Groupe fétiche de la scène alternative montréalaise, Duchess Says est de retour cette semaine sur disque avec In a Fung DAY T!, publié chez Alien8Records. Curiosité-évènement, cette sortie intrigue, le caractère déjanté du groupe n’y étant pas pour peu de chose. Trois ans après Anthologie des trois perchoirs, que nous proposent donc Annie-Claude Deschênes et sa bande, alors que la vague électro-punk s’est internationalement quelque peu essouflée ?
La réponse à cette question, en dix chansons, offre un spectre musical qui s’est plutôt assagi en présentant peut-être plus de maturité et une écriture plus contrôlée. Ce commentaire ne se veut pas nécessairement un reproche : le quatuor ne semble pas avoir échappé à l’influence croissante que la période 1979-1983 semble opérer sur la musique actuelle, et le style migre du “punk“ vers le “post-“. Les tempos se font souvent plus lents et les synthétiseurs, omniprésents – parfois avec bonheur (la séquence de basse de L’Ordre des secteurs ou la dernière minute épique de Time To Reiterate), parfois moins (Narcisse). Tubeway Army, Devo et Gang Of Four se révèlent ainsi comme des références évidentes ou, pour les connaisseurs, Gorilla Aktiv ou Palais Schaumburg.
Les pistes sont plus ressérées et s’offrent toutes dans un format de “chansons” traditionnel. Exit donc les éxpérimenations/jams sans structure claire qui jalonnaient le premier opus, de même que la majorité des hurlements désordonnés. Nous saluons ici cette évolution positive, bien que la palette sonore aurait pu être davantage renouvelée : les traitements sur la basse, les synthétiseurs et la voix oeuvrent en effet dans un registre efficace mais limité. Moins agressif et donc plus accessible, l’album offre son palmarès de pistes dansantes et accrocheuses, L’Ordre des secteurs trônant au sommet suivie de près par Antepoc ou la très gothique Substraction of Obedience. Une touche de glam transpire même à travers les accords martelés de Time to Reiterate de même que l’excellente Main District. La sauce se gâte hélàs un brin sur les trois “ballades” du disque : n’est pas Iggy Pop ou Nirvana qui veut, et Gainsbourg (un titre qui aurait pu être mieux employé), S.O.H… et Yellow Pillow tombent un peu à plat. L’énergie semblant toujours être le registre où Duchess Says est le plus à l’aise, l’émotion sera, elle, peut-être au rendez-vous dans trois autres années.
Duchess Says avec Le Monde Dans le Feu
Spectacle-lancement le 13 octobre au Club Soda (1225 Boul. St-Laurent), 15$