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The artist

Publié le 13 octobre 2011 par Acrossthedays @AcrossTheDays

THE ARTIST

La salle de cinéma a les yeux rivés vers un homme d’une imposante stature. Sourire charmeur, cheveux laqués renversés en arrière et fine moustache sur costume trois pièces, Georges Valentin (Jean Dujardin) est une célébrité dans le monde du cinéma muet. Nous sommes en 1927 et l’acteur fétiche du tout Hollywood réussit une fois de plus à voler au secours de sa promise, affrontant avec panache de méchants allemands.

Ses lèvres bougent mais rien n’en sort, comme si son visage puis son corps suffisaient amplement à raconter une histoire, celle de ses films. Mais avec ses grimaces qu’il surjoue pour compenser le manque de la parole, Georges Valentin reste muet face à l’avenir du cinéma. Au détour d’une de ses productions, il croise une jeune actrice, Peppy Miller, qui va voir son nom monter une à une les marches de la célébrité. La carrière de Georges va alors connaître le parfait contraire : trop orgueilleux, il refuse de prendre le train de l’avenir du 7ème art, se cantonnant à jouer des rôles sans voix ni son.

Et c’est dans cette position que se retrouve le réalisateur de « The Artist », Michel Hazanavicius. Alors que l’industrie cinématographique s’est tournée avec fracas vers les revenus alléchants de la 3D, le réalisateur français des deux OSS 117 a décidé de revenir à la genèse du cinéma. Mais qui dit film muet en 2011 ne dit pas forcément « exercice de style barbant dont seuls les cinéphiles les plus aguerris comprendront le sens et les références ». Non.

Car Michel Hazanavicius a décidé de s’inspirer des vieux films du début du 20ème siècle, pas seulement pour rendre un énième hommage trop appuyé au 7ème art, mais pour raconter une histoire universelle. Celle d’un couple d’acteurs à la frontière d’une histoire, entre le cinéma muet et le cinéma parlant. Bien sûr, certains reconnaîtront des références à « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly ou encore à « L’heure suprême » de Frank Borzage.

Comment alors faire le lien entre le cinéma muet que notre génération ne connaît pas et ce film qui casse les règles de l’industrie cinématographique ? En sachant raconter un mélo-drame avec la magie du noir et blanc et du non dit, habillement retranscrit par une mise en scène fourmillant d’idées originales. Le tout, emballé par une bande-originale en symbiose avec les émotions traversant le film, entre bonheurs et déceptions jusqu’aux crédits, sur une musique signée Bernard Herrmann.

Jean Dujardin, fort de son prix d’interprétation à Cannes, réussit lui à donner une matière tangible à ce cinéma muet qui réapparaît subitement en 2011. A la fois comique et dramatique, sans être dans l’excès (ce qui aurait pu être l’un des écueils de ce film), il revisite dans« The Artist » l’absurde avec brio, tout en sachant rester populaire et accessible.

Le film aurait paru paresseux sil s’était limité à une retranscription zélée des productions dont il s’inspire. Il n’en est rien, Michel Hazanavicius offrant même au spectateur des scènes d’anthologies, entre performance de claquettes et bêtisier du cinéma. Une chose est sûre lorsque l’on sort de la projection : le seul vecteur des images suffit à émouvoir.

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