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Max | Bribes

Publié le 13 octobre 2011 par Aragon

103975e-image-de-Nocturne-indien-4159.jpgDes bribes. De fines bribes légères, presque diaphanes, s'accrochent en guirlandes en mes parois intimes... J’ai vu tant de choses, que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion,  j’ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l’ombre de la Porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l’oubli, comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir.... 25 décembre. Le jour de Noël de 1560, nous atteignîmes le dernier col des Andes. À nos pieds, pour la première fois, nous pouvions voir la jungle. Le matin, je dis la messe, puis nous descendîmes à travers les nuages…  J'avais une ferme en Afrique, au pied de la montagne du Ngong… Mais quelqu’un est venu qui m’a enlevé à tous ces plaisirs d’enfant paisible. Quelqu’un a soufflé la bougie qui éclairait pour moi le doux visage maternel penché sur le repas du soir. Quelqu’un a éteint la lampe autour de laquelle nous étions une famille heureuse, à la nuit, lorsque mon père avait accroché les volets de bois aux portes vitrées. Et celui-là, ce fut Augustin Meaulnes, que les autres élèves appelèrent bientôt le grand Meaulnes…  F : Tu ne sais rien  du rouge qui tue, de la robe salie, tu ne sais rien de la vie. H : Je sais le rouge parce que mon enfant a été... ... Comme je descendais des Fleuves impassibles, je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs… Que savez-vous faire ? demanda le directeur. J'ai appris des rudiments..., dit Colin. Je veux dire, dit le directeur, à quoi passez-vous votre temps ? Le plus clair de mon temps, dit Colin, je le passe à l'obscurcir. Pourquoi ?  demanda plus bas le directeur. Parce que la lumière me gêne, dit Colin. Ah ! ... Hum ! ... marmonna le directeur. Vous savez pour quel emploi on demande quelqu'un, ici ? Non, dit Colin. Moi non plus..., dit le directeur. Il faut que je demande à mon sous-directeur. Mais vous ne paraissez pas pouvoir remplir l'emploi... "II n'y a pas de plus profonde solitude que celle du samouraï ; si ce n'est celle d'un tigre dans la jungle... peut-être..." ...Tout est affaire de décor, changer de lit changer de corps,  à quoi bon puisque c'est encore moi qui moi-même me trahis, moi qui me traîne et m'éparpille, et mon ombre se déshabille dans les bras semblables des filles où j'ai cru trouver un pays… Frères humains, qui après nous vivez, n'ayez les cœurs contre nous endurcis, car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis… Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : "Je m'endors." ...Tant d'autres encore. Des notes de musique aussi. Sombres ou colorées. De la couleur oui... Des couleurs et des gestes. Mains et visages. Comme autant de gouttes de pluie sur une vitre claire. De fines gouttes de bribes  de tout cela, des mots - surtout - éclairent les parois de mon puits. Elles ont creusé de fins sillons pendant toutes ces années. C'est si fin. "Fin" est le mot.  Dans son sens ténu, pas dans son sens ultime. C'est si doux, si brûlant aussi... Si douloureux, parfois, quand je les regarde de plus près. De fines bribes irrémédiables me collent à la peau. Je m'en habille depuis toujours. C'est un vêtement que je laisserai un jour. Au dernier jour. Si on me le demandait un jour. De quoi avez-vous été fait ? Pour grande partie, de bribes, de fines bribes... Le reste est eau et sang.



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