La République protège la veuve et l’orphelin
Suite au lien de l’un de mes lecteurs, je tombe sur ceci : le 24 septembre dernier, des députés ont tenté (sans succès puisque l’amendement fut retiré avant la séance) de réglementer les publicités sur l’achat de métaux précieux. C’est évidemment typique de la législorrhée carabinée dont nos édiles souffrent tous. Jusque là, rien de réellement effarouchant…
Jusqu’au moment où l’oeil est attiré par la dernière phrase de cette nouvelle tentative de rogner encore un peu sur les libertés des Français :
le développement de commerces dont les pratiques ne sont pas réglementées et permettent certains abus auprès des personnes les plus vulnérables.
Quand on lit une telle phrase, on voit tout de suite qui peut la prononcer : Zorro, bien sûr !
Oui, vous avez bien lu : nos députés et nos sénateurs s’occupent maintenant des personnes vulnérables, travaillent d’arrache-pied à rendre leur vie plus tolérable. C’est magnifique.
On tiquera cependant sur la façon que nos vigoureux suceurs de fonds publics ont choisie pour se lancer dans leur noble tâche. Ainsi, ils ont montré des velléités de légiférer sur les métaux précieux. D’autres fois, ce fut contre certains types de démarches commerciales.
Cependant, on s’étonne que ces mêmes députés n’hésitent pas à ouvrir le débat sur l’euthanasie. Zorro se débarrassant discrètement d’un Bernardo devenu trop encombrant dans ses vieux jours, ça vous a un petit parfum de retour à la réalité un peu sordide, non ? Apparemment, toutes les personnes vulnérables ne se valent pas et ne méritent pas toutes les mêmes protections… D’ailleurs, c’est très concrètement ce qu’on peut observer à l’entrée de certaines préfectures, très tôt le matin, où des femmes enceintes et des personnes âgées se retrouvent à poireauter pour obtenir des papiers.
Je vous encourage à lire le billet ici, qui décrit assez précisément la façon dont ça se passe, en vraie grandeur, pour les gens qui sont confrontés à nos « services publics » : il faut supporter
- des ouvertures de portes avec du retard alors qu’on a attendu toute la nuit dehors, ce qui marque un mépris colossal pour ceux qui ont souffert cette attente,
- la lenteur du personnel, au chaud derrière son guichet, qui se chargera de faire le minimum de travail dans un maximum de temps,
- la possibilité non nulle de se faire refouler au milieu de la matinée parce que « C’est fini, on ne prend plus personne », etc…
Et je n’évoquerai même pas les jours de non-grève, que tous, nous avons eu, un jour ou l’autre, à apprécier.
Il n’y a guère de mots assez durs pour condamner ce qui se passe, la tournure inique dont ça prend et l’incurie complète, magistrale et feutrée de toute la chaîne de branleurs pathétiques qui anime l’administration depuis le guichetier écrasé par un règlement absurde, des syndicats idiots et des habitudes minables, jusqu’à nos abrutis confits de l’Assemblée Nationale qui s’empressent pendant ce temps de pondre des textes sur la régulation des publicités pour les métaux précieux et autres foutaises intergalactiques.
Il n’y a pas non plus d’expression idoine pour exprimer le mépris chimiquement pur que provoque l’absence totale et compacte de tout relais médiatique de ces problèmes qui gangrènent la France, dans chaque préfecture, à chaque démarche, devant chaque administration, et qui continuent de détacher tous les jours un peu plus les individus privilégiés du reste de la population.
Où sont les « indignés » pour se révolter contre cette paperasserie avilissante ? Il est où, le Hessel journalo-compatible pour écrire un pamphlet tonitruant dans un média normalement vibrant d’humanisme comme Le Monde, Libé, etc… ?
Oh, il y a bien quelques articles, ici et là, qui rappellent que tel agriculteur a pété les plombs, poursuivi qu’il était par les contrôles sanitaires idiots ou je ne sais quelle administration abusivement tatillonne. Il y a bien, régulièrement, le petit entrefilet discret, caché dans les pages intérieures, relatant comment tel chef d’entreprise a accueilli à coup de chevrotine l’un de ces cancrelats puants de l’inspection du travail, des impôts ou de l’un de ces magnifiques organismes collectivistes qui auront fossoyé plus d’entreprises en 10 ans que toutes les délocalisations en 50.
Mais il est où, l’article de presse officielle qui pointe du doigt le comportement ridicule, véritable et authentique foutage de gueule en cinémascope, de ces sénateurs et députés qui osent prétendre aider les gens alors que dans le même temps, ces mêmes gens subissent les violences quotidiennes de certaines racailles ou de certaines administrations, et que pour les aider, ces élus les ensevelissent sous les chinoiseries et les tracasseries du « service public » ?
Et vous, Français, comment pouvez-vous encore vivre, vous prétendre patriote ou je ne sais quelle autre connerie en rapport, comment pouvez-vous continuer à payer vos impôts, continuer à voter pour soutenir ce système qui, au final, produit la médiocrité bureaucratique à échelle industrielle, la misère, les vexations et les humiliations paperassières ?
Comment ne pouvez-vous pas voir que ces files nocturnes, devant ces préfectures hautaines, à attendre du papier, ne sont que les précurseurs d’autres files, à attendre du pain ?
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