié. ».
En résumé, l’impression que j’en retire, est que, sur les objectifs à
atteindre ils sont à peu près d’accord mais pas sur les moyens, sauf lorsqu’ils
s’en tiennent, l’un et l’autre, au niveau du vœu pieu !
Dans la catégorie vœux pieux nous avons eu la question de la croissance,
prolongement logique de la question du désendettement, à propos de laquelle
tout ce qu’ils nous ont trouvé à dire l’un et l’autre c’est qu’il fallait
favoriser l’investissement des PME et bien évidemment le pouvoir d’achat. C’est
comme qui dirait, un peu léger !
Ce que fait apparaitre assez clairement ce débat, c’est, d’une part que face
à Sarkozy ces 2 là ne font pas le poids et plus généralement que les
Socialistes ne sont pas prêts à en offrir une alternative crédible !... certes,
on s’en doutait un peu à partir du moment où le projet officiel était déjà
obsolète avant même d’être publié, mais voir les 2 principaux postulants du PS,
critiquer, à juste titre, leurs propositions respectives, montre bien qu’il y a
encore du boulot avant que leur candidat, une fois désigné, soit équipé d’un
projet solide et cohérent, qui ait une chance d’être mis en œuvre par une
assemblée socialiste.
En regardant ces deux cadors du PS, aucune raison de s’enthousiasmer et d’en
ressortir en se disant « Ah le beau président que nous aurons là !
».
On en ressort plutôt en se disant : difficile d’être séduit ou d’être
convaincu par l’un ou par l’autre …..Alors je pose la question, que reste t-il
aux socialistes, à part le vote « faute de mieux » de l’anti
Sarkozisme ?