Le 28 septembre dernier est sorti le dernier bébé de la Team Meat, The Binding Of Isaac. Le titre du jeu fait référence à la bible et au sacrifice d’Isaac par Abraham ; c’est en effet un bon résumé de l’histoire totalement barrée de ce jeu. Isaac, charmant bambin de 2 ans, essaie en effet de fuir Mom, sa méchante mère, qui a décidé qu’elle devait tuer son fils après avoir trop regardé de télévangélistes.
La Team Meat, c’est le studio à l’origine de Super Meat Boy, un jeu indé qui a fait sensation l’an dernier en remettant au goût du jour le jeu de plateforme, avec un gameplay très précis et exigeant, des niveaux totalement sadiques, et une flopée de joueurs ayant détruits manettes et claviers de rage. Là encore l’univers était un peu foufou, notre personnage étant un steak cherchant à délivrer sa chérie Super Meat Girl de l’abominable Docteur Foetus… Est-il utile de préciser que notre héros finissait généralement en viande hachée ?
Pour TBOI, Team Meat a réussi à faire bien pire niveau glauque… Imaginez un monde où Patrick Bateman, Freud et Marc Dutrouc vivent en collocation, et élèvent dans la bonne humeur le petit Shigeru Myamoto. Vous y êtes ? Et bien dans ce monde, Zelda ressemblerait à TBOI.
Le jeu se décompose en étages, Isaac explorant les bas fonds de sa maison dans sa fuite effrénée. Chaque étage est composé de plusieurs pièces, dont on ignore le contenu avant d’y pénétrer, et dont on ne peut sortir sans avoir éliminé tout le monde. Notre petit Isaac pleure toutes les larmes de son corps ; ce sera donc son arme principale, et on peut donc presque qualifier ce jeu de shooter (t’sais, comme R-Type). Il peut également poser des bombes (hommage à Bomberman) quand il en a, et utiliser des objets particuliers. J’y reviendrais. En mourant, vos ennemis vous laisseront parfois une petite récompense : vie, tune, bombe, clé, ou objet. Et à la fin de chaque étage, vous devrez affronter un boss.
Dernier point à préciser : pas de sauvegarde. Plus vous jouez, plus vous débloquez d’objets barrés et de secrets tordants. Mais à chaque mort, vous redémarrez quand même au début du dongeon, à poil. On doit pouvoir finir le jeu en 1/2h, mais j’en suis à 12h de jeu et 43 morts, et je n’ai pas encore réussi à buter ma mère.
Je pleure sur du caca ! #nowplaying George Michael
Voilà, j’ai bien décris les mécaniques de jeu, attardons maintenant un peu sur l’univers haut en couleurs de ce jeu. Commençons par le bestiaire : notre charmant bambin va devoir tuer des têtes volantes dont les yeux saignent du sang, des bustes décapités qui èrent en crachant du sang par la jugulaire, des mouches à merde de différents formats, des têtes moisies qui crachent les mouches à merde précédemment citées, des vers, des vagins dont les menstruations abondantes forment un rayon mortel, et j’en oublie d’autres tout aussi sympathiques. Pour être très clair, on a même un boss qui s’appelle Fistula. Et oué. Tout ce beau monde a un comportement bien particulier et généralement reloud, et c’est à ce niveau qu’on rejoint un peu le principe des shooters d’antant : il faut bien apprendre le pattern des ennemis, le moment où ils tirent et la façon dont ils le font pour esquiver.
Autre atout pour survivre : les items. On va le faire progressivement ; tout d’abord il y a les cartes de tarots, qui te donnent un bonus temporaire. C’est pas le plus drôle mais c’est souvent utile. Ensuite, les pilules magiques. Là, on a un effet aléatoire et permanent ; on peut avoir un boost sympathique, mais aussi un malus. Il y a même la chiasse de bombes qui rappellera de bons souvenirs à tout fan de Bomberman. Ma petite préférence va au Bad Trip, qui t’enlève un cœur en temps normal, mais qui te soigne complètement si tu n’avais plus qu’un cœur.
Le gros morceau reste les vrais items, actifs ou passifs, qui vont modifier ton personnage et lui donner de nouveaux pouvoirs. Quelques exemples :- le cintre qu’Isaac s’enfonce dans le crâne pour tirer plus vite
- la corne de licorne qui te rend invincible quelques secondes, avec une musique ridicule et un clignotement arc en ciel
- la couronne du martyr, qui te donne des larmes de sang bien plus efficaces
- ton petit frère ou ta petite sœur, fœtus volant à tes côtés et tirant également des projectiles
- la serviette hygiénique de maman pour éloigner les ennemis
Ce qui est assez génial, c’est qu’il y a une cinquantaine d’objets, et que la plupart de ces objets ont un effet cosmétique sur notre héros, ce qui donne au bout de 20 minutes de jeu un mix toujours assez improbable, aussi bien visuellement qu’au niveau du gameplay.
Peut être qu’à ce stade de la lecture, certains d’entre vous se demandent si c’est pas un peu too-much dans le #WTF. Je les invite à tester l’un des premiers jeux d’Edmund McMillien, Cunt, où vous êtes une bite qui tire sur un vagin, ce dernier se défendant à grand coup d’herpès et autres mycoses. Donc le Edmund c’est le boss de la Team Meat. Ils auraient pu faire plus trash.
L’équilibre parfait
En achetant ce petit jeu 5 euros, je pensais juste rigoler bêtement devant l’humour gras de la Team Meat, une ou deux heures, et basta. “Un jeu old school bien hardcore sans sauvegarde, c’est pas pour moi” me disais-je naïvement. Seulement voilà, l’équilibre est parfait : c’est dur, mais tu sens que tu progresses. Tu vas pester pendant 5 minutes parce que tu as utilisé ta dernière bombe pour atteindre un coffre avec un bonus tout moisi, mais hop, tu finis par tomber sur le power-up qui te donnes espoir d’atteindre le niveau inférieur… Plus tu joues et plus tu débloques de possibilités, et plus tu as envie de jouer. C’est frustrant, tu as des choix cornéliens sur la manière d’explorer, comment dépenser ton pognon / tes items, tu meurs comme un con au mauvais moment. Et tu y retournes. Parce que c’est trop bon.
Depuis quelques jours la démo est disponible en Flash, donc testez-le !. C’est tout pareil, le jeu est codé Flash, oué, ça pue (clavier ou joytokey), mais au final ça fait le taf et ça marche sur PC et OSX, donc on va pas se plaindre. Très bonne surprise que ce petit jeu.