Etre, Aimer, Etre vue ...

Publié le 13 octobre 2011 par Gentlemanw

Elle croise chaque matin la concierge, une dame entre deux âges, ni jeune, ni senior, une complice avec un petit "coucou" de la main chaque fois qu'elle passe sous le porche. Elle habite au sixième étage, sans ascenseur, un petit studio merveilleux, avec un coin terrasse, elle a installé quelques plantes, le soleil et la pluie font le reste. Il est dix heures, elle part, plus exactement elle va chercher une baguette fraîche, quelques légumes et jeter un oeil sur les petites boutiques mode et vintage de la rue des Martyrs. Elle aime ce lieu entre village et habitudes calme et la butte Montmartre et sa foule touristique, montagne grouillante de Paris. 

Elle ira ensuite soit lire, soit photographier et prendre quelques cours avec des amies, voire même certains jours , elle servira de modèle. Elle flâne avec des bulles pétillantes depuis quelques semaines, déjà plusieurs mois en elle, ce parfum d'amour, d'un nouvel élan de son coeur. Après une vie en province, des études de coiffeuse, un mariage rapide et raté, un divorce long et pesant, elle a changé pour la Capitale, un coin tranquille sans les ragots de son entourage, de cette ville trop petite où tout le monde commentait sa vie sans savoir.

Elle est heureuse, surtout depuis la rencontre avec lui, elle vit chaque moment avec la saveur d'une première fois, il n'avait pas prévu cela, pas du tout, pas plus qu'elle. Un simple vernissage, une copine lui avait suggéré, lui avait eu l'info par un blog. Une rencontre, des sourires, une complicité qui aurait pu devenir un début d'amitié, mais finalement ils se sont revus, pour un déjeûner, d'autres sourires, rien de plus, et puis elle lui avait dit un peu plus sur elle, quelques secrets sans trop en dire, un moyen de s'ouvrir sans rien avouer, l'amour se faufilait, du moins des battements plus forts, de son coeur endormi depuis si longtemps. Il avait rien dit, juste posé sa main sur son épaule, comme un complice, un peu ailleurs.

Et au gré d'une autre exposition, d'une balade dans un jardin, un après-midi, hors du temps, il, elle, ils avaient tout laché, un simple baiser, puis d'autres plus fougueux. Soleil et feuilles vertes, un bonheur soudain, sans réflexion, sans but, sans début ni fin. D'ailleurs depuis ils étaient sereins, ne cherchant pas à comprendre, mais si parfois il y avait des "pourquoi moi ?" "pourquoi nous?". Il était marié, pas tout à fait heureux, pas sur le départ non plus, mais soudainement heureux avec elle, comme une première fois. Ils avaient parlé de cela et fait l'amour sans parler.

Depuis ils vivaient de croisements intenses, de vérités simples, de bonheurs soyeux, de leur passion commune pour la lingerie, de leurs fantasmes communs, de ce charnel nylonné, pour son corps qu'elle cachait sous des pulls, sous des robes un peu informes, ou dans un jean camouflage d'une génération de femme sans féminité avouée. 

Mais pour elle, c'était plus que cela, c'était son existence, sa vie, son métier. Elle ne lui avait rien dit, il n'avait rien demandé, ils discutaient de photographies, de jardins enchantés, de forêts, de voyages, de cuisine et surtout de gourmandises, à deux dans un lit, enlacés et avec devant eux deux gâteaux au chocolat, une petite cuillère. Musées et livres étaient leur menu, mais elle ne lui avait dit ce qu'elle faisait, si quelques photos. Lui voyait ces courbes, il les cajolait, c'était un esthète, d'ailleurs c'est pour cela peut-être qu'il avait vu à travers ses différentes couches de vêtements sans formes, sa beauté naturelle. Une vision extra-lucide, à travers des non-transparences.

Son métier, elle l'aimait aussi car il était son indépendance et son art secret, elle se préparait cahque soir, pour lui. Elle se maquillait, des ongles brillants, des yeux de femme fatale, des lèvres au gloss lumineux. Elle enfilait sa tenue, moulante,parfois un strict minimum, un collant, parfois des bas couture, suivant son show, elle alternait le statut de gogo-danseuse avec celui de Burlesque performeuse. Elle aimait bouger et danser, cacher et montrer, elle en vivait, elle savourait cette liberté toute à elle, uniquement pour elle... et les mille yeux de chaque soir sur elle.

Demain il passerait, ils se croiseraient, elle aimait ses surprises, ses SMS, ses messages, sa vie sans trop de réflexions, mais un présent si soyeux, si doux, si féminins, juste pour lui, juste pour elle, juste entre eux deux.

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NYLONEMENT d'OCTOBRE ROSE